« Réduire le cheptel bovin n’est pas la solution »
Lundi 30 mai, le rapport de la Cour des comptes intitulé « les soutiens publics aux éleveurs de bovins » a fait l’effet d’une bombe et provoqué une levée de bouclier unanime de la profession agricole qui dénonce « le mauvais procès à l’intention de l’élevage ». Explications avec Christine Valentin, présidente de la chambre d’agriculture et Jean-Fraçois Maurin, président de la FDSEA.
Dans son rapport, la Cour des comptes recommande de « définir et rendre publique une stratégie de réduction du cheptel bovin cohérente avec les objectifs climatiques du Global Méthane Pledge signé par la France, en tenant compte des objectifs de santé publique, de souveraineté alimentaire et d’aménagement du territoire ». Qu’en pensez-vous ?
Jean-François Maurin : Réduire le cheptel bovin n’est pas la solution puisqu’on va importer plus de viande de pays qui ne respectent pas les mêmes normes qu’en France. Donc, le consommateur mangera de la viande qui ne respecte pas ses critères. Quant à la pollution engendrée par les bovins, elle se fera ailleurs dans le monde, donc cela déplace simplement le problème. Enfin, pensons au dégagement de CO2 supplémentaire engendré par le transport. Au total, le bilan sera pire que si on l’avait laissé là. Je pense que le transport pollue plus que l’élevage, donc on a d’autres marges de manœuvre à utiliser avant de cibler l’élevage.
Christine Valentin : Le rapport de la cour des comptes avait été demandé pour évaluer les aides publiques de l’élevage. Le rapport final est complètement hors-sujet par rapport à la mission première, puisqu’il conclut qu’il faut réduire l’élevage de 12 %. Je n’arrive pas à comprendre comment la cour des comptes a eu le droit de publier ce rapport avec une telle conclusion. Et arriver à cette conclusion, pour moi, c’est surtout à cause d’un fort lobbying de puissances financières qui se disent, « pourquoi d’arrêter l’élevage, on n’en fait pas une opportunité pour aller vers plus de végétal ou des produits de synthèse ? » Certains ont misé gros sur ces entreprises de fabrication de produits de synthèse. Et je dis, attention de ne pas s’engouffrer dans des schémas irréversibles : quand l’élevage a disparu, il ne revient plus.