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URCVL : la profession appelle à une action contre 4 entreprises "irresponsables"

Passée la date butoir du 31 décembre 2009, la situation n’est toujours pas réglée pour la reprise de la totalité du litrage jusque là collecté par l’URCVL. Laurent Duplomb secrétaire général de la Chambre d'Agriculture de Haute-Loire fait le point sur le dossier, et annonce la décision des producteurs de lancer une opération de déréférencement des produits issus des 4 entreprises qui se désengagent, à savoir : Bongrain, Lactalis, 3A et Danone.

Laurent Duplomb, secrétaire général de la Chambre d’Agriculture de Haute-Loire.
Laurent Duplomb, secrétaire général de la Chambre d’Agriculture de Haute-Loire.
© HLP

La profession avait mis une date butoir, le 31 décembre 2009, pour trouver une solution au dossier URCVL, cette Union Régionale de Coopératives Laitières devait cesser son activité à cette date. Qu’en est-il donc aujourd’hui ?
Laurent Duplomb, secrétaire général de la Chambre d’Agriculture de Haute-Loire : «Depuis des mois, les professionnels agricoles laitiers et notamment André Bonnard et Gérard Bazin pour la région Rhône-Alpes et les responsables de la Haute-Loire ont travaillé sur la répartition des quelques 290 millions de litres de lait jusqu’à aujourd’hui collectés par l’URCVL (129 millions sur la Haute-Loire). Nous avons aussi demandé au Ministère de se saisir du dossier pour apporter un oeil extérieur et politique pour aider à résoudre le problème, notamment sur les échanges entre les entreprises. En novembre et décembre, deux ingénieurs, MM. Dupré et Nil, ont essayé de trouver des accords en terme d’échanges de collectes, de reprises des producteurs et des volumes».

Le 14 décembre, une rencontre à l’initiative du Préfet de Région Rhône-Alpes a réuni toutes les entreprises autour de la table. Qu’en est-il ressorti ?
L.D. : «Oui cette réunion a en effet réuni toutes les entreprises. Personnellement j’ai précisé, lors de cette réunion, qu’au-delà de la problématique de la production laitière et de la transformation du lait, c’est aussi un problème social. 800 producteurs sont concernés en Haute-Loire soit un tiers de l’ensemble des producteurs, et sur des zones où bien souvent l’agriculture - et en particulier la production laitière - est la seule activité économique. Il en va donc de la survie de quelques 800 familles. Et c’est pour cela qu’il est impensable que de telles entreprises se dégagent de leurs responsabilités, et inconcevable que des agriculteurs n’aient aucune solution de repli à la fin de l’URCVL.
Je rappellerai aussi que beaucoup d’entreprises ont joué le jeu. Nous sommes allé voir toutes les laiteries qui collectent sur la zone de l’URCVL.  Dès le début, des petites laiteries ont   joué le jeu et pris leurs responsabilités et parfois faisant un effort proportionnellement plus important que de grands groupes. Après cette réunion du 14 décembre, grâce à la solidarité de ces entreprises (Guilloteau, Dominici, Sodiaal, Fromagerie du Velay, Volcans d’Auvergne, Thuaire, Laiterie Alpine, Etoile du Vercors, Laiterie Bernard, Carrier, Gerentes, Laiterie du Vivarais et St Denis de l’Hotel), 80 à 85 % des 290 millions de litres de lait collectés par l’URCVL et des producteurs semblaient pouvoir être répartis».

Revenons un peu sur les litrages à reprendre, et sur ce qui reste en suspens…
L.D. : «Nous avons dans un premier temps fait le point sur la situation de la collecte par l’URCVL. Sur les 290 millions de litres de lait collectés, 60 millions n’étaient pas sous contrats. Nous avons donc établi une clé de répartition tenant compte des contrats entre l’URCVL et les entreprises sur sa zone géographique de collecte, au prorata des litrages collectés et en incluant ces 60 millions de litres. Nous avons ensuite fait cette proposition à chaque entreprise. Nombre d’entres elles, c’est ce que j’explique précédemment, ont accepté. Le problème se pose pour 4 entreprises. Lactalis refuse en bloc de reprendre 4 millions de litres. Idem pour Bongrain avec 3,7 millions de litres. Danone accepte de reprendre 16 millions de litres sur les 23 demandés. Et 3A qui avait un contrat initial de 29 millions de litres est d’accord sur 15 millions pour 2010, refusant de reprendre 14 millions de litres de contrats 2009. Pour Danone et 3A, soulignons que leur accord porte sur les litrages mais sans reprendre les producteurs, soit une solution à court terme avec des producteurs sans contrat à fin 2010. Inutile de préciser que face au désengagement de ces entreprises, les discussions furent houleuses. Il est en effet inadmissible de voir, par exemple, qu’une entreprise comme Lactalis refuse de reprendre 4 millions de litres alors qu’elle en collecte 11 milliards en France».

