Un marché au cadran en pleine santé
Monté en 2013 “par des éleveurs, pour des éleveurs”, le marché au cadran de Mauriac est vite devenu une référence. Il donne le ton des cours des animaux et confirme une année 2021 intéressante.
N é de la volonté des éleveurs, le marché au cadran de Mauriac s’avère au fil des ans un outil adapté. Le nombre d’animaux amenés par quelque 700 associés génère d’ailleurs un volume d’affaires nettement supérieur aux objectifs fixés. En 2021, ce sont 23 655 animaux qui ont été apportés, dont 21 761 vendus par le biais des enchères électroniques anonymes (soit 2 209 de plus qu’en 2020 et 92 % de taux de vente).
Plus d’apports et des meilleurs cours : au total, les transactions du cadran auront généré 18 millions de volume d’affaires(1).
Bonne année 2021 et bon départ de 2022
Michèle Chastan, présidente de la SAS du marché au cadran (société par actions simplifiées), précise qu’en termes de prix, 2021 aura permis de retrouver des cours très corrects, les meilleurs de ces cinq dernières années. Une bouffée d’air nécessaire, après 2020 qui fut assez catastrophique. “Le prix moyen - toutes catégories confondues - qui livre quelques indicateurs de marchés est de 838 euros par tête, au lieu de 764 € un an plus tôt”, illustre Michèle Chastan. Si l’ensemble des catégories progressent (hormis le veau naissant), ce sont les vaches qui tirent le plus vers le haut. La nouvelle année confirme la tendance.
“Tous les indicateurs sont au vert. On continue la progression pour les vaches d’engrais (NDLR : animaux adultes prêts à finir) et vaches de boucherie et une amélioration dans les cours du broutard sur ces premières semaines”, témoigne la présidente du marché.
Le broutard croisé de 400 kg était à 2,21 €/kg en décembre 2020 ; il est à 2,65 € un an plus tard. Outre le contexte global favorable, Émilie Delbert-Bertrand, chef des ventes, constate aussi un peu moins d’approvisionnement. Ces apporteurs gravitent essentiellement sur les ex-régions Auvergne et Limousin. Avec, à lui seul, entre 12 000 et 13 000 têtes apportées, le Cantal reste très majoritaire, devant le Puy-de-Dôme , la Corrèze, le Lot, la Haute-Loire, la Haute-Vienne... Pour notre département, ce sont les éleveurs qui se déplacent. Pour les départements plus éloignés (comme le Puy-de-Dôme, deuxième avec 5 000 têtes), les éleveurs se partagent les apports avec des petites sociétés de négoce qui représentent 25 % des animaux amenés à Mauriac, avant l’export. Ils profitent parfois de leur présence pour, en échange, acheter des vaches.
Des vendeurs et des acheteurs
Les acheteurs sont quant à eux le plus souvent situés au sud de la Loire, Cantal y compris, et les achats de maigre répondent - sans surprise - essentiellement à des commandes italiennes. Plus à la marge, des exportateurs destinent leurs achats aux pays tiers(2). Depuis la crise Covid, l’Espagne n’achète quasiment plus. Les premiers marchés équilibrés et plutôt dynamiques permettent à la présidente du marché au cadran d’afficher une certaine sérénité. La tendance est au broutard un peu plus lourd, de 350 à 420 kg, qui deviennent les cœurs de gamme. L’unique crainte est une offre moindre, à l’heure où s’ouvrent de nouveaux marchés, ce qui risque de pénaliser les acheteurs. Or le marché au cadran a besoin d’un certain volume, avec des lots homogènes (de dix bêtes au moins), pour pouvoir coter.
En animaux de boucherie, toutes les catégories progressent également. Chez les laitières de réforme, les holstein ont été valorisées en 2021 à 2,85 € de moyenne (2,40 € en 2020) ; les montbéliardes à 3,13 € (2,72 € un an plus tôt). En races allaitantes, les salers passent de 3,10 € en 2020 à 3,83 € en 2021 (soit + 0,73 €/kg) ; les aubrac de 3,70 € à 4,34 € (+ 0,64 €). Une progression de prix qui s’affirme encore, lors des premiers marchés 2022. L’écart par rapport à 2020 est désormais de presque 1 €/kg carcasse, une augmentation plus rapide qu’en broutard. Chez les herbagères (vaches encore maigres, de 600 à 620 kg de moyenne), la tête moyenne en salers était valorisée à 1 022 € l’an dernier, soit une progression de 122 € en douze mois ; en aubrac, des vaches de 586 kg étaient échangées 1 380 €, soit
+ 180 €. La spectaculaire progression en limousine (bien moins représentée en volume) atteint 249 € à 1 310 €... Un phénomène qui s’explique par des acheteurs qui anticipent une pénurie sur les animaux déjà engraissés.
Une ramasse plus compliquée
Quant à la règlementation qui évolue, elle nécessite de nouveaux réflexes. Depuis octobre, un animal amené au marché n’est “exportable” que si sa carte verte a moins de deux jours, ce qui complique la collecte en fermes et nécessite une vigilance au moment de l’achat. Enfin, en 2024, il est prévu que le camion qui ramasse soit considéré comme un “centre de rassemblement”, sachant que l’animal ne peut pas transiter par plus de trois centres...
(1) Les frais de fonctionnement de la SAS sont de 2,5 %, soit 430 000 € de chiffre d’affaires.
(2) La loi autorise depuis peu des achats sur les marchés pour des pays comme l’Algérie.