Un podium aux Ovinpiades à Paris pour Elie Dulac
Inconnu avant cette année 2023, sauf dans son lycée, la presse s'arrache les interviews d'Elie Dulac. Il fait parler de lui dans le monde agricole, et dans la filière ovine en particulier.
Agé de 18 ans, Elie Dulac est étudiant au lycée agricole Edgar Pisani de Naves, près de Tulle en Corrèze. Il prépare un BTS en production animale après un Bac Pro CGEA (Conduite et Gestion de l'Entreprise Agricole). Il n'est pas arrivé dans ce domaine par hasard : « Mon père est double actif, infirmier et chef d'exploitation, avec quelques animaux » nous dit-il. Et c'est une véritable petite ferme que la famille d'Elie entretient, avec un petit troupeau de 6 vaches composé de Salers, d'Highlands, et de Galloway. Ce sont 17 brebis qui composent un deuxième atelier, avec des limousines, des rouges de l'ouest, et quelques croisées. Ajoutons à tout cela deux chevaux et trois ânes.
Pas d'installation pour Elie
Il avoue, « je suis passionné depuis tout petit par le monde agricole, et c'est pourquoi j'ai voulu en faire mes études » nous confie-t-il. Alors que le chemin habituel devrait le mener vers l'installation, que nenni : « je ne désire pas m'installer parce que c'est très compliqué, il faut un engagement financier important avec de gros crédits, et je ne souhaite pas faire cela ». Il préfère travailler en étant salarié et garder quelques animaux, à l'image de son père « pour s'amuser » : « j'arriverai peut être à avoir une cinquantaine de brebis ». Toujours est-il que ce que veut Elie, c'est devenir inséminateur en bovin ou pourquoi pas en ovin.
« L'inséminateur venait à la maison, je regardais son travail, et puis j'aime beaucoup le contact avec les animaux. En plus, être salarié, c'est plus confortable, économiquement, c'est plus intéressant » explique-t-il.
La préparation au concours ? La passion d'abord !
On peut s'imaginer que pour se préparer aux Ovinpiades, il faut avoir vu des centaines de moutons, et passer des heures et des jours à la préparation. Finalement, ce n'est pas le nombre d'heures qui compte, c'est la passion qui a d'abord primé, et bien sûr, le coeur à l'ouvrage. « J'ai les animaux chez moi bien sûr, mais en plus, nous sommes partis avec un groupe d'élèves et notre professeur chez un petit paysan, ce qui nous a permis de nous entraîner pendant trois ou quatre heures ». C'est peu, mais quand on veut, on peut ! Et Elie est quelqu'un qui a du caractère, il n'a pas eu besoin d'une très longue préparation, et c'est d'ailleurs ce qui étonne, vu le nombre de critères pour obtenir une place sur le podium. D'ailleurs, il nous explique en quoi consiste exactement le concours : « tout d'abord on commence par un quiz sous forme de QCM et ensuite, on passe à la reconnaissance de races, il faut en reconnaître dix. Puis, c'est l'épreuve « santé », et là, c'est surtout de la théorie, il faut savoir de quoi on parle, pour diagnostiquer d'éventuels problèmes sur l'animal. Il faut également dans une autre épreuve noter l'état d'engraissement des agneaux pour savoir s'ils doivent partir à l'abattoir ou non. On continue par le parage des ongles longs. Une autre épreuve consiste à trier les brebis et ensuite à donner une note corporelle d'une brebis ». Pour toutes ces épreuves, cela prend une bonne journée à Paris.
Un concours qui mène à la capitale.
Le premier concours corrézien a été une bonne occasion pour s'échauffer. C'était le 25 janvier, et Elie a gagné la première place. Ce résultat l'emmène directement à Paris, où il a fini 3ème le samedi 25 février. « J'étais particulièrement calme, pas stressé du tout. En fait, j'étais plus stressé à la remise des prix » déclare-t-il. Il ajoute : « je ne peux participer deux fois de suite, mais l'année prochaine, il n'est pas impossible que je sois jury... ». Un agenda bien chargé s'annonce pour Elie, surtout qu'il compte bien réussir son BTS, puis continuer par une Licence. Et si on lui demande conseil, il répond : « pour un concours, il faut y aller. On apprend beaucoup, on rencontre du monde ». Il ajoute : « pour ma part, c'est une fierté, pour mes parents aussi, et cela ajoute quelque chose d'intéressant sur le CV ». Voilà un départ professionnel bien démarré. Mais il reste lucide, les études doivent aller au terme, et ensuite... les projets ne manquent pas !
Véronique Legras