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Prévention
Risques d’incendie : la vigilance s’impose

La prévention du risque incendie est essentielle dans toute exploitation car un départ de feu peut avoir des conséquences souvent très lourdes. Le point avec Gilles Bonnet, ingénieur en prévention chez Groupama Rhône-Alpes Auvergne.

Prévention des incendies dans les exploitations agricoles
25 % des incendies sont cau­sés par l’action d’un tiers, volontaire ou accidentelle.
© © DR

Quels sont les incendies les plus fré­quents dans les exploitations agricoles ?
Gilles Bonnet : " D’après une enquête réalisée par Groupama France sur la pé­riode 2016-2019 sur une base d’environ 1 200 sinistres supérieurs à 50 000 € de dégâts, 25 % des incendies sont cau­sés par l’action d’un tiers, volontaire ou accidentelle. L’électricité est en cause dans 16 % des départs de feu, tandis que les engins agricoles sont à l’origine de 10 % des incendies dans les fermes. L’auto-échauffement du fourrage provo­qué par la fermentation du foin, concerne 8 % des accidents, les travaux par points chauds 6 % (NDLR, ponçage, soudure, découpe, meulage, travaux de toiture, brasages…) et le chauffage 5 %. 23 % des incendies sont classés dans la caté­gorie " causes indéterminées ", lorsque les raisons du départ de feu ne peuvent pas être tranchées. "


Toutes les filières sont-elles logées à la même enseigne en matière d’in­cendie ?
G.B. : " Chaque filière a ses propres spé­cificités et des contraintes logistiques et matérielles à respecter pour éviter un incendie. Ce qui implique qu’elles sont exposées à des risques différents selon les activités exercées. Selon cette même enquête, les exploitations " d’agriculture générale " (NDLR, activité agricole n’ayant pas de spécialité) représentent 18 % des coûts de l’ensemble des sinistres obser­vés sur la période 2016-2019. Suivent les exploitations bovin lait avec 7 % des coûts et les élevages spécialisés hors sol (3 %). Pour ces derniers, chaque si­nistre coûte très cher car il en découle rapidement des pertes matérielles et d’animaux très importantes. L’électricité est souvent à l’origine de l’incendie dans ce type de bâtiment énergivore, surtout l’hiver. L’élevage bovin, la viticulture, le maraîchage et l’horticulture ne sont que très peu impactés (environ 2 % des coûts de la totalité des sinistres). Notons aussi que les retraités exploitants agricoles représentent 20 % des agriculteurs im­pactés par un incendie sur leur ferme. La raison qui semble la plus probable : des installations anciennes et une démarche de prévention sans doute moins marquée que chez les jeunes exploitants. "


En quoi consiste la première visite ef­fectuée par les chargés de prévention de Groupama ?
G.B. : " La visite d’entrée en portefeuille figure parmi les clauses du contrat d’as­surance. L’objectif de cette rencontre est de limiter le risque incendie sur l’exploi­tation. Peuvent suivre ensuite des visites de suivi tous les deux ou trois ans, s’il y a eu des installations ou des travaux sur la ferme. Nos douze experts font le tour de la ferme avec l’agriculteur, vérifient les installations électriques, s’assurent de la séparation des lieux dans les cas où il y a plusieurs activités, si les câbles passent au bon endroit et respectent la norme… Nous faisons aussi de la préven­tion auprès des jeunes agriculteurs en leur proposant une visite orientée conseil chez nous. Souvent ils viennent d’intégrer un Gaec et cela nous permet de refaire une visite sur l’exploitation. Aujourd’hui, elles sont mieux tenues par les chefs d’entreprise avec un meilleur suivi de la réglementation imposée (le Code du travail – ICPE) et un meilleur entretien des engins agricoles et des différents process. Lors de cette visite on regarde aussi les moyens de protection qu’ils ont sous la main pour pouvoir intervenir rapi­dement en cas de départ de feu. "


Quelles sont les mesures de préven­tion à mettre en place pour éviter le départ d’un sinistre ?
G.B. : " Pour déclencher un incendie, il faut que trois éléments entrent en contact : le combustible (le composé chimique), le comburant (l’air) et l’éner­gie d’activation (l’étincelle). C’est ce qu’on appelle le triangle du feu. Pour éviter un incendie, il suffit souvent juste de mettre en place des mesures simples d’organi­sation. La première règle à avoir en tête : la séparation des bâtiments (stockage, remisage, ateliers). Ils doivent tous être séparés d’au moins dix mètres. Autre recommandation : laisser refroidir son tracteur loin des bâtiments, lorsqu’il a fonctionné pendant plusieurs heures. Nous demandons aussi, dans l’idéal, d’équiper son tracteur d’un coupe-cir­cuit qui stoppe net l’alimentation de la batterie. Le nettoyage des engins est primordial pour prévenir les départs de feu dus au dépôt de poussières de foin et de paille aux alentours des pots d’échappement. Les poussières qui s’ac­cumulent dans les transmissions sont très dangereuses. D’où l’importance de les nettoyer et de bien les graisser. Sur la moissonneuse-batteuse un extincteur de 9 l doit être présent et accessible en cas d’incendie. Attention aussi au coffret électrique qui reste ouvert. Il doit être fermé, étanche, loin du stockage des combustibles. La moindre poussière en contact avec un point chaud peut s’en­flammer. "


L’auto-échauffement du fourrage re­présente un possible danger pour les éleveurs…
G.B. : " Dans 80 % des cas, les au­to-échauffements de fourrage se passent au mois de juillet. C’est souvent la botte tout en fond du stockage qui monte en autofermentation par manque d’aéra­tion. Généralement, on s’en aperçoit à l’odeur. Il faut impérativement laisser sécher au maximum les bottes dans les champs avant de les rentrer dans les bâtiments, surtout s’il a plu quelques jours ou heures avant. Le risque d’auto­fermentation de fourrage est alors encore plus important car l’hygrométrie (le taux d’humidité) est plus élevée. Aujourd’hui, il existe des sondes connectées qui, une fois placées dans les bottes de foin, af­fichent la température sur le téléphone via une application. Ces sondes peuvent aussi être placées sur la fourche du trac­teur. Si la température dépasse les 70 °C, il est impératif d’appeler les pompiers avant de débotteler. "


Quelles précautions faut-il prendre pour éviter les risques de surtension électrique ?
G.B. : " La surtension électrique peut arri­ver dans deux cas : soit en cas de travaux sur votre ligne, lorsque le fournisseur d’électricité entreprend des travaux sur ses postes à hautes tensions - on est alors confronté à des pics de tension élevés - soit lorsque la foudre frappe la ligne élec­trique qui alimente l’exploitation agricole ou le bâtiment lui-même, causée par un violent orage. Nous demandons aux agri­culteurs la mise en place de parafoudre dans le tableau électrique général afin de limiter les surtensions. Nous pouvons aussi en demander un deuxième vers un élément électrique sensible. Beaucoup d’appareils sont aujourd’hui équipés de composants électroniques sensibles, comme des ordinateurs et des transmis­sions radio, wifi… Lorsque des millions de volts tombent sur un bâtiment, cela peut faire de gros dégâts. Heureusement, ce n’est pas fréquent, mais ça peut arriver. Mieux vaut prévenir que guérir ! "
 

 

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