Lait
Une solution originale à l’astreinte de la traite en Corrèze
Après plusieurs mois de préparation, le Centre interprofessionnel laitier de Corrèze (CILCO) et AgriEmploi 19 ont lancé ce printemps une mesure d’aide à l’emploi partagé d’un salarié en élevage laitier. Le système, s’il est encore en rodage, est innovant et semble prometteur.
![Après quelques semaines en CDD, Cédric Lafont est désormais en CDI et partage son temps entre les Gaec Vialle, de Puy l’Aiguille et de Felgines.](https://medias.reussir.fr/pamac/styles/normal_size/azblob/2023-12/creuse-agricole_HIBN1JR01_web.jpg.webp?itok=iD-Ah4YM)
Lever le pied en se libérant de la traite, pouvoir prendre quelques jours de congés en famille, de nombreux producteurs laitiers en rêvent. Pour les y aider, le CILCO et AgriEmploi 19 ont imaginé un dispositif d’aide à l’emploi d’un salarié en temps partagé. En place depuis mars, celui-ci s’intègre dans un plan plus large de relance de la production laitière en Corrèze mis en place par le CILCO. « En Corrèze comme ailleurs, la production laitière éprouve des difficultés, déclare Jean-Pierre Brousse, président du CILCO. Outre la question de prix du lait, il existe une forte attente par rapport à l’astreinte. Le plan que nous avons mis en place doit permettre de relancer la production laitière corrézienne. Il comporte trois mesures, l’aide à l’installation ou à la reprise par des jeunes, la prise en charge de 30 % du coût d’un salarié qualifié en temps partagé et l’aide au regroupement d’exploitations ». Pour Jean-Claude Saule, éleveur laitier, trésorier du CILCO et, à l’époque, président d’AgriEmploi 19, il était urgent de trouver une solution pour dynamiser la production laitière en Corrèze. « Les contraintes de la production laitière sont un frein à l’installation, c’est incontestable, explique-t-il. Lorsque les producteurs laitiers arrivent à 40-45 ans, ils se lassent des astreintes de la traite. Il arrive donc parfois qu’ils changent de production pour avoir un peu plus de liberté et une vie de famille plus « normale ». La proposition mise au point par le CILCO et AgriEmploi 19 est faite pour les soulager. Elle leur permet de se dégager une à deux semaines de vacances par an et quelques week-ends en plus selon leur volonté. De plus, le salarié ayant été formé, ils peuvent confier leur exploitation à quelqu’un qui connaît bien l’exploitation, leurs méthodes de travail, les animaux ». Aujourd’hui, neuf éleveurs se partagent les services de quatre salariés dont certains sont déjà en CDI. Pourquoi pas plus ? « Embaucher un salarié est une décision importante à prendre. Beaucoup de producteurs hésitent car ils n’ont pas l’habitude de gérer une personne, précise J.-C. Saule. C’est difficile en termes de temps, d’organisation du travail. Les nouveaux adhérents à AgriEmploi 19 suivent d’ailleurs une formation avant de prendre un salarié. Beaucoup commencent en prenant quelqu’un juste pour quelques heures et augmentent le volume horaire petit à petit. Il faut laisser le temps au dispositif de s’installer ». Les prochains mois seront donc décisifs pour le projet mais le CILCO et AgriEmploi 19 semblent confiants et se fixent déjà des objectifs pour 2014. « Chaque année, neuf à dix producteurs laitiers cessent leur activité en Corrèze, indique J.-P. Brousse. Notre premier objectif est donc d’endiguer cette chute avec 9 à 10 installations annuelles. Déjà en 2012, nous avons installé 5 jeunes alors que sur une année seuls 1 ou 2 s’installaient habituellement. Nous aimerions également développer le salariat partagé et embaucher trois salariés par an. C’est un objectif réaliste. La possibilité d’avoir un salarié en temps partagé est un argument de poids pour un jeune installé. La limite vient de l’éloignement entre les producteurs sur le territoire corrézien ».
[...]
La suite est à lire dans la Creuse agricole et rurale du 2 août 2013.