Un constat et des pistes de réflexion
Si l’activité agricole n’est pas seule responsable de la pollution diffuse, les professionnels de l’agriculture peuvent encore améliorer leurs pratiques. Sans pour autant dégrader leur potentiel de production.
Ouvrir son robinet et se servir un verre d’eau. Un geste du quotidien qui demande une vigilance de tous les instants en matière de qualité de l’eau. Dans l’Allier, on dénombre une centaine de sites de production d’eau potable répartis partout sur le territoire dont dix sont classés dans le dispositif des captages prioritaires Grenelle(1) et chaque année l’Agence régionale de santé (ARS) réalise 1 400 contrôles qualité sur le département.
Produire mieux sans jamais produire moins
Faire un point sur la qualité de l’eau dans l’Allier, évaluer la part de l’activité agricole dans la pollution des nappes et dégager des pistes de réflexion pour produire mieux sans jamais produire moins. Une vaste ambition discutée, jeudi 7 juin dernier, en préfecture de l’Allier, sous l’impulsion de Marie-Françoise Lecaillon, préfète de l’Allier, Claude Riboulet, président du Conseil départemental et Patrice Bonnin, président de la Chambre d’agriculture.
Nitrates et pesticides : les seuils sont respectés
Une eau polluée n’est bien sûr pas la résultante de la seule activité agricole. « L’activité industrielle, l’assainissement, les collectivités, le réseau routier sont aussi à l’origine de pollution », évoque Brigitte Cortier, technicienne sanitaire au sein de la délégation départementale de l’ARS. Pour ce qui est de l’agriculture, l’ARS est attentive aux taux de nitrates (2) ne devant pas dépasser 50 mg par litre et à la présence de produits phytosanitaires dont le seuil est fixé à 0,1 microgramme par litre par molécule. « Sur ces deux points, les résultats sont satisfaisants sur le département ». Avec tout de même quelques nuances : « Sur les nitrates, nous ne constatons aucun dépassement en teneur moyenne et des taux plutôt proches des 40 mg/l. Il n’y a donc aucun problème sur la distribution. En revanche, nous constatons des dépassements de taux à la ressource. Pour les pesticides, mis à part des dépassements ponctuels, la situation est saine ».
Produits phytosanitaires : « De plus en plus de molécules vont être recherchées »
En matière de produits phytosanitaires, les contrôles de plus en plus poussés amènent logiquement des réponses de plus en plus fines, comme l’explique Guillaume Cellier, conseiller eau à la Chambre d’agriculture de l’Allier. « Depuis 2016, le métolachlore ESA est recherché lors des analyses. Cette molécule de dégradation du S-métolachlore, issue d’herbicides utilisés en pré-levé maïs, est détectée sur de nombreux ouvrages et dépasse les seuils autorisés sur certains d’entre-eux. À l’image de cet herbicide, de plus en plus de molécules seront recherchées et donc, potentiellement détectées ».
Éviter d’en arriver à des contraintes réglementaires
Sur les captages prioritaires, la Chambre d’agriculture et le Syndicat mixte des eaux de l’Allier mènent un travail commun grâce au contrat territorial. Pour la partie agricole, le périmètre de mise en œuvre concerne une surface de 6 900 hectares et 120 agriculteurs dont 72 font l’objet d’un suivi individuel. « Sur ces secteurs et sur la base du volontariat, nous menons un travail sur la qualité de l’eau. Il est important de dire que nous parviendrons à des résultats intéressants qu’avec l’implication de tous les acteurs de l’amont à l’aval. Les agriculteurs doivent prendre leurs responsabilités afin d’éviter la mise en place de dispositifs réglementaires et contraignants ».
Améliorations
Ainsi, plusieurs pistes de travail se dégagent : « Cela passe par la connaissance et la gestion des effluents d’élevage, des suivis agronomiques individuels, la gestion des périodes d’interculture, l’accompagnement dans l’utilisation des produits phytosanitaires ou encore la sécurisation des puits et forages agricoles ».
MARIE RENAUD,
L’ALLIER AGRICOLE
(1) Les dix captages prioritaires sont situés à Trévol, à Gannay-sur-Loire, à Dompierre-sur-Besbre, à Bessay-sur-Allier, à Contigny, à La Ferté-Hauterive, à Paray-sous-Briailles (deux), à Varennes-sur-Allier et à Saint-Rémy-en-Rollat.
(2) Ce n’est pas tant les nitrates qui interrogent pour la santé humaine mais leur transformation en nitrites une fois dans le tube digestif. Nitrites qui peuvent être dangereux pour les femmes enceintes ou allaitantes et pour les nourrissons. Voilà pourquoi il est conseillé de boire de l’eau en bouteille durant ces périodes de vie.