Un objectif : 300 agriculteurs bio dans les cinq ans à venir
Ils étaient 30 l’an dernier et le double, le 6 mars, pour l’assemblée générale de Bio 15 à Laveissière, placée sous le thème des filières biologiques régionales.

Le Cantal compte 80 agriculteurs bio dont 72 adhérents à Bio 15. Après une baisse en 2007, l’association retrouve donc un nombre d’adhérents comparable à ce qu’il était en 2006 et une grande dynamique : “Nous assistons à une explosion des demandes de renseignements en agriculture bio. J’ai un contact tous les quatre jours de la part d’agriculteurs qui se posent la question d’une conversion et nous demandent des renseignements. L’an dernier, une dizaine d’entre eux avaient rejoint l’association et, cette année, nous devrions avoir une trentaine de nouveaux”, se réjouit Vincent Vigier, animateur de Bio 15. Un engouement pour la bio qu’il explique par “la demande des consommateurs. Ce qui amène les gens au bio, c’est avant tout l’absence de produits chimiques. Il faut savoir que l’Inra de Toulouse a estimé qu’un individu absorbait dans son alimentation 1,5 kg de produits chimiques sur un an”. Une filière bio où il y a de la place pour les producteurs : “La France importe 50 % de sa production et, parallèlement, l’activité bio progresse de 10 % depuis quatre ans”. L’objectif de l’association est ainsi de compter 300 agriculteurs bio dans le Cantal dans les cinq ans à venir.
Cherche producteurs
À charge alors pour eux de respecter les trois règles d’or de leurs alter ego : des produits végétaux bio cultivés sans engrais chimiques et sans pesticides ; des animaux élevés aux seuls aliments biologiques ; les produits bio constitués d’ingrédients agricoles bio voire d’additifs et d’arômes naturels contrôlés et autorisés par le cahier des charges de l’agriculture biologique. Autre aspect positif constaté à cette assemblée générale, la présence de représentants de filières régionales : “Pas moins de huit ! C’est un signe fort, ils recherchent des producteurs”. Avec une demande supérieure à l’offre, le marché du bio est en effet “en développement dans le Cantal de même qu’en Auvergne”. Bio 15 incite donc les agriculteurs à s’intéresser à ces filières sachant que ceux qui le font sont les premiers à s’adapter et à tirer leur épingle du jeu. Un exemple face au marché banalisé de l’Italie : “Certains éleveurs, se sont lancés dans le veau gras qui leur offre un vrai débouché”, surtout en ces temps où les crises sanitaires ne les ont guère épargnés. “Nous allons donc développer l’engraissement”.
Quid du label bio européen ?
Pour autant, l’agriculture biologique a encore du chemin à faire : la nouvelle réglementation européenne risque de brouiller son image avec un cahier des charges moins exigeant. En effet, depuis le 1er janvier 2009, il s’applique avec “des dérives inacceptables en termes d’élevage”. Alternative bio, structure nationale qui fédère plusieurs associations de producteurs et de consommateurs, projette ainsi de “refuser ce cahier européen et de revenir au français, le plus strict. Ceci se prépare depuis deux ans. Notre crainte est en effet que le logo AB ne fasse plus la différence entre le produit AB européen et AB France, avec le risque de confusion que cela suppose dans l’esprit des consommateurs”. Pas de pessimisme pour autant : Bio 15 voit dans l’affluence à cette nouvelle assemblée générale “la reconnaissance de l’association, des filières, des consommateurs”, et ses responsables souhaitent faire des émules : “Nous manquons en effet cruellement de producteurs”, analyse Vincent Vigier. Les raisons : “Il faut deux ans pour convertir une ferme et encore plus pour les mentalités…” Il table donc sur cette dynamique pour faire que, dans les cinq ans, 300 agriculteurs bio soient à l’œuvre dans le Cantal, sachant que “la production bio représente actuellement 2 %. Nous pourrions arriver à 20 % pour répondre à la demande, ce qui est d’ailleurs dans les objectifs du Grenelle de l’environnement”.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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