Trois salariés associés dans une Scop pour fournir outils et matériaux aux pros
Éric Guérin, Franck LePage et Georges Fernandes se sont associés au sein d’une Société coopérative ouvrière de production pour vendre de l’outillage aux artisans et agriculteurs.
Ne pas se fier aux apparences... Juste à côté du bureau, l’entreprise Pro’Mat a installé une salle de vie avec son bar pour prendre un café, un billard, un babyfoot et même un jeu de fléchettes. Pour autant, celui-ci n’est même pas accroché au mur : les jeux servent assez peu : la cadence soutenue imposée par le travail ne laisse guère de temps pour s’accorder une pause entre collègues, fussent-ils des amis, voire de la famille. Ici, on commande auprès de 70 fournisseurs divers outils, pièces et accessoires, on remplit des camions et on part en tournée à la rencontre d’agriculteurs ou d’ouvriers sur un chantier. Ainsi, trois petits camions réalisent 3 000 km chacun tous les mois. Le voilà, le vrai quotidien de l’outilleur pour les pros.
Une croissance rapide
Et ça marche. Pour preuve, l’expansion qu’a pris Pro’Mat ces derniers mois. Au départ, l’idée est celle d’Éric Guérin. Son entreprise, née à Boisset en 2005, a rapidement embauché. L’été dernier, elle prend un nouveau virage, déménageant à Sansac-de-Marmiesse dans des locaux bien plus vastes, et change de statuts, adoptant au 1er septembre et après deux ans de réflexion, ceux d’une Société coopérative ouvrière de production (Scop). En résumé, les trois salariés s’associent pour devenir leurs propres patrons (voir détail ci-dessous). Ainsi, les parts sont elles équitablement réparties entre Éric Guérin, mais aussi son demi-frère Franck Le Page et Georges Fernandes. Chacun est à la fois associé, salarié... et patron. “C’est une garantie pour l’entreprise : personne n’étant majoritaire au sein de la société, si l’un s’en va, il ne met pas en péril la société(1). C’est aussi partager un état d’esprit : c’est s’engager à déléguer les pouvoirs”, explique le fondateur de Pro’Mat. Les deux autres points forts sur lesquels il met l’accent, c’est la vente en camions aménagés (50 000 € d’investissement chacun) et la parfaite connaissance du matériel vendu. Car Georges, Franck et Éric proposent à leur clientèle une prise en main et des démonstrations, aidés en cela par leurs parcours d’études et professionnels : “Nous avons chacun une formation technique.” Éric a en poche un bac F1 en construction mécanique, un BTS technico-commercial - “rare à l’époque où l’on faisait surtout de la force de vente, pour commercialiser n’importe quels types de produits” - suivi d’une expérience dans des sociétés du bâtiment ou de l’outillage. Georges a commencé par un CAP de mécanicien tourneur fraiseur, puis un bac F1 lui aussi, avant de s’orienter vers un BTS en bureau d’études. Il enchaîne les expériences en dessin industriel, convoyage, vente en magasin de pièces agricoles... Franck a également un parcours technique, s’étant d’abord orienté vers un CAP et un BEP de maintenance en système mécanique automatisé, avant d’autres expériences qui l’ont conduit jusqu’à la Ville d’Aurillac où, avec douze agents sous sa responsabilité, il avait en charge la surveillance de la voie publique. Un poste quitté pour rejoindre, en qualité de salarié, Pro’Mat en 2013.
La caverne d’Ali Baba
Ses compétences et son intérêt pour la sécurité ne l’ont pas quitté : le vaste local de stockage d’outillage est sous vidéo-protection... Les rayonnages occupent une grande place des 260 m2 disponibles, dans lesquels les fourgons peuvent être rentrés pour être réapprovisionnés. Une véritable caverne d’Ali Baba qui compte pas moins de 8 000 références (dont certains produits à l’abri du gel) aussi diverses qu’une paire de gants de chantier, un échafaudage, un compresseur, une combinaison ou des baguettes de soudure. De quoi outiller ou dépanner sur place des ouvriers du bâtiment, des agriculteurs, des professionnels de l’automobile... avec du matériel de qualité. “L’essentiel des fournisseurs sélectionnés fabriquent en France ou en Europe”, témoignent les associés. “Confiants dans la qualité des produits vendus, on n’hésite pas à les sérigraphier du nom de notre entreprise”, précise encore Éric Guérin. “Certains produits sont très spécifiques, comme ce marteau de couvreur qui va intéresser ceux qui travaillent la lauze. D’autres surprennent, comme cette pelle en aluminium, donc particulièrement solide, et qui pèse moins d’un kilo.” À bord de ses fourgons qui sillonnent 100 km autour d’Aurillac, Pro’Mat poursuit son chemin sur la voie du développement : il est question qu’un quatrième salarié les rejoigne...
(1) Sur ses réserves financières, la Scop se constitue une partie qu’elle ne peut redistribuer dans le capital social ou aux salariés actionnaires, favorisant ainsi sa pérennité.