Un projet ministériel au stade des bonnes intentions
Le ministre Mercier a présenté les grandes lignes de son action.
L’anecdote est croustillante : c’est sa méconnaissance de la langue de Shakespeare qui aurait valu à Michel Mercier de se voir au dernier moment dépossédé du poste de ministre de l’Agriculture pour lequel il était pressenti. Çà et là, le bruit a aussi circulé que le ministère de l’Espace rural et de l’Aménagement du territoire, qui lui a finalement été confié le 23 juin par le chef de l’État, aurait été créé de toute pièce pour lui. Une preuve pour certains que l’ancien trésorier du Modem est l’un des hommes forts du moment. Une chose est sûre en tout cas : Michel Mercier a du métier et connaît bien les préoccupations des élus territoriaux pour avoir occupé quasiment tous les mandats électoraux : conseiller municipal, maire, président de communauté de communes, de Conseil général (Rhône), conseiller régional mais aussi député puis sénateur. Ce qui lui a fait dire la semaine dernière devant les élus territoriaux réunis au forum RuraliTIC à Aurillac : “Mon action pour l’aménagement du territoire, je ne la conçois qu’à partir du terrain. C’est ma première source d’inspiration, j’y puise une énergie formidable et des raisons d’avancer”.
“Redorer” l’espace rural
Mais l’ampleur de la tâche s’avère immense tout comme les attentes des territoires ruraux, dont il a reconnu que le sentiment “d’avoir été oubliés” ces dernières années prenait sans doute ses racines dans une part de vérité même s’il a appelé à ne pas opposer urbain et rural. “Je veux relancer une dynamique pour donner toutes les chances aux territoires ruraux, dans tous les domaines, économique bien sûr, mais aussi services publics et de proximité, culture, tourisme, transports”, s’est-il engagé. Et le ministre de rappeler en souriant qu’“on a souvent plus besoin d’un médecin que d’une perception”. Pour autant, pour l’une de ses premières grandes interventions auprès d’élus locaux, à Aurillac, il n’a fait que dresser les très grandes lignes de la politique d’aménagement du territoire qu’il souhaite impulser. Une politique qui doit, selon lui, être guidée par les besoins des habitants et ceux des territoires et par une exigence : celle de faire de la diversité un atout en réduisant les “déséquilibres et fractures”. Et pas seulement sur le développement des autoroutes de l’information : “Ce n’est pas parce qu’on va beaucoup aider le Cantal parce qu’il a de bonnes idées en matière de télétravail, qu’on va laisser tomber la RN 122. Ce n’est pas du tout ça l’idée”, a argué le ministre en marge de l’inauguration jeudi dernier du télécentre d’Aurillac. Et Michel Mercier d’ajouter au passage que le Cantal avait été bien traité dernièrement dans le cadre du PDMI Auvergne.
En attente de concret
Certes, a rétorqué Pierre Jarlier, sénateur-maire de Saint-Flour et président des maires du Cantal, mais “il faut une qualification nationale intégrale de la RN 122 entre les deux autoroutes”. La réponse ministérielle a pour le coup été bien évasive, suggérant ainsi aux élus de l’Entente pour la vallée du Lot - qu’il a rencontrés jeudi après-midi à Vieillevie - de se saisir de cette question. Autre ambition confiée à sa politique : celle de “relever le défi de la mondialisation” en construisant “un modèle de croissance plus durable”, avec le développement du transport collectif mais aussi le potentiel d’Internet. Michel Mercier voit ainsi son ministère aux carrefours des grands enjeux sociétaux et économiques. De hautes ambitions qui n’ont pas complètement convaincu les élus présents à RuraliTIC, lesquels attendaient sans doute plus de pragmatisme.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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