Session CRAL : les chambres à l’heure de la réforme territoriale
La session de la Chambre régionale d’agriculture Limousin (CRAL) s’est tenue le 30 mars dernier à Ussel. La réforme territoriale a pris une large part dans les débats de même que les retards pris dans la mise en œuvre de la PAC. Dans les deux cas, de nombreux questionnements se sont faits jour auxquels les représentants des services de l’État et de la Région ont apporté des éléments de réponse.
C’est dans une antenne locale de la Chambre d’agriculture de la Corrèze que s’est déroulée la session de la CRAL. Un choix symbolique au moment où la réforme territoriale oblige les chambres à se réorganiser. Par ce choix, c’est la nécessaire proximité des chambres et du terrain qui était réaffirmée. Ladite réforme était d’ailleurs un des grands sujets abordés par le président de la CRAL dans son allocution. Jean-Philippe Viollet a souligné le risque pour le Limousin d’être minoritaire dans le futur ensemble régional et a appelé les structures, dont les chambres, à s’organiser.
Les chambres et la réforme territoriale
Le directeur de la CRAL a fait le point sur les travaux en cours à ce sujet. La grande région aura une seule chambre régionale ainsi que le Code rural le prévoit. Le regroupement régional ne sera pas simplement synonyme de fusion des chambres. L’échelon territorial devra également se réorganiser et des collaborations entre chambres départementales s’instaurer. Pour l’heure, d’ici le début 2016, une gouvernance de la nouvelle chambre régionale devra se mettre en place et préparer un budget unique. En clair, une nouvelle session rassemblant les membres des sessions des chambres régionales actuelles sera créée, ainsi qu’un bureau de 20 membres (au moins un représentant par département) qui élira un président. Transitoire, cette gouvernance sera maintenue jusqu’aux élections de 2019. Elle planchera aussi sur la nouvelle organisation. Certaines questions demeurent encore en suspend, et notamment celles de la représentation du Limousin dans le nouvel ensemble ou du sort réservé aux programmes de développement régionaux. Le retard et le devenir du Programme de développement rural régional (PDRR) dans la future région inquiètent également. Claude Trémouille, vice-président de la région Limousin en charge de l’agriculture, a rassuré les participants : un redécoupage adapté à la nouvelle région n’est pas à l’ordre du jour. La région Limousin planche également sur le Plan pour la compétitivité et l’adaptation des exploitations agricoles (PCAE), le lancement des appels à projets étant prévu pour la mi-avril. De son côté, Anne-Marie Boulangier, directrice de la DRAAF, a indiqué travailler en relation avec ses homologues aquitain et picto-charentais sur un diagnostic complet de l’agriculture de la nouvelle grande région, ajoutant qu’il fallait faire « reconnaître l’expertise limousine en matière d’élevage ». Elle a également déclaré soutenir le dossier de demande d’Indication géographique protégée Bœuf du Limousin.
La PAC : des questions encore sans réponses
D’autres interrogations ont été évoquées à la session. Des interrogations sur la PAC qui s’accompagnent « de mauvaises surprises », et d’un « retard considérable » et qui suscitent la colère du monde agricole comme l’a rappelé Jean-Philippe Viollet. « On a du mal à croire que cette PAC était bien sous le régime de la simplification... » a-t-il déploré, tout en qualifiant cependant de « plutôt rassurantes » les nouvelles sur l’ICHN arrivées mercredi. Le président de la Chambre régionale a également souligné le travail important fait sur les zones vulnérables qui a permis de réduire le nombre de communes concernées en Limousin. Pour autant, le taux de 18 mg/l pour l’eutrophisation des eaux de surface n’est pas remis en cause. « Le combat continue et le ministre de l’Agriculture a été interpellé sur ce point à la session APCA », a précisé Jean-Philippe Viollet. Il a également appelé à ne pas « se laisser envahir par la surenchère environnementale et le dogmatisme ». Pour la FRSEA Limousin, Daniel Couderc a invité à la vigilance sur l’ICHN, tout comme sur la question des prairies temporaires, de la taxe à la défriche ou de la définition des cours d’eau. « Il faut d’ores et déjà se préparer à la PAC post 2020. Notre objectif devra être de gagner en compétitivité », a-t-il conclu. Face à ces questionnements, a directrice de la DRAAF a déclaré comprendre le mécontentement des agriculteurs même si les retards qui demeurent sont « résiduels ». Elle a souligné le travail de Stéphane Le Foll sur l’ICHN, rappelant que la Commission européenne ne souhaitait au départ aucun critère, et que la revalorisation en cours est la plus importante jamais accordée. Sur la question de l’agroécologie, Anne-Marie Boulangier estime que le Limousin a une carte à jouer via la MAEC « herbagère ». L’Indice de fréquence de traitement, dernier obstacle sur le dossier, sera au cœur d’une prochaine rencontre entre le ministère de l’’agriculture, la DRAAF et la Région Limousin.