URCVL : avertissement par les JA avant des actions plus dures…
Le refus de 3 entreprises laitières de reprendre des litrages de l’URCVL a déclenché la réaction des JA et de la FDSEA. Première action : le 11 janvier à Beauzac et au Puy. Les Jeunes Agriculteurs ont rencontré le responsable par intérim de l'usine de la Compagnie Fromagère de la Vallée de l'Ance à Beauzac, structure du groupe Bongrain pour demander des explications et affirmer leur point de vue. Ils ont également été reçus par les directeurs de 4 GMS au Puy en Velay, afin de leur expliquer l'opération de déréférencement envisagées en fin de semaine.
Sur les 290 millions de litres de lait collectés par l’URCVL, 90% ont trouvé preneur auprès d’une dizaine d’entreprises de Haute-Loire et de la région Rhône-Alpes. La reprise des volumes de l’URCVL semblait donc bien partie… Malheureusement, trois entreprises (Bongrain, Lactalis et 3A), refusent toujours de reprendre des litrages supplémentaires ; une attitude que les Jeunes Agriculteurs et la FDSEA de Haute-Loire ont souhaité dénoncer.
Lundi 11 janvier, les JA ont lancé une première action. Les membres du bureau accompagnés par Jean-Michel Durand, secrétaire général de la FDSEA et Didier Bonnet qui suit la FRL Rhône-Alpes pour le compte de la FDSEA, se sont rendus dans les locaux de la compagnie fromagère de la vallée de l’Ance à Beauzac, une structure du groupe Bongrain. Cette délégation ainsi que Jean Proriol, député-maire de Beauzac, ont été reçus durant près d’une heure par Philippe Sellier, le responsable par intérim de l’usine.
Entretien avec le responsable de la fromagerie de Beauzac
«Au cours de cette entrevue, nous avons témoigné de notre fort mécontentement à l’égard de l’attitude du groupe Bongrain à qui l’on demande de reprendre 3,7 millions de litres de lait, ce qui représente seulement 1% de sa collecte totale !» a expliqué Jean-Julien Deygas, président des Jeunes Agriculteurs. Ce refus de participer à ce mouvement de solidarité (auquel participent des entreprises bien moins importantes en terme de litrages) est d’autant plus mal vécu que ce même «groupe Bongrain s’est désengagé, quelques années plus tôt, de l’usine Via Lacta qui collectait 25 millions de litres de lait et perdait 1,5 million d’euros par an !» a indiqué le président des JA à Philippe Sellier.
L’avenir de la filière en question
La délégation a fait part de sa vive inquiétude concernant l’avenir de la filière laitière altiligérienne qui se trouve directement menacée par l’attitude de Bongrain, Lactalis et 3A : «aujourd’hui, la très grande majorité des entreprises ont validé le plan de reprise proposé par l’interprofession laitière, l’URCVL et le cabinet SOFRA mais, sous la condition d’un plan global avec accompagnement de tous les opérateurs !» ont pris soin de rappeler les JA à M. Sellier. La collecte des 1600 producteurs laitiers de l’URCVL (dont 800 en Haute-Loire) se trouve donc directement menacée par la réponse négative de ces 3 entreprises.
Pour répondre aux arguments de la délégation, Philippe Sellier a indiqué que «contrairement à ce qui a pu se dire ou s’écrire, le groupe Bongrain participe activement à la recherche d’une solution. Bongrain a accepté de prolonger la sous-traitance de 1 500 à 2 000 T de fromages à la Fromagerie du Velay reprise par le groupe Entremont, avec un contrat d’achat de lait à l’URCVL de l’ordre de 15 millions de litres par an. D’autre part, le Groupe contribue de façon significative à la gestion des excédents laitiers de la région ; dans la région Rhône-Alpes et en Haute Loire, le groupe collecte 210 millions de litres par an, dont 75 millions sont des excédents traités sur le marché des produits industriels. De surcroît, depuis que des entreprises laitières de la région se sont vues imposer l’achat des volumes de lait de l’URCVL, le groupe se retrouve par un effet domino, du fait de la dénonciation de ventes à ces mêmes laiteries, face à des excédents de l’ordre de 3,5 millions de litres».
Philippe Sellier a confirmé le refus de prendre en charge de nouveaux producteurs de lait (collecte et paiement du lait), en revanche, le groupe propose de commercialiser les 4 millions de litres (via une filiale spécialisée sur les marchés export) qui lui sont demandés dans le cadre du plan de reprise. «C’est une première avancée positive mais Bongrain apporte une demi-réponse à notre problème puisqu’il n’accepte pas de reprendre les producteurs. On peut d’ailleurs s’interroger sur la logique d’un tel groupe laitier ?» a noté Jean-Julien Deygas.
En GMS : sensibilisation à l’appel au boycott des produits
L’action des JA s’est poursuivie l’après-midi, cette fois-ci, au Puy-en-Velay, au sein de 4 GMS (Grandes et Moyennes Surfaces) : Géant, Auchan, Super U et Intermarché.
«Notre objectif était de rencontrer les responsables de magasins afin de leur présenter nos difficultés actuelles sur le dossier URCVL et d’évoquer avec eux l’action de déréférencement des produits fabriqués par les entreprises récalcitrantes ; une action qui sera effective en Rhône-Alpes et en Haute-Loire dès le 15 janvier prochain» a expliqué Jean-Julien Deygas.
Les rencontres avec les directeurs d’Auchan, Géant et Super U se sont bien déroulées : «Ils se sont montrés solidaires de notre action et nous ont assuré qu’ils réfléchiraient à une solution pour l’ultimatum du 15 janvier. Le directeur de Super U est même allé plus loin dans la solidarité avec les producteurs URCVL puisqu’il a accepté de sortir (dès le 15 janvier) de ses rayons un nombre important de produits Lactalis, Bongrain et 3A».
Pendant ces échanges plutôt bien appréciés par les responsables de magasins, les Jeunes Agriculteurs distribuaient des tracts aux consommateurs les incitant à boycotter les produits clairement identifiés des entreprises qui se montrent réticentes à toute reprise du lait URCVL. La majorité des clients se sont montrés compréhensifs et ont lu les tracts avec attention.