Réformer une Politique agricole commune à bout de souffle
La Chambre d’agriculture a examiné lundi 10 septembre le projet de “Livre blanc pour l’agriculture du Massif central”, qui rouvre le débat de la légitimité des soutiens à l’agriculture.
Réunis lundi 10 septembre en session, les élus de la Chambre d’agriculture ont constaté que leur secteur vit un nouveau tournant.
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P.P.
Continuer à “coller des rustines” sur une Politique agricole commune que le contexte des marchés et les difficultés de mise en oeuvre rendent chaque jour un peu plus caduque. Ou engager une stratégie de rupture en se reposant la question du sens des aides à l’agriculture. C’est vers cette deuxième option que se tournent les responsables professionnels agricoles du Massif central : ils ont entrepris de rédiger un “Livre blanc de l’agriculture du Massif central” qui a constitué, lundi 10 septembre, le coeur des débats de la session de la Chambre d’agriculture du Cantal. Au terme de la réunion, les élus consulaires ont voté une motion qui plaide pour une “réorientation du soutien vers l’élevage”, après avoir dénoncé les lacunes de politiques agricoles qui ne tiennent pas leurs promesses : à savoir l’insuffisance de crédits nécessaires pour financer les programmes en faveur des zones de montagne et de l’élevage à l’herbe.“L’état d’urgence pour l’élevage”
Rien ne va plus et la flambée des cours des céréales semble venir sonner le glas d’une Politique agricole commune (Pac) à bout de souffle. Car, assez paradoxalement, la Pac, en voulant livrer l’agriculture au marché, est en train de réussir à raréfier l’offre. C’est vrai notamment pour le lait et les céréales. Alors même que la demande de produits agricoles progresse, sous le double effet d’un accroissement de la demande alimentaire mondiale et de l’émergence des débouchés non alimentaires. “On est en train de passer d’une crise de la demande à une crise de l’offre”, a résumé Michel Teyssedou. Tandis que le président Louis-François Fontant a stigmatisé “un paradoxe assez extraordinaire” qui consiste pour les pouvoirs publics à “vouloir réguler les prix à la consommation après avoir accepté de déréguler les prix agricoles !”. “On est au bout du système... c’est l’état d’urgence pour les productions d’élevage”, analysait le président de la Chambre d’agriculture, “et si la politique agricole ne peut pas se réduire à une politique de soutiens, on attend des décisions politiques susceptibles de rendre les soutiens plus équitables”. À ces constats s’ajoutent ceux des dysfonctionnements des politiques agricoles en place, dénoncés avec force par les présidents de la FDSEA et des Jeunes agriculteurs : manque de crédits pour financer le plan bâtiments d’élevage, la nouvelle prime à l’herbe (PHAE 2), l’installation, disparition des prêts bonifiés à l’agriculture... Sans oublier l’impasse dans laquelle se trouve la production porcine face à la flambée du prix des céréales, qui aura forcément un impact sur toutes les filières d’élevage.
“Alors que les DPU (Droits à paiement unique du premier pilier de la Pac) ne bougent pas, on module le deuxième pilier de la Pac à la hache, et ce sont à chaque fois les soutiens aux zones de montagne et à l’élevage à l’herbe qui trinquent... ce système n’est plus tenable”, constatait Louis-François Fontant.“Remettre à plat le système”
“Depuis 1992, les orientations de la politique agricole commune ont globalement été défavorables aux systèmes herbagers du Massif central”, a démontré Thierry Boulleau, animateur de la Copamac-Sidam, venu présenter le projet de “Livre blanc” devant la Chambre d’agriculture. Chiffres à l’appui (et bien que le préfet ait trouvé l’exposé “déprimant” car fondé sur “des abus de langage et des réalités truquées...”), Thierry Boulleau a expliqué que le Massif souffrait d’un “déficit de soutiens” et stigmatisé les limites d’un système de subventions qui “arrose là où c’est déjà mouillé”. “Les échéances à venir doivent être l’occasion de redonner un sens à la politique agricole européenne, notamment auprès des contribuables européens et des agriculteurs eux-mêmes, faute de quoi elle sera taillée en pièces à l’OMC et lors des discussions sur le budget de l’Union européenne après 2013”, poursuivait-il. De fait, avec leur “Livre blanc”, les responsables agricoles du Massif central entendent prôner une “stratégie de rupture” et une “remise à plat du système”, confirmait-il. Différentes hypothèses d’évolution sont à l’étude pour, d’une part “refonder la Pac”, la rendre “plus équitable et plus efficace” et, d’au-tre part, “mieux valoriser les produits agricoles”. Sur le premier point, l’idée d’une mutualisation des aides du premier pilier semble tenir la corde.
