Un plan Marshall pour les stations
Une centaine d'acteurs de la station et d'élus réunie samedi pour appeler le gouvernement à des mesures de soutien renforcées mais surtout un accompagnement sur le moyen terme.
Les bourrasques mêlées de neige qui ont balayé samedi après-midi la station du Lioran - brouillant la visibilité sur les pistes - sont à l'image de la tempête que traversent ces dernières semaines les acteurs de la montagne avec des vents contraires, entre les quarantièmes rugissants et les cinquantièmes hurlants redoutés des navigateurs. Difficile de tenir la barre quand le moteur de la station, à savoir ses remontées mécaniques, reste désespérément silencieux. Mais pour ces montagnards habitués à l'adversité des hivers, pas question de résignation et encore moins de silence.
"Un grand gâchis"
Si colère et incompréhension étaient toujours palpables ce 23 janvier dans les rangs de la centaine de manifestants rassemblés au pied du téléphérique à l'initiative de la Saem du Lioran et de son président Bruno Faure, la combativité était plus que jamais de mise. L'espoir d'une réouverture d'ici la fin de la saison n'est pas complètement abandonné mais reste ténu et les regards se tournent désormais davantage sur l'après...
"C'est surtout le sentiment d'un grand gâchis avec toute cette neige que l'on voit et ce processus qui nous a amenés jusque-là, a déclaré le président du Département, entouré d'une dizaine de conseillers départementaux, parlementaires et élus(1). Aujourd'hui passées la colère, l'incompréhension, il faut se tourner sur le présent et l'avenir. On doit se battre, se mobiliser pour se faire entendre et surtout obtenir la juste compensation de ces mesures. Il faut que l'État assume cette décision qui nous empêche de travailler et qui peut remettre en cause de manière importante l'économie de nos territoires, de la montagne, de nos entreprises, des emplois permanents et saisonniers."
Un écosystème fragile
Des revendications que Stéphane Sautarel a exposées avec une délégation de huit autres sénateurs la semaine dernière à deux proches collaborateurs d'Emmanuel Macron lors d'une entrevue à l'Élysée et qui tiennent en trois points : la prise en compte dans l'ensemble des mesures de compensations à l'attention des entreprises (indemnisations des pertes d'exploitation...) comme des salariés et saisonniers, des spécificités du secteur de la montagne qui concentre 90 % de son activité sur trois mois et demi. Un écosystème extrêmement fragile surtout pour des stations de moyenne montagne comme le Lioran, a relevé son collègue député Vincent Descoeur, qui n'a pas manqué de déplorer la frilosité du gouvernement et de plaider pour des dispositifs de soutien "cousus main". "Il faut que ces compensations couvrent l'intégralité de la saison 2021 et pas seulement les mois concernés actuellement", a explicité pour sa part Stéphane Sautarel.
Revoir les critères
Deuxième axe, une période de référence de ces mêmes compensations lissée sur les trois années précédentes et non sur le chiffre d'affaire du seul exercice de 2019-2020 dont les différents professionnels du Lioran ont rappelé combien il avait été catastrophique faute de neige puis amputé de 15 jours en mars. "Il faut aller au bout du "quoi qu'il en coûte" pour que la casse soit la moins forte possible", a souligné Stéphane Sautarel, qui appelle de ses voeux, avec les élus des Savoie et le président de Région Wauquiez (attendu prochainement au Lioran), un véritable plan Marshall pour la montagne française : "Au-delà de ce qui va se passer cette année, il est essentiel de construire un plan pluriannuel qui permette de soutenir de manière massive les acteurs publics et privés de la montagne." Hervé Pounau, directeur de la Saem du Lioran, l'a en effet indiqué : il faudra au minimum deux voire trois saisons pour que la station se remette de cette tempête.
En attendant, qu'ils soient perchmen, moniteurs de ski, secouristes, loueurs de skis, restaurateurs... aucun des professionnels présents ce samedi n'entendait baisser les bras, bien décidés à animer la station pour les prochaines vacances si un troisième confinement ne vient pas hypothéquer définitivement la saison 2021.
(1) Parmi lesquels V. Descoeur, S. Sautarel, D. Meissonnier, maire de Laveissière,
G. Chabrier, maire de Murat, les conseillers départementaux D. Achalme, I. Lantuéjoul, C. Faure, É. Février, J. Belaidi, J.-.A Moins, M.-H. Roquette...