Vin de Saint Pourçain : une récolte annoncée comme la plus faible depuis vingt ans
Gel et grêle auront eu raison de bons nombres de parcelles du vignoble de Saint-Pourçain. À cela s’ajoutent les contrôles et les contraintes administratives qui rendent compliqué le travail, au quotidien, des viticulteurs bourbonnais.
Les membres du syndicat des viticulteurs de Saint-Pourçain se sont réunis à la salle Bernard-Coulon, à Saint-Pourçain-sur-Sioule, pour un point de situation sur une année bien compliquée. Tout d’abord avec les épisodes successifs de gel au cours des mois de mars et d’avril avec des températures négatives importantes qui ont atteint leur apothéose le 8 avril avec - 6 degrés. Une météo qui n’a pas laissé de répit aux producteurs avec, autour du 25 juin dernier, des épisodes de grêle. Sans oublier les ravages du mildiou qui a été, certes plus destructeur encore dans d’autres vignobles français. La production bourbonnaise a vu surtout s’installer la pourriture suite à de fortes précipitations pendant l’été. Un espoir réside tout de même avec de meilleures conditions météorologiques d’ici la récolte. « Au final, ce dont nous sommes certains, c’est que nous allons vers l’une des plus petites récoltes de ces vingt dernières années et certainement beaucoup plus basse que celle de 2003 » insiste Jean-Michel Ferrier, le président du syndicat des viticulteurs de Saint-Pourçain, tout en ajoutant que « dans notre malheur, le fait que l’ensemble des vignobles français soient soumis aux mêmes problèmes, nous avons été entendu et écouté. Toute la classe politique et l’administration départementale ont réagi immédiatement pour, d’une part apporter un réconfort et, d’autre part, déclencher des mécanismes en vue d’indemnisations ». Une reconnaissance qui est un début pour prétendre aux aides avec, pour la première fois, des aides directes octroyées aux viticulteurs.
Des stocks invendus, des marchés perdus
Le comité départemental d’expertise du 24 septembre, qui fera suite à la commission d’enquête, devrait permettre d’apprécier le pourcentage de perte et déclencher ainsi des procédures d’indemnisations, de prises en charge MSA et remboursements de la taxe foncière non bâtie. Un bémol cependant pour le président Ferrier : « Cependant, je tiens à souligner qu’en même temps que nous traversions la crise de la Covid-19, d’autres productions ont profité du système d’aides de baisse d’activité pour manger dans notre râtelier… n’oublions pas que nos stocks de vins, eux, sont restés invendus avec des marchés perdus. Bref, l’administration ne s’est pas aperçu de ce petit détail et de ce dysfonctionnement ».
Le harcèlement des contrôles administratifs
Les contrôles administratifs sur les exploitations, eux, ont vu leurs fréquences augmenter comme le précise Jean-Michel Ferrier : « Nous avons pris le temps d’expliquer à Monsieur le Préfet, venu découvrir le vignoble, que nous ne sommes pas contre les règles et lois. Comme pour le code de la route, elles s’appliquent à tous. Il y a cependant un acharnement intolérable et nous ne sommes ni des voyous, ni des irresponsables. C’est ce côté administratif et procédurier qui mine l’agriculture, notamment son volet viticole, qui, je tiens à le rappeler, est le plus contrôlé ».
Les ZNT à 10 mètres…
Autre point de friction abordé lors de cette assemblée, est le retour des ZNT à 10 mètres : « Le Conseil d’Etat connait-il, tous simplement, l’application des produits phytopharmaceutiques ? La réglementation se durcit et nous constatons des aberrations entre les différentes productions » explique le président.
Un nouveau cahier des charges
L’année 2021 voit également l’arrivée d’un nouveau cahier des charges en lien avec l’Inao. Une avancée soulignée par Jean-Michel Ferrier : « La procédure nationale d’opposition n’a fait l’objet d’aucun commentaire, d’aucune question, ce qui, normalement, devrait permettre la signature de fameux cahiers des charges par les différents ministères concernés ». Il sera accompagné par une évolution des vins blancs avec l’assemblage à 60% du trésaillé, répondant ainsi à la demande des viticulteurs. « Aujourd’hui les choses sont différentes. N’oublions pas que les blancs sont des vins d’assemblages voulus par la profession et validés par l’Inao. Le trésaillé n’a jamais été évincé de l’appellation. Le cahier des charges est un bien commun. Il doit être respecté et appliqué par tout le monde » insiste Jean-Michel Ferrier. Ce dernier indiquant cependant qu’il était toujours en attente de la réponse du Ministère de l’agriculture quant à la dérogation de l’application des mesures transitoires. L’échéance étant l’année 2025.
Et pourquoi par un IGP Bourbonnais. Son cahier des charges IGP reste à écrire…
« Des vignes, des hommes et du vin »
Une année qui s’accompagne d’une prolongation du « plan vin » permettant d’investir sur les exploitations pour produire mieux. Jean-Michel Ferrier clôturant l’assemblée par l’annonce de la sortie prochaine d’un livre écrit par le journaliste bourbonnais Jean-Yves Vif qui mettra en lumière « des vignes, des hommes et du vin ».
Sébastien Joly