Quels sont les argumentaires de ces 4 entreprises ?
L.D. : «Elles disent avoir suffisamment de lait. Mais en réalité elles veulent surtout se recentrer sur des zones de collectes plus faciles et moins coûteuses que nos zones de montagne…»

Et depuis le 14 décembre, que s’est-il passé ?
L.D. : «On a poussé le Ministère, par l’intermédiaire du Préfet de la Région Rhône-Alpes et les représentants politiques de chaque département, à faire revenir les entreprises à la table des négociations. Voilà donc les dernières nouvelles, après la réunion hier, 4 janvier, de l’URCVL. Lactalis et Bongrain restent sur leur position. Danone a fait un pas en avant en acceptant les 23 millions de litres sur 2010 voire 2011, mais sans reprise des producteurs. 3A se rapproche de SODIAAL pour essayer de trouver des arrangements de collectes. J’ajoute que le dossier est très fragile, parce que la décision finale de plusieurs entreprises est liée à ce que tout le monde joue la carte de la solidarité et prenne ses responsabilités…»

Pour débloquer la situation et faire aboutir le dossier, vous envisagez des actions ?
L.D. : «Après les négociations, les producteurs passent effectivement à des actions plus radicales. La FDSEA et les JA organisent un déréférencement de tous les produits laitiers provenant des entreprises récalcitrantes ; une action destinée à expliquer la situation aux consommateurs. Nous allons leur dire que 4 entreprises multinationales sont prêtes à laisser des producteurs au bord de la route pour des raisons de business, uniquement de business et que leur comportement irresponsable contribue à des déséquilibres sur l’ensemble du dossier ; leur refus pourrit la situation.
Nous allons sensibiliser les médias pour qu’ils reprennent ce message. Pour cela, dès samedi 9 janvier, nous organisons une opération de déréférencement des produits de Bongrain, Lactalis, Danone et 3 A, dans les rayons de la Grande Distribution, et ce jusqu’à ce que ces 4 entreprises acceptent de reprendre les volumes et les producteurs, à la hauteur de ce qui leur est demandé. Concrètement, comme l’écrit Gilbert Guignand, président de la FDSEA, dans une lettre aux producteurs de l’URCVL, nous demandons au producteurs laitiers de se rapprocher des administrateurs de l’URCVL ou de leur délégué syndical FDSEA ou JA, pour les modalités pratiques de cette action. Notons que cette manifestation commence le 9 janvier mais va se poursuivre jusqu’à un accord. Cette action se déroulera en Haute-Loire mais également dans les départements de Rhône-Alpes concernés par le dossier, et sera reprise au niveau national par la FNPL notamment. En attendant la fin des négociations, l’URCVL continue à collecter en janvier. Notre objectif aujourd’hui est de trouver une solution au plus vite, et ce pour tous les producteurs».

Initialement prévue ce samedi 9 janvier, l'action syndicale visant les 4 entreprises récalcitrantes que le dossier URCVL, est reportée ultérieurement. En effet, il semblerait, aux dernières informations, que les négociations auraient repris. À suivre…

La FDSEA passe à l’action

Dans une lettre envoyée à tous les producteurs collectés par l’URCVL, Gilbert Guignand président de la FDSEA 43 apelle les producteurs laitiers à une action de déréférencement des produits Lactalis, Bongrain, Danone et 3 A dans la Grande distribution. Nous publions ci-après ce courrier.

«L’année 2009 aura connu de multiples rebondissements et des situations plus que complexes. En effet, après la gestion du dossier Via Lacta où le maximum a été fait (maintien d’un nombre important de salariés, maintien de l’activité industrielle de l’année, maintien de la collecte par l’URCVL des 157 producteurs) voilà qu’aujourd’hui le problème se décale sur l’entreprise URCVL dans sa totalité.
Comme je l’ai déjà dit dans de multiples articles ou réunions, l’objectif pour nous est le reclassement de chaque producteur dans une entreprise, ou coopérative qui lui permettra, enfin, de pouvoir voir l’avenir avec un peu plus de sécurité. Mais malheureusement, au jour d’aujourd’hui, la situation n’est pas complètement réglée et nous avons besoin de votre mobilisation !
En effet, si sur les 129 millions de litres, nous avons la certitude de la reprise d’environ 80% à 85% du volume, le reste, soit 25 millions de litres de lait, pose problème. Des entreprises ont joué le jeu de la solidarité comme Volcans d’Auvergne, Sodiaal, Fromagerie du Velay (Via Lacta), Thuaire, Carrier, Gerentes ou encore Laiterie du Vivarais.., montrant dés le début leur attachement aux producteurs et leur envie de résoudre un problème qui touche des familles entières sur les départements de Rhône-Alpes et de la Haute-Loire.
Par contre, d’autres ne se sont pas montrées aussi conciliantes ; Lactalis, Danone, Bongrain et 3A ont joué le jeu du Poker Menteur pendant des mois, pour enfin, lors de la réunion qui devait permettre le partage équitable de tous les litrages, se montrer désobligeantes en refusant catégoriquement de prendre un litre de lait.
Quand on connait la puissance économique de ces entreprises qui collectent des milliards de litres et qui pèsent des centaines de millions d’euros, je ne peux comprendre qu’elles puissent jouer avec l’avenir de centaines de familles.
C’est pour cela que nous faisons appel à vous pour vous mobiliser à partir de SAMEDI 9 JANVIER 2010 afin de déréférencer les produits de ces quatre entreprises dans tous les départements couverts par l’URCVL.
Cette action syndicale a comme seul objectif la reprise des volumes et des producteurs par ces quatre entreprises.
Vous devez vous rapprocher de vos administrateurs URCVL et de votre délégué cantonal FDSEA afin que cette action soit efficace et payante».

Le Président de la FDSEA, Gilbert Guignand

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