Rien ne va plus et la flambée des cours des céréales semble venir sonner le glas d’une Politique agricole commune (Pac) à bout de souffle. Car, assez paradoxalement, la Pac, en voulant livrer l’agriculture au marché, est en train de réussir à raréfier l’offre. C’est vrai notamment pour le lait et les céréales. Alors même que la demande de produits agricoles progresse, sous le double effet d’un accroissement de la demande alimentaire mondiale et de l’émergence des débouchés non alimentaires. “On est en train de passer d’une crise de la demande à une crise de l’offre”, a résumé Michel Teyssedou. Tandis que le président Louis-François Fontant a stigmatisé “un paradoxe assez extraordinaire” qui consiste pour les pouvoirs publics à “vouloir réguler les prix à la consommation après avoir accepté de déréguler les prix agricoles !”. “On est au bout du système... c’est l’état d’urgence pour les productions d’élevage”, analysait le président de la Chambre d’agriculture, “et si la politique agricole ne peut pas se réduire à une politique de soutiens, on attend des décisions politiques susceptibles de rendre les soutiens plus équitables”. À ces constats s’ajoutent ceux des dysfonctionnements des politiques agricoles en place, dénoncés avec force par les présidents de la FDSEA et des Jeunes agriculteurs : manque de crédits pour financer le plan bâtiments d’élevage, la nouvelle prime à l’herbe (PHAE 2), l’installation, disparition des prêts bonifiés à l’agriculture... Sans oublier l’impasse dans laquelle se trouve la production porcine face à la flambée du prix des céréales, qui aura forcément un impact sur toutes les filières d’élevage.
“Alors que les DPU (Droits à paiement unique du premier pilier de la Pac) ne bougent pas, on module le deuxième pilier de la Pac à la hache, et ce sont à chaque fois les soutiens aux zones de montagne et à l’élevage à l’herbe qui trinquent... ce système n’est plus tenable”, constatait Louis-François Fontant.“Remettre à plat le système”
“Depuis 1992, les orientations de la politique agricole commune ont globalement été défavorables aux systèmes herbagers du Massif central”, a démontré Thierry Boulleau, animateur de la Copamac-Sidam, venu présenter le projet de “Livre blanc” devant la Chambre d’agriculture. Chiffres à l’appui (et bien que le préfet ait trouvé l’exposé “déprimant” car fondé sur “des abus de langage et des réalités truquées...”), Thierry Boulleau a expliqué que le Massif souffrait d’un “déficit de soutiens” et stigmatisé les limites d’un système de subventions qui “arrose là où c’est déjà mouillé”. “Les échéances à venir doivent être l’occasion de redonner un sens à la politique agricole européenne, notamment auprès des contribuables européens et des agriculteurs eux-mêmes, faute de quoi elle sera taillée en pièces à l’OMC et lors des discussions sur le budget de l’Union européenne après 2013”, poursuivait-il. De fait, avec leur “Livre blanc”, les responsables agricoles du Massif central entendent prôner une “stratégie de rupture” et une “remise à plat du système”, confirmait-il. Différentes hypothèses d’évolution sont à l’étude pour, d’une part “refonder la Pac”, la rendre “plus équitable et plus efficace” et, d’au-tre part, “mieux valoriser les produits agricoles”. Sur le premier point, l’idée d’une mutualisation des aides du premier pilier semble tenir la corde.