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«Une suradministration trop lourde»

5 questions à Jean-Philippe Viollet

© La Creuse agricole et rurale

Tête de liste FDSEA/JA et président sortant de la chambre d’agriculture, Jean-Philippe Viollet demande davantage de liberté pour entreprendre et créer de nouvelles initiatives.

 

Les agriculteurs peuvent-ils encore bâtir des projets et entreprendre?
Jean-Philippe Viollet : Oui et heureusement. Le rôle du syndicalisme est bien d’apporter des solutions aux contraintes qui nous sont imposées à tous les niveaux. La seule chose que je demande, c’est qu’on libère les initiatives et que l’on desserre les contraintes aux agriculteurs face aux nouvelles réglementations. En aucun cas, on ne doit brider l’envie d’entreprendre. Aujourd’hui, nous ne pouvons plus nous permettre d’entraver de nouveaux projets, car nous avons besoin d’eux pour faire avancer notre agriculture.

 

N’y a-t-il pas souvent les obstacles infranchissables?
J-P.V. : Bien sûr qu’il existe encore de nombreux obstacles lorsque l’on désire faire quelque chose d’innovant. Par exemple, en matière d’installation, c’est un véritable parcours du combattant. Après les contraintes financières, on se heurte souvent à une administration trop lourde dans de nombreux dossiers, celle-ci est trop rigide et inadaptée à la conception même que nous avons de notre agriculture. Trop souvent les soutiens liés à l’agriculture se traduisent  par des contraintes réglementaires à n’en plus finir. Pénaliser ceux qui créent des richesses c’est absurde. Nous, on préfère défendre l’esprit d’initiative pour favoriser l’émergence de nouveaux projets.

 

Et les contrôles?
J-P.V. : Il y a quelques années, j’étais de ceux qui attiraient l’attention sur les risques accrus d’une suradministration. Cela faisait d’ailleurs «glousser» certaines âmes sensibles. Aujourd’hui nous y sommes. Les choses ont évolué très vite et nous avions eu raison de tirer la sonnette d’alarme sur ce sujet, comme le démontre de trop nombreux exemples. Les organisations syndicales et notamment la FDSEA et les JA ont alerté à maintes reprises les pouvoirs publics sur ces aspects. Combien de fois, avons-nous dit que la suradministration était préjudiciable à l’agriculture et à sa compétitivité. L’administration a été trop loin avec les risques que l’on encourt. Les agriculteurs sont à bout, aujourd’hui la moindre étincelle peut mettre le feu aux poudres.

 

L’organisation de l’agriculture française nécessite-t-elle de nouvelles modifications?
J-P.V. : Oui. Il y a des formalités qui pourraient être plus simples pour rendre le métier plus accessible. À l’heure de l’informatique et d’Internet, comment ne pas s’étonner de l’étanchéité des bureaux. Trois fois on vous demande le même numéro pour le même dossier. Sur ce sujet de la simplification administrative, il faut citer le cas de Télépac. Il y a quatre instruments différents pour mesurer les parcelles. Les écarts vont jusqu’à 8 m. Avec de telles différences, il n’est pas tolérable que l’on puisse être pénalisé. C’est toujours sur l’agriculteur que la faute retombe. La France ne veut pas reconnaître l’erreur manifeste prévue par les règles européennes.
À la FDSEA et aux JA, on préfère préconiser les solutions suivantes : faciliter l’installation par des procédures moins complexes ; faciliter la transmission de nos entreprises ; alléger les contraintes administratives ; libérer les initiatives pour gagner en efficacité et en rapidité et enfin disposer d’une administration qui assure un rôle d’accompagnement et non de répression.

 

La France considère-t-elle toujours son agriculture comme une activité à part entière?
J-P.V. : Oui je le pense, mais avec les charges qui pèsent sur notre agriculture cela devient de plus en plus difficile. Il est bien évident que toute simplification administrative doit s’accompagner d’une baisse significative des charges et en particulier sur l’élevage. Pourtant en France avec le principe de précaution, on a peur de tout au point que dans le grenelle de l’environnement, on n’hésite pas à taxer lourdement ceux qui produisent des richesses sans pour autant apporter des solutions aux problématiques identifiées. À la FDSEA, nous sommes pour une reconnaissance à part entière de notre activité. Il est impératif qu’on nous laisse produire dans les meilleures conditions pour être plus compétitif par rapport à nos voisins européens.

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