Se prémunir contre la FCO en préservant le commerce
Lors du Comité de suivi de la fièvre catarrhale ovine, le 3 novembre, les éleveurs ont demandé un allégement des restrictions de mouvements d'animaux. la FCO continue sa progression. Le sérotype 1 qui vient du sud se rapproche de notre département alors d'un foyer a été détecté dans le Finistère. Par ailleurs,, un autre sérotype, le 6, vient d'apparaître aux Pays Bas.
Le 3 novembre, le comité de suivi de la Fièvre catarrhale ovine (FCO) s’est réuni au ministère de l’Agriculture. Cette réunion a drainé rue de Varennes, - là où se situe le ministère - 150 éleveurs accompagnés d’une vache charolaise. Ils sont venus manifester leur soutien aux responsables professionnels de la FNSEA, des JA, de la FNB et des FDSEA locales afin d’obtenir des assouplissements sur la circulation des animaux, perturbée par l’épizootie de FCO.
En effet, une information avait circulé selon laquelle une vaccination contre le sérotype 1 devait démarrer dès le 24 novembre dans les zones du grand bassin allaitant (les animaux sont déjà vaccinés contre le sérotype 8), où plus de 80 % des broutards sont exportés vers l’Italie. La mise en œuvre d’une telle vaccination aurait eu pour effet de placer cette région en zone réglementée au regard de la FCO, avec pour conséquence des freins à la circulation des animaux et notamment l’interdiction de les sortir des élevages pendant les 90 jours qui suivent la vaccination. Un certain nombre d’opérateurs, les marchands de bestiaux notamment, avait anticipé cette mesure et convaincu les éleveurs de commercialiser leurs broutards, avant la date fatidique. Ce qui a provoqué un effondrement du marché.
En fait, cette vaccination devrait se faire dans le courant de l’hiver et en tout cas avant le 30 avril prochain, a indiqué Pascal Ferey, vice-président de la FNSEA. En attentant les responsables professionnels ont demandé à Michel Barnier d’obtenir de Bruxelles un régime dérogatoire, de façon à ce que les animaux puissent sortir des élevages 25 jours (et non 90 jours) après la vaccination. « Nous ne voulons pas de vaccination tant qu’il n’y aura pas de dérogation », plaide Jean-Pierre Fleury, vice-président de la FNB.
Si la vaccination perturbe le commerce, les éleveurs savent bien, pourtant qu’elle est le meilleur rempart contre la diffusion de la FCO.
Hypothèses
Récemment, un cas de FCO de sérotype 1 a été détecté dans le Finistère, à 500 kilomètres de la zone actuelle de contamination, située dans le sud-ouest. La direction générale de l’alimentation (DGAL) a demandé l’extension de cette zone, désormais réglementée 1 et 8. Cette nouvelle situation nécessite le démarrage d’une nouvelle campagne de vaccination contre le sérotype 1.
Si l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) ne rend ses conclusions que la semaine prochaine pour expliquer la présence du virus dans la zone, au Centre de coopération internationale en recherche agronomique (Cirad), on avance déjà des hypothèses. « Il pourrait s’agir d’une introduction du virus par des moucherons piqueurs infectés, ayant voyagé dans des véhicules (camion de bétail mal désinsectisés, par exemple) ou apporté par le vent. Le record avéré de transmission par cette voie est de 700 kilomètres, ce qui rend possible une introduction à partir du sud-ouest de la France. Toutefois, l’hypothèse qui semble la plus pertinente est l’introduction d’animaux infectés provenant de zone de circulation virale. Des mouvements illégaux de bétail provenant de ces zones sont possibles et effectivement constatés de temps à autre lors d’inspections menées par les services vétérinaires », avance Renaud Lancelot, chercheur au Cirad et coordinateur du projet Eden (Emerging diseases in a changing european environnent)*.
Six
Un autre, le sérotype 6 s’est déclaré aux Pays-Bas, depuis début septembre dernier. 4 fermes, situées au Nord-est de ce pays en sont victimes et quatre cas sont, à l’heure actuelle, recensés. L’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) comme le Cirad ignorent encore l’origine du virus. Bien qu’il existe des hypothèses. Renaud Lancelot explique : « Une des hypothèse serait l’utilisation illégale en Hollande, d’un vaccin vivant provenant d’Afrique du Sud où sont présents 23 des sérotypes de fièvre catarrhale sur les 24 qui sont déjà identifiés. En effet, le virus isolé aux Pays-Bas serait très proche de cette source vaccinale. En Europe, il est interdit d’utiliser des vaccins vivants, sauf en cas de force majeure, ce qui n’est pas le cas en Afrique du Sud, en raison notamment de la nature des élevages ».
* Le projet européen Eden a pour objectif de comprendre l’impact des changements environnementaux sur le risque d’émergence ou de réémergence de maladies à transmission vectorielle communes aux animaux et aux êtres humains en Europe. Eden réunit 49 partenaires, issus de 24 pays, pendant cinq ans (2004-2009), dont le Cirad, l’Institut Pasteur, l’IRD, l’Inra et l’EID-Méditerranée pour la France.
Répartition de l'enveloppe
Les professionnels ont également obtenu du ministre de l’Agriculture la création d’une cellule de crise FCO départementale, associant autour du préfet les éleveurs et les vétérinaires en charge de la vaccination dans chaque département. Michel Barnier a précisé aux responsables professionnels les modalités de répartition de l’enveloppe qu’il a annoncée au Sommet de l’élevage de Clermont-Ferrand début octobre. Sur la trentaine de millions débloquée, 6 millions sont affectés au Fonds d’allégement des charges, 21 millions sont destinés à « la repousse », c’est-à-dire au stockage des broutards en ferme à raison de 30 €/par tête et par mois et le solde (5 millions d’euros) pour une aide à l’engraissement pour 80 € par animal.
Cette mesure est toutefois jugée « insuffisante » par Pascal Ferey qui a appelé les éleveurs à se mobiliser le 7 novembre, pour obtenir « une année blanche », c’est-à-dire une prise en charge des cotisations sociales, des intérêts des emprunts et un report en fin de tableau d’amortissement du remboursement du capital.