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Récoltes et cultures : point de situation dans l’Allier

Le département n’échappe pas à la sécheresse qui traverse actuellement la France. Un épisode qui s’installe sur le long terme et qui impacte forcément les cultures en place.

© AGRESTE

État des lieux et analyse avec les techniciens de la Chambre d’agriculture de l’Allier à partir des données fournies par la DRAAF Auvergne au 1er juillet dernier.

Le colza principalement touché

C’est sans conteste le colza qui a le plus souffert cette saison avec un rendement annoncé autour de 18 quintaux seulement. La météo, défavorable dès l’automne dernier, n’a pas permis à certains semis de lever correctement. Certains agriculteurs ont donc pris la décision de ne pas semer de colza. Avec plus de la moitié de surfaces en moins destinées à cette culture (51%) en Allier, on a constaté pour effet, une concentration des attaques d’insectes à l’automne (altise) et au printemps (melighète). A cela s’ajoute un épisode de gel en mai. Des facteurs qui ont incité les céréaliers à broyer de nombreuses parcelles jusqu’à un mois de la moisson. Concernant les rendements, on note bien sûr une différence entre les cultures sèches (5 à 20 quintaux) et les cultures irriguées (autour de 30 quintaux).

Rendements corrects pour l’orge, blé, triticale

Concernant les orges, le blé et le triticale, la densité des épis est inférieure de 100 à 200 épis par m2 alors qu’en temps normal, elle avoisine les 600 à 700 épis par m2. Cette année, dans l’Allier, elle varie de 400 à 500 épis par m2. Le Sud du département  voit l’addition des facteurs gel et sécheresse. Pour les autres parties du département, les situations sont variables, en fonction de la pluviométrie qu’elles ont pu recevoir.

Pour ces trois céréales, si la fertilité des épis était plutôt bonne, elle s’est fortement dégradée à partir du coup de chaud du mois de juin. L’orge a été, en revanche, moins impactée car son cycle de remplissage était presque arrivé à terme. Les rendements sont annoncés autour de 50 à 75 quintaux et de bonne qualité. Pour le blé la situation est nettement moins bonne car la canicule est arrivée en pleine phase de remplissage du grain. La perte sera probablement autour de 10 à 15 quintaux. Des rendements qui restent tout de même corrects pour la Sologne bourbonnaise (60 à 65 quintaux), le Bocage (60 à 75 quintaux) et le Sud de l’Allier (40 à 60 quintaux). Nuance quand même pour les blés en précédent culture de printemps avec des semis tardifs sans bénéfice d’eau à l’automne dernier. À noter également un manque de protéines pour ceux qui obtiennent un bon rendement et situation inverse pour les autres. Concernant le triticale, on peut noter les mêmes phénomènes.

Des cultures de printemps en grand stress

La météo très défavorable additionnant le manque d’eau et des températures élevées en juin et cette semaine va forcément avoir une influence néfaste sur les cultures de printemps.

 

La canicule : facteur pénalisant pour les cultures

La récente vague de chaleur apporte des inquiétudes sur la fin de cycle des blés. Les cultures de printemps profitent de la chaleur pour retrouver des couleurs. Les risques sur les cultures américaines de maïs et de soja suite aux inondations boostent les cours.

Les pluies de juin apportent un répit salvateur aux céréales à paille. Après une floraison et une fécondation satisfaisantes, le début de remplissage du grain se passe correctement. Malheureusement, la dernière semaine caniculaire provoque un arrêt prématuré du remplissage, particulièrement marqué dans les parcelles où la réserve utile des sols est faible. En plus de l’échaudage, l’arrêt brutal de la végétation pourrait avoir des conséquences sur les aspects qualitatifs. Les situations les plus à risque concernent donc les parcelles les plus tardives (blé tendre ou orge de printemps) avec des sols dont les réserves utiles sont épuisées. La situation s’avère très impactante dans la plaine de la Limagne.

Cette année, les rendements seront particulièrement hétérogènes en fonction des conditions hydriques du printemps. À l’Est de la région, le potentiel de rendement est bon (+5 à 10 % des normales). Si les petites terres vont bien marquer le pas du fait du manque d’eau, les rendements s’avèrent très élevés dans les parcelles où l’eau n’a pas été limitante en sortie d’hiver ou en parcelles irriguées. Dans l’Ain, on compte ainsi un nombre d’épis par m² bien supérieur à la moyenne des dernières années. À l’ouest de la région, la Limagne, avec un nombre d’épis par m² très faible, sera particulièrement pénalisée avec des estimations a -25 % pour le Puy-de-Dôme.

Les moissons débutent avec les orges en plein épisode caniculaire. Les rendements sont bons, en revanche, les poids spécifiques sont très variables.

Avec le retour de température de saison, les maïs démarrent enfin. Ils sont globalement au stade 12 à 18 feuilles, toutefois les dernières implantations sont encore à 6-8 feuilles. Les maïs semences sont quant à eux entre 5 et 16 feuilles. Les pluies et la chaleur permettent une croissance active. Toutefois, les températures caniculaires des derniers jours peuvent affecter les parcelles qui n’ont pas reçu de pluie ou d’irrigation récente. Les derniers semis et les parcelles en sols superficiels sont les plus exposés. Les parcelles présentent des densités hétérogènes liées aux attaques d’oiseaux et de ravageurs du sol durant le début de végétation. L’irrigation commence en fin mois pour faire face aux forts besoins dus à la canicule. Le vol de pyrales débute et la pose des trichogrammes s’opère dans de bonnes conditions. Les protections chimiques interviendront début juillet.

Après quatre mois consécutifs de baisse, les cours des céréales se redressent en juin. Les conditions climatiques très humides dans la « corn belt » américaine entraînent des retards dans les semis de maïs et leur développement avec des doutes sur les surfaces implantées et le potentiel des cultures. Cela tire les prix du maïs français (+8,5 % en un mois) même si le marché européen est toujours bien approvisionné par l’Ukraine.

En colza, la majorité des parcelles est à faible potentiel du fait du développement réduit à l’automne et des attaques d’insectes assez fortes cette année. Avec des surfaces en recul de plus de 36 % et un rendement estimé à 23,8 q/ha, en baisse de 24 %, la production chuterait de plus de moitié.

Tournesol et soja sont bien adaptés aux températures élevées et profitent de la chaleur pour accélérer leur développement et retrouver un stade végétatif plus normal. De belles parcelles côtoient des parcelles plus clairsemées ayant subi des pertes de pieds en début de végétation. A l’échelle régionale, les surfaces de tournesol progresseraient de 7,5 %, celles de soja seraient en retrait de plus de 8 % par rapport à l’année dernière tout en restant supérieures à la moyenne quinquennale.

Alors que le cours du colza est assez stable, le cours du tournesol poursuit son rebond après le creux du début de l’année. Les doutes sur les surfaces semées en soja aux États-Unis seront un des éléments directeurs des cours dans les prochaines semaines.

Durant les trois premières semaines de juin, les betteraves trouvent des conditions très favorables mais la canicule de fin de mois ralentit la croissance et quelques grillures de feuilles sont observées. Pour pallier la forte demande en eau, l’irrigation s’intensifie en fin de mois. Les premières taches de cercosporiose sont observées et les protections débutent très tôt.

Philippe Ceyssat - Bernadette Josserand

Agreste Auvergne-Rhône-Alpes, conjoncture Grandes cultures - N°46 – juin 2019


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