Regard économique et professionnel des Chambres d’agriculture
David Chauve, président de la Chambre d’agriculture du Puy-de-Dôme
Une mission parlementaire d’information sur « les missions des chambres d'Agriculture, leur gouvernance et leur financement » a été lancée le 25 juin. Son président, Jean-Pierre Vigier, député LR de Haute-Loire, a réuni le 9 juillet des représentants des chambres d’agriculture auvergnates, dont David Chauve, président de la Chambre du Puy-de-Dôme.
Quels sujets avez-vous évoqué avec le président de la Mission ?
Nous avons échangé sur les différents enjeux relatifs aux chambres d’agriculture à savoir le financement, les missions de nos organismes et la question de la régionalisation. Concernant le financement, nous lui avons rappelé la frayeur que nous avons eue à l’automne dernier, suite à l’annonce par le gouvernement d’un rabot de 45 millions d'euros sur les ressources des chambres d'agriculture. Pour le Puy-de-Dôme c’était 450 000 euros en moins dans le budget ; autant dire que l’impact aurait été violent !
On nous confie de plus en plus de missions avec de moins en moins de moyens. Or les chambres ont besoin de visibilité pour mener à bien leurs objectifs et leurs missions, et donc de moyens financiers. Via le contrat d’objectifs fixé entre l'Etat et l’APCA, nous avons, pour la première fois, une feuille de route commune à tous les échelons des Chambres d’agriculture. C’est un canevas sérieux qui devrait être signé à l’automne mais nous le mènerons à bien que si nous avons les moyens en face. L'Etat contrôlera si les objectifs sont atteints avec une sanction financière si ce n'est pas le cas. L’enjeu du financement des chambres est donc essentiel ; c’est un des messages que nous avons martelé au président notamment en cette période où tout le monde veut engager l'agriculture dans une phase de transition. Soyons prudents et vigilants pour ne pas laisser les agriculteurs dans des impasses lourdes de conséquences dont les décideurs et la société n'ont pas forcément conscience aujourd'hui.
Qu’en est-il de la régionalisation des chambres d’agriculture ? Est-ce encore d’actualité ?
Il y a deux ans, l’APCA était plutôt orientée vers une régionalisation commune à toutes les régions.
Aujourd’hui la position est moins tranchée. La Bretagne ou les Pays de Loire ont essuyé les plâtres. Avec du recul, le constat est mitigé : efficacité réduite, perte de rendement, déficit financier… les économies d’échelle ne se vérifient pas. La perte de proximité avec les agriculteurs est aussi un risque. Et cet élément est à prendre en compte avec sérieux car si les chambres s’éloignent un peu plus des exploitants cela contribuera à appauvrir nos départements. On assiste déjà aujourd’hui à une hémorragie de la production ; la Ferme France serait en recul de 10% sur son chiffre d’affaires. C’est toute une économie qui est fragilisée, si en plus les organismes comme les chambres départementales s’éloignent davantage du terrain, cela ne fera qu’accentuer le phénomène.
à ce titre, la Chambre du Puy-de-Dôme souhaite entamer une phase de consultation dans les territoires auprès des agriculteurs du département pour les sensibiliser à cette menace qui guette un de leur outil de développement pas suffisamment sollicité à mon sens. L'enjeu de la mandature est de prouver
ensemble aux pouvoirs publics, à travers un point de situation très précis et des actions concrètes, qu'il est essentiel de conserver des moyens qui sont aussi issus de vos impôts. Nous avons besoin de la réflexion de tous pour défendre nos intérêts surtout en cette période où la concurrence entre secteurs économiques fait rage dans le cadre du plan de relance : le secteur agricole a été considéré comme prioritaire, il doit le rester jusqu'au bout ! D’ailleurs la période de crise liée au Covid a montré que les chambres départementales étaient bien identifiées par les pouvoirs publics pour gérer l’urgence et la proximité.
Quelle est la position des Chambres d’agriculture d’Auvergne et de Rhône Alpes sur ce sujet ?
La position est de conserver des entités départementales fortes mais avec des points de mutualisation et de partenariat entre départements. Nos territoires sont divers et diversifiés avec des compétences propres à chacun. Mais rien ne nous empêche de les partager ; par exemple aller chercher dans la Drôme les ressources techniques pour le maraichage que nous n’avons pas forcément dans le Puy-de-Dôme. Enfin, ce sur quoi nous avons également insisté auprès du député c’est le regard économique et professionnel que porte une chambre d’agriculture sur l’ensemble des projets locaux qu’elle accompagne. Et ça c’est essentiel si on veut conserver des filières génératrices d'emplois et de la richesse agricole sur l'ensemble de nos territoires !