Rénovation de l’apprentissage et de la formation professionnelle
Le monde agricole a exprimé sa volonté de préserver la spécificité agricole de la formation tout en mettant en place des leviers pour rendre les métiers plus attractifs.
Le 25 octobre, le gouvernement a présenté sa feuille de route pour la transformation de l’apprentissage, la formation professionnelle et l’assurance-chômage. Les concertations et les négociations doivent déboucher fin janvier, pour un vote en juin 2018. Les organisations professionnelles agricoles ont rencontré le Premier ministre et la ministre du travail à ce sujet. Elles ont transmis leurs demandes et leurs propositions. Jérôme Volle, président de la Commission emploi de la FNSEA a précisé que dans cette réforme «il est important de garder des outils au service de la production agricole et de ne pas être noyé dans une formation professionnelle tout azimut, on veut garder nos spécificités». François Rihouet, secrétaire général adjoint de Jeunes Agriculteurs, confirme ce propos en exprimant sa volonté que la formation professionnelle agricole «reste attachée au ministère de l'Agriculture».
L'apprentissage sera le premier des trois chantiers, il a démarré début novembre avec l'installation de quatre groupes de travail - parcours de l'apprenti, entreprise, gouvernance et financement, et offre de formation - sous l'égide de Sylvie Brunet, présidente de la section du travail et de l'emploi du CESE.
L’apprentissage, la formation professionnelle et l’assurance-chômage vont faire l’objet d’une réforme gouvernementale afin d’être transformés. Une feuille de route a été présentée le 25 octobre dernier.L’apprentissage est un sujet essentiel pour le monde agricole, il permet de renforcer l’attractivité des métiers. Pour Jérôme Volle ce qui est important, «c’est de donner envie de venir vers notre métier et l’apprentissage et l’alternance sont de vrais leviers pour attirer un certain nombre de personnes vers nos métiers». L’alternance permet aussi d’acquérir des compétences techniques au moment de la formation. Le secrétaire général adjoint de Jeunes Agriculteurs souligne que «des jeunes installés qui ont suivi sur une partie de leur cursus une formation avec de l’apprentissage, qui mêle théorie et concret, cela fait de beaux exploitants qui sont bien dans leur tête». En France, près de 50 000 élèves ou étudiants s’inscrivent dans ce dispositif chaque année. Jérôme Volle estime cependant que «des leviers réglementaires ou de simplification sont à améliorer pour faire en sorte que le maître d’apprentissage ne soit pas noyé de paperasse. Une partie du coût pourrait aussi être prise en compte par la région ou au niveau national».
Se former pour s’adapter aux nouvelles demandes
La réforme concerne aussi la formation professionnelle continue. Chaque année, environ 110 000 agriculteurs, sur les 600 000 contributeurs du fonds de formation, suivent au moins une session de formation. Ce fonds est géré par Vivéa dont Marianne Dutoit assure la présidence. Cette dernière estime que «la formation professionnelle continue permet de s’adapter à toutes les nouvelles compétences que nous devons avoir en tant que chef d’entreprise. Hier, il fallait produire, aujourd’hui, il faut aussi savoir communiquer sur nos pratiques. Il faut à la fois concilier performances techniques, économiques, sociales et environnementales. Ça ne s’invente pas, la formation continue est là pour ça». «La formation s’inscrit donc dans un réel projet, on ne se forme pas pour se former», précise François Rihouet. En amont de cette réforme, le CPF (compte professionnel de formation) a été étendu aux indépendants alors qu’il était auparavant seulement destiné aux salariés. Les agriculteurs vont donc en bénéficier. Pour Marian-ne Dutoit sa mise en place pose cependant certains problèmes, «ce sur quoi nous devons travailler aujourd’hui, c’est l’adaptation du CPF aux problématiques des chefs d’entreprises agricoles. Il y a un sujet qui est majeur pour nous c’est de faire entrer dans ce dispositif les formations courtes, et souvent non qualifiantes, dont ont besoins les chefs d’exploitation». Si François Rihouet précise que la formation «ne s’arrête pas une fois qu’on est installé» elle est aussi importante pour les candidats à l’installation. Afin de faciliter l'installation de jeunes agriculteurs, des dispositifs d'aides ont été mis en place, sous forme de dotation (DJA), de prêts à taux réduits, d'exonérations de cotisations sociales et d'abattements fiscaux... Pour bénéficier de ces aides, les demandeurs doivent justifier d'un diplôme agricole de niveau IV, reconnu comme conférant la capacité professionnelle agricole, complété par un plan de professionnalisation personnalisé. La formation est donc obligatoire pour les futurs installés qui souhaitent bénéficier d’aides. «L’âge moyen des candidats à l’installation est de 27 ans, avec un écart type assez élevé. Les profils sont divers, il est donc important de faire un bilan avec un conseiller afin d’avoir une offre de formation adaptée à ses besoins et ses compétences», souligne François Rihouet. Vivéa propose également un parcours de formation complémentaire afin d’acquérir des compétences supplémentaires et ainsi préparer au mieux les candidats à la vie active sur l’exploitation. En 2016, 9 000 futurs installés ont suivi ce programme.