Lentille
Un faible rendement mais un produit à l'hectare intéressant
L'ODG Lentille Verte du Puy a tenu son assemblée générale en visio-conférence le 16 février dernier.
Bilan de la campagne 2020.
L'ODG Lentille Verte du Puy a tenu son assemblée générale en visio-conférence le 16 février dernier.
Bilan de la campagne 2020.
"La récolte 2020 de la Lentille Verte du Puy s'inscrit comme l'une des plus faibles que l'on ait pu connaître depuis la création de l'AOP" a souligné le président de l'ODG Lentille Verte du Puy, Philippe Boyer, lors de l'assemblée générale de l'organisme le 16 février dernier. Au cours de cette campagne, 653 producteurs ont semé 3 132 ha pour récolter 12 166 quintaux (en baisse de 50% par rapport à 2019), soit un rendement de 4 qx/ha.
Météo défavorable
Ce faible rendement moyen est le résultat de conditions météorologiques défavorables. "L'excès d'eau du mois de juin (+ 100 mm par rapport à la normale) a induit un développement important des adventices qui ont, non seulement, pénalisé la culture mais aussi rendu la récolte difficile" rappelle Grégory Sauvant, responsable administratif à l'ODG. Si les quantités n'étaient pas au rendez-vous, la qualité était bien là. Le temps sec et ensoleillé en fin de cycle de la lentille ont permis d'obtenir une belle lentille en terme de couleur.
Cette faible récolte 2020 impacte négativement la filière qui ne dispose plus de suffisamment de volume pour répondre à la demande : "sachant que le marché de la Lentille Verte du Puy est estimé entre 3 000 et 4 000 tonnes par an, les tonnages de ces dernières années, ne permettent pas de satisfaire toute la demande, ce qui se traduit par des ruptures en magasins" explique le président.
Un produit à l'hectare équivalent à un blé de 55 qx
Les bas rendements remettent en cause la rentabilité de la culture et peuvent aussi décourager certaines exploitations, "pourtant, à un rendement de 4 qx/ha, la Lentille Verte du Puy permet de dégager un produit à l'hectare intéressant de l'ordre de 900 €/ha, soit l'équivalent d'un blé de 55 quintaux" a indiqué Philippe Boyer qui ajoute : "bien que la productivité moyenne de la Lentille Verte du Puy (LVP) ait baissé, le produit par hectare s'établit à 1 300 € et ce grâce à une forte augmentation du prix". D'après l'ODG, le prix payé aux producteurs de LVP est au moins 4 fois supérieur à celui de la lentille verte de France.
Pour accompagner la lentille dans cette période difficile, l'ODG s'est employé à travailler sur les solutions techniques. Un programme d'expérimentation dense a été conduit tout au long de la campagne : des essais de désherbage mécanique, de semis direct de la culture sous couvert d'avoine de printemps et de semis sur labour de la culture derrière un couvert d'avoine.
Concernant le désherbage mécanique, les essais montrent qu'il s'agit d'une alternative encourageante malgré un taux d'adventice restant conséquent et entraînant une compétition directe avec la lentille jusqu'à la fin du cycle. "Le meilleur résultat du passage de l'outil sur l'ensemble des parcelles est au stade 3-4 feuilles de la culture. Le désherbage mécanique est une alternative intéressante dans les systèmes conventionnels et indispensable dans les systèmes bio" ont indiqué Emmanuel Eymard, responsable de la commission technique, Patricia Tyssandier et Joël Batonnet. Pour réguler au mieux la flore adventice, la commission invite les producteurs à prendre en compte plusieurs paramètres : le climat (pluviométrie, températures), stade de développement de la culture et des adventices, profondeur de semis de la lentille, état structural du sol, aplanissement de la parcelle, pierrosité, réglage du matériel, temps de travail.
En 2020, l'ODG a expérimenté le semis de la lentille sous couvert d'avoine. Un couvert qui offre un levier de gestion complémentaire de la flore adventice. Notons que les résultats les plus prometteurs ont été obtenus avec un semis direct derrière un couvert d’avoine implanté à l’automne.
Le challenge de la transition écologique
À l'avenir, l'ODG entend poursuivre ses travaux d'expérimentation (essais, analyses de résultats, démonstration de matériels de précisions, travail de lobbying auprès des décideurs) afin d'apporter des solutions efficaces aux producteurs : "Nous devons développer et vulgariser les méthodes alternatives, rechercher de nouveaux matériels de désherbage, de semis, de récolte, rechercher des cultures associées et couverts végétaux, trouver des moyens financiers pour acquérir du matériel spécifique pour les producteurs ou par le biais des cuma" a indiqué le président Boyer qui encourage les acteurs de la filière à s'intéresser aussi à la vie du sol. Si le champ d'intervention technique de l'ODG est vaste, Philippe Boyer invite la filière à ne pas se mettre de limites. Il a par ailleurs rappelé que pour surmonter ces difficultés techniques, la filière avait besoin de temps et surtout de moyens financiers.
Enfin, le président de l'ODG a incité les agriculteurs de la zone à laisser une place à notre AOP dans leur assolement : "Chaque génération a eu un challenge à relever. Le nôtre a celui de la transition écologique à réussir. Alors sachons transformer cette faiblesse passagère en force pour le futur".