Un essai à transformer
Eric Germain, administrateur de la FDPL 63
Adhérent à Sodiaal, vous avez participé à l’Assemblée générale de la coopérative à Paris le 14 juin. A cette occasion, la coopérative a annoncé des retours aux producteurs. Est-ce une victoire après les actions syndicales menées ces derniers jours ?
Depuis le début de l’année, Sodiaal était l’entreprise qui avait le moins bien rémunéré ses producteurs. Les annonces de prix pour l’été et de redistribution, à la suite des actions, sont donc une avancée pour les producteurs. Les producteurs recevront sur leur compte 2,6€/T de dividendes (soit ~1000€ pour 380 000 L produits en 2016) auxquels seront déduits les 300 € d’aide de trésorerie versé en octobre 2016. 2€/T de capital compléteront ce versement.
C’est une victoire mais la façon dont elle a été obtenue n’est pas pleinement satisfaisante. Et on peut s’interroger sur la pérennité de cette avancée. Les producteurs auraient besoin de visibilité et de prix rémunérateurs, nous n’y sommes pas encore.
Une assemblée générale est l’occasion d’échanges entre les représentants des adhérents et les responsables de la coopérative. Qu’en retenez-vous ?
J’ai entendu que quelle que soit leur origine : bretons, normands ou auvergnats, les producteurs avaient les mêmes difficultés. Sodiaal paie le lait au même prix où qu’il soit produit. Et partout, les producteurs ne vivent pas avec du lait payé 300-320 €. J’ai demandé quelle ferme type Sodiaal imaginait pour ses producteurs demain. Une ferme qui, où qu’elle soit sur le territoire supporterait ces prix puisque c’est la politique de prix de la coopérative. J’ai été écouté, je crois, mais les réponses ont été pour le moins évasives, et aucun programme pour le prix de nos zones de montagne n’a été avancé.
Quelle stratégie, quelle politique attendez-vous de la coopérative ?
Nous, producteurs, nous attendons de la coopérative qu’elle fasse sa part du travail : commercialiser et valoriser au mieux notre production, celle qu’on lui confie. Nous avons besoin de prix rémunérateurs, bien sûr, pour assumer nos investissements et vivre. Nous avons aussi besoin de visibilité et de sécurisation pour faire face aux aléas et aux crises.
Aujourd’hui, la coopérative est capable de nous annoncer un programme 2017-2025, ou qu’elle va s’orienter vers des produits à fortes valeurs ajoutées, favoriser la qualité et restructurer les entreprises du groupe, c’est bien. Mais elle est incapable d’anticiper une crise à court terme. C’est insupportable.
Le nouveau directeur, Jorge BOUCAS, a semblé conscient de ces attentes des producteurs. C’est bon signe, car il est grand temps, que les directeurs de nos entreprises prennent conscience qu’ils travaillent pour la Coopérative c’est-à-dire pour nous et nos attentes !
Nous, producteurs impliqués à la FDPL, nous veillerons à ce que les engagements pris soient respectés et les feront évoluer autant que possible.