« Sortez le carnet de chèques ! »
L’exaspération des agriculteurs créanciers d’aides MAEC et Bio est à son comble, la FDSEA et les JA de la Creuse maintiennent la pression.
Ce lundi 17 décembre, l’indignation des agriculteurs s’est déplacée au siège de l’Agence de Services et de Paiements à Limoges. Une cinquantaine d’exploitants agricoles a répondu présent à l’appel des deux syndicats FDSEA et JA23, pour rencontrer les responsables nationaux de l’ASP et demander le solde des aides du deuxième pilier qui accumulent des retards de paiement depuis 2016. La manifestation du 10 décembre avait déjà fait du bruit puisqu’un nombre important de policiers était présent autour du bâtiment. Les responsables agricoles, contactés par les services de sécurité de l’ASP, ont été informés qu’une délégation pouvait être reçue au sein de l’établissement. Pour Christian Arvis, secrétaire général de la FDSEA de la Creuse, « Il en est hors de question. Nous préférons que le directeur de l’ASP descende directement donner ses explications aux éleveurs. Nous voulons des explications publiques claires, nettes et précises. ». Après une petite heure d’attente, le directeur régional, Monsieur Yannic Monteilhet, venait à la rencontre des éleveurs accompagné de deux autres personnes représentant la DRAAF et la DDT.
Au-delà de la récurrente excuse d’un dysfonctionnement de logiciel, d’autres éclaircissements étaient attendus. Monsieur Monteilhet s’est d’abord montré compréhensif : « Votre colère est légitime, néanmoins je peux vous assurer que la situation est meilleure qu’il y quatre mois […] Nous avons réglés 99 % des dossiers sur cette questions, et nous sommes d’accord que les 1 % qui reste sont déjà de trop ». Côté agriculteurs, le ton est monté car ces réponses n’étaient pas à la hauteur des attentes. Michael Magnier, président de JA23 a alors demandé plus de précisions : « Donnez-nous des dates, un calendrier de versements ! ». Mais Monsieur Monteilhet n’avait visiblement pas cette carte en main : « Concernant les aides bio, un outil informatique doit nous être livré fin février pour le déblocage des dossiers, le paiement devrait arriver le mois suivant. ». Madame Emmanuelle Poirier, épuisée par la situation administrative de son dossier PAC, qui met à mal la santé financière de son exploitation avec trois années de soldes impayés, lance : « Rendez-vous compte que derrière vos chiffres et vos lignes, il y a des hommes, des femmes, des familles, qui essayent de vivre de leur travail ».Le dialogue est resté cordial malgré quelques échanges virulents, témoignant de la situation périlleuse des agriculteurs sur le terrain. Jean-Marie Colon, vice-président de Jeunes Agriculteurs a offert symboliquement un stylo au directeur régional pour pallier les problèmes informatiques.
En fin de journée, le bilan était plutôt mitigé pour les éleveurs. Toute la lumière n’a pas pu être apportée sur un sujet épineux, aucune date précise n’a été donnée, seulement une période où les paiements devraient arriver. Même si la promesse qu’un effort sera fait prioritairement sur les fermes les plus en difficulté, cela concerne tout de même une vingtaine de dossiers dans toute la Creuse. De toute évidence, il n’y a pas de réponse simple face à cette machine complexe qu’est l’administration française, et ceci laisse un goût amer chez beaucoup d’éleveurs qui au vu des difficultés de mise en place du paiement vert de la dernière PAC, laisse à penser que cela pourrait perdurer puisque les politiques tendent vers toujours plus de mesures environnementales.
Déterminé à obtenir quelque chose, le groupe de manifestant est ensuite allé frapper à la porte du Conseil régional afin d’accélérer la mise en œuvre des aides régionales pour faire face à la sécheresse. Un rendez-vous a été obtenu le 9 janvier avec le directeur régional pour discuter des enveloppes de 250 000 € et 3 500 000 € prévues pour la gestion des circonstances climatiques exceptionnelles.