Chambre régionale du Limousin
Retrouver d'urgence le chemin du pragmatisme
Les élus de la chambre régionale d'agriculture du Limousin se sont retrouvés, en session, la semaine dernière, à Sarran en Corrèze, au musée du Président Chirac.
Plus qu'un simple tour d'horizon des sujets d'actualités, Joël Soursac, président de la chambre régionale d'agriculture du Limousin est entré, lors de la session, dans le détail des préoccupations agricoles du moment. Réforme de la PAC, relation avec le Conseil régional du Limousin, soutien aux investissements, installation, enseignement agricole, production laitière désengagement de l'Etat…La liste des sujets, qui pour le moment, comportent une multitude d'incertitudes est immense, et le président n'a en aucun cas cherché à les éluder bien au contraire. Sur le bilan de santé de la PAC, Joël Soursac a salué « le travail mené très en amont, par le syndicalisme du Massif central », qui a abouti à la prise de conscience d'un rééquilibrage nécessaire de la PAC « en faveur des zones d'élevage et des productions à base d'herbe ». Alors que les groupes de travail n'ont pas encore rendu leur copie sur la mise en œuvre de la prime à l'herbe, le président de la chambre régionale estime qu'il serait grand temps d'arbitrer au risque de « perdre l'objectif de cette mesure ».
Herbe productive
« Nous avons demandé un soutien en faveur de l'herbe productive avec un seuil de chargement de 0,5 UGB/ha. Mais aujourd'hui, le groupe de travail national a fort à faire avec les régions d'élevage extensif qui veulent pouvoir bénéficier de ce soutien sur le 1er pilier, alors que franchement, le deuxième pilier leur est clairement destiné ». Sentiment partagé, par Joseph Mousset, président de la FDSEA de la Haute-Vienne, mais aussi par la majorité de l'assemblée : « Il est impératif que les groupes de travail avancent rapidement afin d'éviter de complexifier le système d'attribution de la prime à l'herbe ». Si les professionnels du Limousin seront attentifs aux conclusions des groupes de travail, qui devraient intervenir très prochainement, ils n'en oublient pas pour autant les difficultés que traversent actuellement le monde de l'élevage. « Le marché et les débouchés restent durs et nous n'avons pas encore enclenché une dynamique ambitieuse avec les opérateurs »1.
Bon sens
La FCO demeure, quant à elle, malheureusement toujours d'actualité. Les conséquences sont d'ores et déjà visibles, puisque la région accuse un déficit de naissances cumulé depuis le 1er août au 30 mars de plus de 12 % par rapport à 2007, soit 50 000 veaux nés en moins. Sachant que le pic de déficit a été atteint en février avec des écarts de 35 %. « A priori, il ne s'agit pas d'un décalage de deux à trois mois mais bien purement et simplement d'un déficit de naissance qui ne se rattrapera pas », a précisé Joël Soursac. Face aux incertitudes qui planent sur l'efficacité de la vaccination, le président en appelle au bon sens : « Il est urgent, sur la base du volontariat, de mettre en place des cheptels sentinelles permettant de mesurer les conséquences de la vaccination et de la non vaccination sur les troupeaux ».
1 Construit en partenariat entre les organisations économiques et la région, un appel à projet « finition en bovin viande » vient d'être mis en œuvre.
Ping-pong avec la Région
Le vice-président du Conseil régional du Limousin, en charge de l'agriculture, de la montagne et de l'enseignement agricole, Claude Tremouille a participé à la session de la chambre régionale. Il a été interpellé à plusieurs reprises par les élus, en premier lieu par le président de la chambre régional, déçu par « le travail de plus en plus laborieux mené avec le Conseil régional du Limousin ». Et d'espérer le retour prochain « à un partenariat plus pragmatique ». De son côté, le Creusois, Olivier Tourand s'est interrogé, sur le rôle joué par les administratifs de l'exécutif régional dans la prise de décision, un peu trop envahissant, à son goût. Réponse du vice-président : « Ce ne sont pas aux administratifs de décider. C'est l'élu en dernier recours, qui prend les décisions ». Sur l'installation, Joël Soursac n'y est pas allé par quatre chemins : « Les points infos installation accueil sont ceux de tous les porteurs de projets en agriculture. La région est un partenaire indispensable à une politique d'accueil et d'installation en agriculture, elle doit choisir d'apporter son soutien en terme de reconnaissance et contribution financière au dispositif imaginé et mis en place par la profession ». Dans les établissements agricoles, les professionnels attendent le même type d'implication de la région, et pas question pour eux de voir disparaître le support essentiel de la ferme. « Il n'est pas concevable que la formation des futurs agriculteurs et salariés se fasse sur des établissements vidés de leur exploitation agricole. Certes il faut revoir leur fonctionnement, renforcer leur lien avec le développement et l'innovation, mais en aucun cas les abandonner ». A bon entendeur…