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Qui sont ces Sanfloraines, pionnières des JO ?

Faute sans doute d’avoir décroché une médaille, le parcours de Simone Henri-Grimal, avant-gardiste en 1956, et de Sophie Villeneuve (quatre Olympiades) reste injustement méconnu.

Marjorie Veyssière ne le sait peut-être pas : l’Aurillacoise qui s’élancera le 8 août aux JO de Paris au sein du relais 4x100 mètres tricolore mettra ses pointes dans celles d’une autre Cantalienne, qui a elle aussi foulé le tartan olympique... en 1956 aux Jeux de Melbourne. Une athlète sanfloraine restée discrète malgré son brillant parcours sportif et à laquelle Saint-Flour communauté a souhaité rendre hommage à quelques jours seulement de l’ouverture des Jeux olympiques parisiens, en lui consacrant une exposition visible dans le hall du centre aqualudique intercommunal(1). Sur une série de panneaux, richement illustrés de photos, articles de presse,... c’est donc l’épopée australienne de Simone Henri-Grimal qui est retracée, à l’initiative de Marc Pougnet, vice-président aux Sports et à la Jeunesse de Saint-Flour communauté et coprésident de l’OMJS de Saint-Flour qui a pris le temps d’échanger longuement avec celle qui a toujours considéré le sport “comme un amusement, une distraction”, sans pour autant s’affranchir de l’esprit de compétition. Compétition, dépassement de soi : depuis toujours, ce sont aussi le carburant d’une autre Sanfloraine ou plutôt Coltinoise également à l’honneur de cette exposition : Sophie Villeneuve, qui a participé à pas moins de quatre Olympiades (lire ci-dessous).

“On s’entraînait sur les Allées”

“J’ai même (ré)appris des choses sur moi, par exemple que j’avais fait un 200 mètres à Melbourne sous 36°C et que j’avais été éliminée en série, à une place de la qualification pour la demi-finale”, sourit Simone Henri-Grimal, présente vendredi 19 juillet à Saint-Flour pour le vernissage de l’expo. Une exposition qui a fait remonter à la mémoire de cette dynamique octogénaire nombre de souvenirs enfouis durant des décennies. “Après la fin de ma carrière, je n’ai plus parlé de sport...” Pas même à ses enfants qui ont découvert récemment le parcours olympique de leur mère. “Je ne leur en ai pas parlé parce que je ne voulais pas les embêter, je ne savais pas que ça pouvait être important pour eux...”, a confié avec émotion Simone, après avoir livré plusieurs anecdotes sur ses débuts sportifs dans la cité du Vent et son périple melbournais. 

"La bonne volonté, ça n’a jamais de fin"


Simone Henri débute le sport à 8 ans à l’école Notre-Dame, avant de rejoindre la Sanfloraine où elle sera entraîné de longues années durant par Marcel Donzel. Spécialiste de course, elle s’illustre plus particulièrement au sprint, sur du 60, 150 et 200 m. “Je ne savais faire que ça, courir, encore et encore”, relate celle qui reste viscéralement attachée à sa cité natale. C’est d’ailleurs sur les allées s’étirant sur 150 m et baptisées Pompidou depuis, que la jeune Simone s’entraîne. “À l’époque on n’avait rien, aucune installation. Et quand j’ai voulu attaquer le 200 m, il a fallu utiliser le milieu du foirail où passe la route parce qu’il y avait un virage et que pour le 200 m, il me fallait apprendre à faire le virage”, se souvient la Cantalienne, non sans évoquer la difficulté à courir avec des pointes sur du goudron. L’occasion pour elle de délivrer un message en forme d’ode à la persévérance : “Partir de rien c’est une chose, arriver à un petit résultat, c’est déjà pas mal, il y a plein de gens qui ont de la bonne volonté mais pas de moyens, or la bonne volonté, ça n’a jamais de fin...”

