Réforme des retraites : la FNSEA s’engage
Robert Verger, membre du bureau de la FNSEA et président de la Commission sociale et fiscale.
Le 12 avril dernier, Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, et Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire chargé des retraites, ont ouvert la discussion sur l’avenir des retraites agricoles. Trois questions à Robert Verger, membre du bureau de la FNSEA et président de la Commission sociale et fiscale.
Avec quels objectifs la FNSEA aborde-t-elle cette concertation ?
La réforme doit restaurer la confiance. Depuis 20 ans, les réformes des retraites se sont succédées et les français finissent par se demander s’ils percevront quelque chose un jour ! Nos politiques doivent faire preuve de courage vis-à-vis des jeunes générations pour aller vers plus de justice sociale et d’équité. Alors que certains bénéficient d’une retraite calculée sur leurs 25 meilleures années de revenus, les agriculteurs sont les seuls à recevoir une pension basée sur l’intégralité de leur carrière, bonnes et mauvaises années mêlées. Il est impossible de justifier de telles différences de traitement. Pourquoi la retraite minimum d’un salarié devrait atteindre 85 % du Smic lorsque la retraite d’un chef d’exploitation plafonne à 75 % du Smic ? Et encore faut-il qu’il s’agisse d’un chef d’exploitation à carrière complète. Je ne vous parle pas des conjoints, des aides familiaux ou des retraités de l’Outre-mer. Est-il sérieux qu’aujourd’hui les retraites des non-salariés soient inférieures de près de la moitié à la retraite moyenne des français, qui atteint environ 1 300 euros net par mois ? Il est urgent de remettre de l’équité dans le calcul des retraites. Les variations de revenus de plus en plus fréquentes en agriculture imposent un changement. Il est indispensable de faire converger les modes de calcul des retraites des agriculteurs, avec ceux des salariés et des indépendants.
Que demandez-vous au Gouvernement ?
Nous, agriculteurs, souhaitons être traités comme les autres. La FNSEA est favorable à un système par points, commun aux non-salariés et aux salariés. Il serait financé par les cotisations des actifs sur leurs revenus d’activité. Nous pensons aussi que l’assurance vieillesse doit assurer le même minimum pour vivre à tous les retraités qui ont cotisé une carrière complète. Ce minimum doit être forfaitaire, que l’on ait été agriculteur, cheminot ou salarié… Aujourd’hui, chaque régime a son minimum avec ses conditions d’accès, son financement et ses montants. Ce minimum doit être l’expression de la solidarité nationale. À ce titre, son financement doit être assuré par l’impôt (TVA ou CSG). Il doit permettre d’englober les minima existants et les points gratuits de RCO garantissant une retraite à 75 % du Smic aux chefs d’exploitation. Il est impensable d’éroder des pensions agricoles, déjà en moyenne inférieures au Minimum vieillesse (833 euros par mois). Ce socle nous permettrait aussi de sortir du huis-clos autour des revalorisations des petites retraites agricoles. Huis-clos qui consiste, désormais, à créer des points gratuits de RCO à chaque fois que l’on revalorise les retraites agricoles, en évitant surtout de se poser la question de qui les financera. Ce que propose, d’ailleurs aussi, la proposition de loi Chassaigne examinée actuellement au Sénat ! De cette ornière aussi, il faut que nous sortions si nous voulons, dans 20 ans, garder un régime de retraite complémentaire obligatoire ! La FNSEA étudie, par ailleurs, des dispositifs de départ anticipé pour les exploitants qui terminent leur carrière en mauvaise situation physique ou financière.
Quid de la retraite à 85 % du Smic ?
La retraite à 85 % du Smic reste notre objectif ! Parce qu’en milieu rural aussi, vieillir coûte cher. Chez les salariés, les 85 % ont été mis en place en 2003 pour les futurs retraités. Nous devons, ensemble, nous mobiliser pour démontrer que les retraités agricoles ne sont pas traités à parité avec les autres retraités.