Un congrès national et européen sous le signe de l’optimisme
Le Congrès annuel des marchés aux bestiaux français et européens s’est tenu les 9 et 10 avril dernier à Pouligny-Notre-Dame dans l’Indre.
120 participants dont cinq délégations européennes ont participé à cet événement majeur pour le secteur, rythmé par des conférences et des visites. La Fédération française des marchés de bétail vif (FMBV) compte cinquante marchés adhérents répartis sur tout le territoire pour 1,1 million d’animaux échangés annuellement par 5 000 opérateurs commerciaux et 20 000 éleveurs. À l’échelle européenne, l’association européenne des marchés de bétail (AEMB) regroupe les fédérations et marchés de plusieurs pays d’Europe : Belgique, Danemark, Espagne, France, Irlande, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni. Elle représente ainsi près de 360 marchés aux bestiaux qui commercialisent, par vente aux enchères ou accord de gré à gré, plus de 22 millions de bovins, ovins, porcins et chevaux chaque année. Le congrès s’est ouvert par la visite du marché au cadran de Chateaumeillant qui fête ses 20 ans cette année. Les visiteurs ont pu apprécier le système de vente au cadran avec ring de présentation des animaux. La ferme expérimentale des Bordes a ensuite exposé ses travaux en matière d’agronomie, d’alimentation, etc. et les participants ont pu visiter le nouveau bâtiment d’engraissement entièrement robotisé (robot distributeur, racleur, pailleuse…). Le lendemain, le marché de Sancoins a apporté un regard nouveau sur la vente aux enchères avec sa vente mobile dite « à la criée » où crieur et écran évoluent sur un chariot mobile à travers les parcs des animaux ; les acheteurs et vendeurs suivent le même parcours, boîtiers électroniques dans la poche pour enchérir. En plénière, les travaux ont débuté par l’intervention de Nicolas Forissier, député de l’Indre et ancien secrétaire d’État à l’agriculture : « S’ils savent se doter des moyens nécessaires, en matière d’accès au numérique notamment, les territoires ruraux ont une sérieuse carte à jouer en matière d’attractivité. On sent un nouveau dynamisme poindre, à nous de le saisir ».
Loi de Santé animale européenne : une simplification encore peu visible
La première conférence a ensuite traité de la Loi de Santé Animale européenne, en cours de rédaction à la Commission européenne, qui entrera en vigueur en 2021. Elle prévoit une catégorisation des maladies, renforce la prévention et la biosécurité et a pour objectif de faciliter les échanges tout en protégeant la sécurité sanitaire. Des changements sont prévus en matière de gestion des maladies et mouvements d’animaux. « Un fort impact est à prévoir sur la réglementation nationale qui sera à réécrire en profondeur », ont estimé les professionnels du secteur. Au niveau français, les organisations professionnelles sont très mobilisées aux côtés de la Direction générale de l’alimentation (DGAL) pour préparer les positions françaises. L’objectif de simplification visé est encore peu perceptible par les autorités et professionnels français. « Néanmoins, à ce stade, nous estimons que l’accès aux informations sanitaires des animaux en temps réel serait un des moyens indispensables pour encore mieux gérer le sanitaire en France », ont résumé les intervenants de l’une des tables rondes. La DGAL travaille à cette dématérialisation du statut sanitaire. En Belgique, c’est déjà chose faite.
Marchés : des leviers européens à actionner
En matière de conjoncture, Joaquim Ordeig Vila, de la direction générale de l’agriculture (DG Agri) à la Commission européenne, a indiqué que « le commerce de bovins vifs jouait un rôle essentiel dans le maintien d’une balance commerciale positive à l’échelle communautaire ». Sur le volet « transparence des marchés », il a rappelé le travail conduit par l’Union en matière de suivi et d’analyse (prix, volumes, évolutions), et les avancées obtenus dans le cadre du bilan de la PAC à mi-parcours : « Dans l’UE, les prévisions donnent un nombre d’animaux et un prix qui vont continuer à baisser en 2019 puis un rebond du prix des vaches en 2020. Phil Hogan a mis en place une task force fin 2016 visant à légiférer sur trois piliers : la contractualisation, les pratiques déloyales et la transparence. Ainsi, le Règlement Omnibus a permis de renforcer la possibilité pour les organisations de producteurs de contractualiser. Sur les pratiques déloyales, seule manque la publication du texte au journal officiel. Les États membres devront transposer les éléments de la Directive dans les deux ans ». Pour les éleveurs, et les acteurs du secteur, qu’ils soient privés, coopératives ou négociants, il est clair que la production bovine doit impérativement être protégée et rémunérée à sa juste valeur : « La situation actuelle du monde de l’élevage est catastrophique et on ne peut plus supporter que la production bovine soit la variable d’ajustement des négociations commerciales internationales ».