Rompre le lien au veau pour sauver le rameau laitier
Si le travail est facilité, les éleveurs de salers traites seront plus nombreux pour défendre un projet AOC.

Premiers résultats dans trois ans
Les solutions qu’envisage le président, Michel Tafanel, consistent d’une part à trouver à court terme un moyen de traire les vaches sans la présence du veau ; d’autre part, à long terme, d’envisager une AOC dont le cahier des charges nécessiterait du lait issu de la race. Sur le premier point, une expérimentation est en cours. Des embryons de race pure (mais à fort potentiel laitier), portés par des laitières holstein, feront des génisses salers élevées dans les conditions habituelles d’un troupeau laitier. Capables donc de se passer de la présence de leur mère. Il est probable que, lorsqu’à leur tour elles mettront bas, elles ne chercheront pas systématiquement leur veau pour donner leur lait, suivant le seul exemple qu’elles ont connu. Il ne s’agit donc pas d’un travail génétique à proprement parler, mais d’un changement comportemental. Plusieurs sites participent à ce test : l’Inra (Marcenat), le lycée agricole Pompidou (Aurillac) et il est souhaité que le CAT d’Anjoigny (Saint-Cernin) rejoigne la démarche. Une dizaine d’embryons salers seront implantés avant Noël dans chacun des troupeaux laitiers. Soit une trentaine de mères porteuses. Les premiers résultats seront connus après le vêlage précoce (à deux ans) des génisses, dans trois ans. Mais le programme sera lancé sur trois générations, sur dix ans environ.
Tous les salers au lait de salers
L’expérience ne porte pas sur l’amélioration du volume de lait produit, mais devrait servir le maintien et l’installation de nouveaux agriculteurs en système salers trait. L’autre facteur d’encouragement étant, comme le rappelle le directeur du Herd-book, Bruno Faure, de parvenir à être suffisamment nombreux pour pouvoir prétendre, d’ici à une trentaine d’années, à ce que l’AOC salers exige une fabrication au lait de salers. Toute ambiguïté serait alors levée pour un consommateur très souvent perdu dans les appellations et faisant trop rapidement le lien entre le nom du fromage et celui de la vache.