Un PSN à contretemps sur le bio
Dans le volet bio de la déclinaison française de la future Pac (PSN), le ministre de l'Agriculture avait donné la priorité aux conversions. Mais les contextes difficiles apparus depuis sur plusieurs marchés et les risques de déconversion associés interrogent a posteriori ce choix.
Le ministre s'en est défendu à plusieurs reprises. Loin d'abandonner le bio sur la prochaine programmation Pac, l'enveloppe a été significativement revue à la hausse dans le PSN, passant de 250 à 340 millions d'euros par an. « Une priorité : l'aide à la conversion », avait résumé sur Twitter en juin 2021 Julien Denormandie. Et de préciser sa pensée : c'est par les conversions « que l'on développe la production et que l'on répond à la demande du consommateur qui augmente ».
Après plus de deux ans de discussions - et une pandémie - ces déclarations ont marqué la fin de négociations entamées au printemps 2019. Mais alors que ce PSN a été transmis à la Commission en décembre 2021, le contexte a changé dans plusieurs filières bio, comme en lait, oeuf, ou légumes. « Ces problèmes n'ont pas été abordés durant les négociations, puisque les signaux étaient alors assez encourageants chez les gros opérateurs », rappelle Philippe Camburet, le président de la FNAB.
Tout au long des discussions, plusieurs syndicats et organisations auraient cependant suggéré au ministre de faire attention aux exploitations converties de longue date. Au travers de tribunes, communiqués et manifestations, la Fnab, la Confédération paysanne ou des ONG, se sont notamment clairement opposées à la fin des aides au maintien, annoncées en septembre 2017 par Stéphane Travert. De même, le système d'ecoscheme introduit dans cette nouvelle Pac leur a paru trop peu rémunérateur face aux services environnementaux apportés par la bio, en mettant la certification au même niveau que la HVE.