Union des Cuma de l'Allier :« La force d’un réseau »
L’union bourbonnaise décide de se désolidariser de la structure nationale et régionale et réorganise ses activités aux services des agriculteurs.
La fédération départementale des Cuma de l’Allier a tenu son Assemblée générale à la salle des fêtes de Bransat, il y a une semaine, jeudi 21 avril.
Une réunion qui n’avait pas pu se tenir depuis deux années, des suites de la pandémie liée à la Covid-19. Elle a ainsi permis, cette année, de dresser un bilan complet des activités des différentes Cuma qui la composent mais aussi d’annoncer les grandes décisions portées par les administrateurs de la structure départementale.
Jérémy Leroy, président de la fédération des Cuma de l’Allier ayant insisté, tout au long de son discours sur l’importance du réseau: « Un réseau est important mais l’indispensable, le plus important ce sont les Cuma du département de l’Allier. Notre rôle, en tant que fédération départementale, est d’apporter tous les outils nécessaires à votre bon fonctionnement à travers un soutien administratif et en animant vos Cuma tout en maîtrisant vos coûts. Nous avons besoin d’un réseau fort, avec des personnes qualifiées et un projet pour l’avenir ».
Sortie de la fédération nationale et régionale
Un discours avec une pointe d’amertume qui s’est traduit dernièrement par une décision du Conseil d’administration de l’union des Cuma de l’Allier de quitter l’instance nationale et régionale des Cuma comme l’explique Jérémy :
« Quand nous partons sur de mauvaises fondations, il y a forcément des déçus, des débats houleux au sein des Conseils d’administration et des mauvais résultats. Nous regrettons le manque de lisibilité du projet, du budget et du relationnel. Lors de notre assemblée générale extraordinaire de novembre dernier, nous avons pris une décision importante et forte afin de manifester à nos responsables de la fédération nationale et de la fédération régionale des Cuma que nous ne voulions plus subir des choix non justifiés pour créer des postes, financer des choix sans débat en Conseil d’administration en décidant pour le compte des territoires qu’ils ne connaissent pas ».
Les élus de la fédération départementale des Cuma qui se félicitent « d’avoir avancé et non de se lamenter, reculer, hésiter ou être en retrait, tout en gardant notre autonomie. Nous avons pris notre destin en main ! Les tensions avec le réseau national et régional ne sont pas d’aujourd’hui et nous tenions à rester en totale transparence avec vous aujourd’hui ».
Une commission de médiation
Une décision mûrement réfléchie pour les décideurs bourbonnais qui a provoqué la réunion de la commission de médiation mise en place par la fédération nationale des Cuma afin de préparer l’avenir. Le président Leroy concède tout de même que « si nous pouvons travailler hors réseau à court terme, dans le temps, être seul sera compliqué ».
Ainsi, plusieurs pistes sont d’ores et déjà avancées en vue d’un retour de la FD Cuma de l’Allier au sein des deux instances. A savoir un changement du projet politique, des charges à la baisse et une révision du calcul des cotisations.
La commission de médiation devrait à nouveau se réunir au cours du mois de mai, en présence des représentants de la fédération nationale et régionale.
Jérémy Leroy tient tout de même à rassurer les membres de l’union de l’Allier : « Nous ne sommes pas seuls. Peut-être même que nous verrons la naissance d’une nouvelle organisation qui respectera nos valeurs, proches du terrain, permettant de maîtriser nos coûts et apporter de la valeur ajoutée à nos Cuma ».
Un risque de perte d’agrément
Le Haut Conseil de la Coopération Agricole (HCCA) est également au centre des inquiétudes pour la Cuma de l’Allier. Assurant un rôle de contrôle de la gestion des coopératives, il délivre l’agrément aux Cuma. Jérémy Leroy précisant qu’ « il ne faut pas présenter plus de trois exercices déficitaires de suite au risque de perdre cet agrément ».
