Un cap historique pour l’élevage mais qui demeure“très insuffisant”
Les réactions des représentants des éleveurs du Massif central sont en demi-teinte : entre satisfaction d’avoir “ouvert une brèche” et déception sur les montants.
Qui dit réorientation des soutiens dit d’un côté des gagnants, de l’autre des perdants. C’est du moins l’analyse rapide véhiculée par les journaux télévisés lundi soir, dans la foulée des annonces de Michel Barnier sur la mise en œuvre française du bilan de santé de la Pac : l’argent des riches céréaliers venant restaurer le revenu des éleveurs oubliés de la politique agricole commune depuis 1992. Sauf qu’à y regarder de plus près, et à lire les communiqués émanant des uns et des autres, les choses sont un peu plus compliquées. Du côté des perdants, le secteur des grandes cultures, les critiques fusent. Philippe Pinta, président d’Orama, dénonce ainsi des “positions très brutales” qui “menacent l’avenir”. Pour lui, Michel Barnier aurait commis une grave erreur en maintenant des orientations fixées en 2007 “lorsque la conjoncture des céréales et protéagineux était exceptionnellement favorable”.
“Ils auraient pu et dû faire plus”
Dans le camp des supposés gagnants, c’est loin d’être le grand soir et l’euphorie. Seule la Fédération nationale ovine (FNO) se félicite d’annonces qui “marquent un tournant historique pour la production ovine, trop longtemps oubliée dans les négociations de la Pac”. L’enveloppe de 160 millions e décidée par le gouvernement devrait en effet ramener la prime à la brebis au niveau de la PMTVA, soit environ 21 euros directement couplés à la brebis, auxquels s’ajoutent les 25 millions déjà débloqués cet automne pour revaloriser dès 2009 les DPU (droits à paiement unique). Sachant aussi que les moutonniers bénéficieront également du soutien herbager instauré au sein du premier pilier. Même adjectif - “historique” - mais bien moindre satisfecit chez les éleveurs de bovins. Tout en reconnaissant le cap historique franchi par le gouvernement à travers un soutien différencié à l’élevage “véritable fondation d’une politique de l’élevage pour l’après 2013”, les Éleveurs de races à viande du Grand Massif central n’en demeurent pas moins déçus par l’insuffisance des montants transférés du secteur végétal vers les productions animales. Et l’organisation de pointer du doigt “l’action irréfléchie de certains départements à production intensive” (...), qui aurait “incité les pouvoirs publics à ne pas mettre en œuvre un véritable rééquilibrage”, d’autant plus nécessaire selon eux que les cours des matières premières (céréales) repartent à la hausse. Conscients d’avoir remporté une bataille inédite, les éleveurs du Grand Massif central regardent déjà comment parachever une Pac remodelée d’ici 2013.
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
Droits de reproduction et de diffusion réservés.