[Video] Produits locaux et grande distribution, une équation possible
La distribution à l'heure du local utopie ou réalité ? Tel était le thème de la dernière webconférence organisée par l'Agence de l'Alimentation Nouvelle-Aquitaine dans le cadre des Rencontres de l'Alimentation.
Depuis plusieurs années les produits locaux ont les faveurs du consommateur. Une tendance qui s'est accrue durant les confinements de l'année 2020. Dans le même temps, de nombreux consommateurs ont un budget contraint et les producteurs peinent à être rémunérés malgré la loi EGAlim. Pour sa dernière conférence en ligne, l'AANA a réuni la production, la fabrication et la distribution autour d'Erick Orsenna. Avec pour question centrale : 70 % des achats alimentaires des Français se faisant en grande distribution, comment favoriser la présence des produits locaux ? D'emblée, Laurent Dulau, président de l'Association régionale des industries alimentaires (ARIA) de Nouvelle-Aquitaine pose plusieurs constats partagés par tous. S'il est impératif de mieux rémunérer les producteurs, la recherche de prix toujours plus bas est une réalité. Pourtant « des études montrent que le public est capable de payer 10 à 15 % de plus pour un produit tracé et de qualité, il faut donc changer de paradigme », souligne le directeur de l'ARIA. Pour Yannick Ferronnato, sociétaire paysan à Biocoop, « il faut faire comprendre au consommateur que le produit ce n'est pas qu'un prix. L'agriculture de demain n'existera que si le producteur est rémunéré correctement ». L'ensemble des participants au débat s'accordent sur ce point et sur l'absence de résultats probants de la loi EGAlim 1 « le retour de valeur au producteur promis dans la loi n'est pas au rendez-vous », souligne Philippe Goetzman, consultant en consommation. Pour lui, il est aussi nécessaire de sortir de la caricature pour aller plus loin. « On accuse les centrales d'achat de concentration excessive. Même s'il y a des choses à améliorer, la réalité est plus complexe. L'alimentation des Français représente 200 milliards d'euros dont 130 environ passent dans les GMS. La France est le pays d'Europe ou le poids des grandes marques est le plus élevé mais il y a une évolution très marquée vers les marques de distributeurs et le local. Notre système très centralisé est en train de s'effriter ». Concrètement, les produits locaux ont une place grandissante dans les rayons des supermarchés. « Aujourd'hui nous avons plus de latitude, explique Bertrand Loupy, directeur d'un magasin Auchan. 4 % de nos 400 références sont locales et c'est appelé à évoluer ». Un chiffre qui monte à 14 % chez Biocoop. Pour son représentant, il faut aller plus loin dans le partenariat. Un point de vue partagé par Aubry Guillon directeur général adjoint de la marque de biscuits Les P'tits amoureux. « Nos biscuits sont exclusivement fabriqués avec du beurre AOP ; cela ne coûte pas beaucoup plus cher de faire mieux. Aujourd'hui la grande distribution a besoin des petits producteurs pour se différencier et il faut collaborer ensemble. »
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