La Cuma de la Bourse renaît
Une réactivation qui fait suite aux souhaits de la Cuma bourbonnaise de drainage de se séparer de ses activités de déchiquetage et de compostage, trop coûteux pour elle. « Des problèmes de renouvellement de matériels et une situation complexe des activités ont provoqué un manque de lisibilité pour nous tous. Il y avait un véritable besoin de réorganiser, restructurer l’ensemble tout en ayant comme objectif de maîtriser les charges et les activités. Nous aurions pu tout arrêter mais notre objectif, celui de votre conseil d’administration, était de maintenir ces activités au service des agriculteurs de notre département à un moindre coût mais aussi de maintenir les emplois créés depuis des années » explique Ludovic Catard, nouveau président de la Cuma de la Bourse.
Accréditée GIE Pulvé 03
La fédération des Cuma de l’Allier qui est désormais accréditée pour le GIE Pulvé 03 : « Ce fut beaucoup d’heures de travail pour pouvoir continuer ce service sur le territoire » se félicite Jérémy Leroy.
La FD Cuma de l’Allier qui s’est doté d’un nouveau logiciel « Avagri » qu’elle propose à ses adhérents pour faciliter la gestion, au quotidien, de leurs structures.
Plus d’infos :
Union des Cuma de l’Allier
20-22, rue Blaise-Sallard
03400 Yzeure
Tél.: 04 70 44 11 62
Mail : anne.fdcuma03@wanadoo.fr
Jean Laurent, conseiller départemental de l’Allier, en charge de l’agriculture
« Je tiens à souligner l’envie de l’union des Cuma de l’Allier de poursuivre les activités de compostage, de déchiquetage, qui constituent de véritables valeurs d’avenir sur notre territoire. Le Conseil départemental de l’Allier a aidé, l’an passé, les Cuma de l’Allier qui avaient déposé des dossiers. Nous verrons comment nous pourrons le faire pour cette année et comment nous pourrons vous accompagner dans vos projets. Votre rôle est important dans le département et nous ferons notre possible pour vous soutenir, notamment dans l’achat de matériel ».
Emmanuel Ferrand, conseiller régional Auvergne-Rhône-Alpes, en charge de l’agriculture
« Vous savez, l’Europe elle se passe souvent à Bruxelles ! L’avantage de gérer les crédits au niveau régional fait que nous sommes très proches du terrain et nous sommes à même de pouvoir réagir aux besoins des professionnels. Je souhaite d’ailleurs rencontrer les responsables des Cuma qui auraient des projets d’investissements et ainsi pouvoir me rendre compte de la réalité des choses.
Je rebondis sur le fait que, si parfois la régionalisation peut coûter plus chère, au niveau du Conseil régional, aux côtés de Laurent Wauquiez, nous avons plutôt fait le contraire en contribuant à une économie de 300 millions d’euros par an sur le budget régional pour atteindre une économie globale en fin de mandature d’un milliard d’euros ! A savoir que 80 millions d’euros ont profité au budget agricole chaque année. A noter qu’il n’était que de 35 millions d’euros à notre arrivée, lors de la fusion des deux régions. En 2021, il s’élevait à 115 millions d’euros et sans compter les aides exceptionnelles liées aux aléas climatiques représentant environ 20 millions d’euros. Il constitue aujourd’hui le premier budget agricole des régions de France et de très loin. Des subventions en hausse, notamment sur l’installation des jeunes et, d’ailleurs, les Cuma y contribuent pour beaucoup. Au total, nous comptons plus de 300 installations chaque année dans notre région. Il faut également savoir que les Cuma de l’Allier ont bénéficié, en 2014, de 3.5 millions d’euros d’aides de la région. En 2023, la région va rajouter sur ses fonds propres, entre 16 et 20 millions d’euros par an pour faire face à une baisse de l’enveloppe européenne annoncée. La région soutient donc les Cuma et se félicite des économies d’échelles qu’elles permettent ».