«Sodiaal doit être moteur de la revalorisation du prix du lait»
À l’appel de FNPL, les producteurs de lait du Massif central ont rencontré les dirigeants de Sodiaal ce mardi 13 juin. Ils demandent une revalorisation réelle et urgente du prix du lait.
Après le blocage de l’usine Sodiaal de Guingamp dans les Côtes d’Armor les 6 et 7 juin derniers, les producteurs de lait ont élargi leur mobilisation nationale ce mardi 13 juin. Objectif : obtenir une revalorisation urgente du prix du lait. Dans le Massif central, les éleveurs laitiers ont choisi un «face à face» avec Laurent Duplomb et Yves Soulhol, président et directeur de Sodiaal, section Massif central.
Au moins 350 € /1000 litres de lait
Sept représentants professionnels(1) de l’Allier, du Cantal, de la Haute-Loire et du Puy-de-Dôme ont demandé instamment aux deux dirigeants «de mener une politique offensive sur le prix du lait». «Depuis le début de l’année et alors que tous les indicateurs sont au vert (ndlr : flambée du prix du beurre et hausse de la poudre de lait), les coopératives ne jouent pas le jeu de la revalorisation du prix aux producteurs. Or après deux années de crise on ne peut plus se contenter de promesses et d’un prix moyen annuel de 305 €/1000 litres !» avance Éric Richard (43). «Le prix aux producteurs est revu à la baisse quand le prix mondial recule, mais pas à la hausse quand le prix monte. Ce n’est plus possible !», poursuit Guy Touzet (15).
Les éleveurs demandent une rémunération urgente de 350 eu-ros/1 000 l sur les mois de juillet, août et septembre voire plus, alors qu’ils sont rémunérés actuellement 300 €/1 000 l. «Sodiaal doit être moteur sur le prix du lait, de sorte que les autres entreprises suivent son positionnement pour faire évoluer le prix payé à leurs propres producteurs» explique David Chauve, président de la Fnsea 63.
Partager le résultat
«Notre objectif chez Sodiaal est d’établir le prix le plus juste possible et de faire du résultat pour le partager ensuite avec les producteurs, rétorque Laurent Duplomb. C’est le principe du système coopératif !».
En réponse aux revendications des producteurs, la coop propose donc de distribuer 25 millions d’euros du résultat aux adhérents, selon les modalités suivantes : 2,60 €/1 000 l en cash et 2 €/1 000 l en capital, soit un complément de prix de 4,60 €/1 000 l sur le prix annuel 2016. Puis 310 €/1 000 l en juillet et 340 € en août et septembre. «Sur le dernier trimestre 2017, si les cotations se maintiennent comme aujourd’hui, nous devrions être entre 310 et 315 €/1 000 l sur la fin de l’année» précise-t-elle. Des propositions qui ne satisfont qu’à moitié les producteurs… «les éleveurs du massif central font le dos rond depuis trop longtemps ; pour certains c’est l’abandon de la production qui se profile… on ne peut pas continuer comme ça, il faut un revenu décent !»
Que la loi soit respectée !
Convaincus que «le prix du lait se construit et ne se décrète pas», les producteurs du Massif central demandent par ailleurs l’application et le respect de la Loi sapin 2. Celle-ci stipule de prendre en compte les coûts de production pour obtenir des revalorisations de tarifs, notamment sur le marché des MDD. «La loi Sapin 2 est opérationnelle si tous les acteurs économiques le décident ! Or très peu l’appliquent et aucune sanction n’est prise à leur encontre !» s’insurgent les membres de la délégation.
Dans la perspective des états généraux de l’alimentation, la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) compte bien revendiquer un réel partage de la valeur. «Les producteurs ne doivent plus être la variable d’ajustement mais de véritables acteurs de la filière, insiste le représentant du Puy-de-Dôme. Nous veillerons à ce qu’une nouvelle méthode de détermination du prix soit adoptée pour fixer un prix juste à la production».
(1) Les membres de la délégation : Guy Touzet et Nicolas Cussac (15) ; Pascal Morand (03), Éric Richard et René Raynaud (43) ; David Chauve et Sandrine Schiettekatte (63).
Il a dit…
"C''est un premier pas…"
Après la rencontre de mardi avec les représentants de Sodiaal, Eric Richard président de la Section laitière de la FDSEA de Haute-Loire souligne : «Cette rencontre a été très constructive, malgré un débat musclé…».
Les producteurs ont obtenu une revalorisation du prix du lait sur la fin de l’année, qui permettrait d’atteindre un prix annuel proche de 320 €/1 000 l. Éric Richard reconnaît : «C’est un premier pas. Nous avons obtenu, grâce à la pression sur la coopérative Sodiaal très importante sur le département, une revalorisation du prix du lait sur la fin de l’année de 10 € de suite… Les perspectives semblent assez intéressantes, avec une lisibilité jusqu’en octobre». Il temporise : «Il faut néanmoins être prudent… ces prix intéressants ne reflèteront peut-être pas le marché. On va en effet vers une baisse de la production partout en Europe», et prévient : «Le syndicalisme continue sa veille et n’hésitera pas à revoir les entreprises si le marché le justifie».
Le président départemental ajoute : «L’an dernier, le 5 du mois on ne savait pas à quel prix notre lait serait payé, aujourd’hui on a une visibilité à 5-6 mois… C’est plutôt encourageant».
Propos recueillis par Suzanne Marion