Pas de médaille mais des souvenirs à jamais

En juillet 1956, Simone Henri participe à ses deuxièmes championnats de France à l’issue desquels là voilà sélectionnée en équipe de France pour les jeux de Melbourne, d’abord en tant que remplaçante puis titulaire du relais 4x100 m. En novembre, à 18 ans seulement, c’est l’heure du grand départ : le train pour Paris puis l’avion avec de nombreuses escales (New York, Chicago, Los Angeles, Honolulu...) et près de six jours de voyage pour rallier Melbourne. “Je n’en reviens toujours pas que mes parents m’aient autorisée à partir”, elle qui n’était alors pas encore majeure et qui, comme ses camarades, aura droit au village olympique à une chaperonne. 
Simone Henri-Grimal se souvient aussi de la cérémonie d’ouverture dans un stade empli de quelque 104 000 personnes. Une cérémonie très militaire, bien loin du faste actuel, au terme d’une année 1956 chahutée sur la scène géopolitique par une guerre froide qui bat son plein : insurrection de Budapest,  crise de Suez... précèdent ainsi de peu ces JO. À Melbourne, Simone découvre une piste cendrée sur laquelle elle échoue de peu à se qualifier pour la demi-finale du 200 m, qu’elle court en 25’. Pas de médaille non plus pour le relais 4x100 m, qui finit quatrième. Mais aucun regret : “La championne de l’époque s’appelait Betty Cuthbert, à côté d’un phénomène comme ça, on se fait petit !”
À son retour, Simone Henri poursuit ses études, passe son bac. Elle cumule entre 1955 et 1960 neuf sélections tricolores, décroche en 1959 un record de France du 200 m et du 150 m (en junior), participe aux premières Universiades. En 1960, elle est de nouveau sélectionnée pour les JO de Rome, elle ne s’y rendra pas, pour la bonne cause : cet été-là, elle se marie et referme la page sportive de haut niveau. Devenue professeure de sports à Saint-Flour puis institutrice, Simone Henri-Grimal n’a pas manqué ce vendredi de saluer son premier entraîneur, Marcel Donzel, sans qui rien de son parcours n’aurait été possible. Elle a aussi vanté la dynamique sportive de la cité du Vent, dont les équipements n’ont rien à envier aux plus grandes villes, a estimé celle qui se prépare à des jours studieux... devant son téléviseur pour suivre les JO !

Sophie Villeneuve : JO, collection hiver... et été

Sophie Villeneuve ? “Elle va très bien, elle soigne sa bigorexie (addiction au sport, ndlr) !”, a lancé son frère Arnaud Girard qui la représentait au vernissage de l’exposition. “Elle skie 1 500 kilomètres tous les hivers, a déjà avalé 4 000 km à vélo cette année. Pour faire quatre Jeux, il fallait au moins ça ! Et ce qu’il faut retenir, c’est que dans cette période de dopage (les années 90), s’il n’y avait pas eu les Russes, elle aurait pu faire des médailles...” 

"Le ski de fond, c’est un sport dur, on skie par tous les temps, qu’il pleuve, neige, qu’il fasse -15, - 20°C"

Originaire du Haut-Rhin, Sophie Villeneuve découvre Coltines à 4 ans et le ski de fond au collège. Son premier entraîneur se nomme... Didier Amarger, actuel maire de Coltines. “Sophie avait un caractère hors normes, mais une fois qu’elle était sur les skis, elle oubliait tout, elle travaillait, travaillait, travaillait... Le ski de fond, c’est un sport dur, on skie par tous les temps, qu’il pleuve, neige, qu’il fasse -15, - 20°C”, souligne ce dernier. Une détermination qui lui vaut d’être qualifiée en minime aux championnats de France de ski de fond (mais aussi de cross country le même jour !) avant de s’expatrier, à 14 ans seulement, à Villard-de-Lans en ski-études. Une vie quasi monastique où les entraînements intensifs succèdent aux heures de cours et vice-versa. En 1992, elle est propulsée aux JO d’Albertville en terre savoyarde connue, où elle s’aligne sur quatre épreuves (5 km, combiné 5 + 10 km poursuite, 30 km et relais 4x5 km) avec une cinquième place à la clé en relais mais pas de médaille. “C’était grandiose, mais on était un peu à la traîne en ski de fond, un peu dans l’ombre des champions olympiques du moment : Anne Briand, Véronique Claudel et Corinne Niogret (biathlètes), Edgar Grospiron (ski acrobatique)...”, confie-t-elle à Marc Pougnet. À Lillehammer, Sophie termine 9e du 15 km de la Mass start (“sportivement, c’est là que j’ai été la meilleure”) mais elle retient surtout une ambiance unique au pays où le ski de fond est roi. 
Loin de celle de Nagano en 1998, où “j’étais malade, le temps était pourri, le décalage horaire ne m’a pas du tout aidée... je me suis plantée royalement”. L’aventure olympique aurait pu s’arrêter là pour la néo-Cantalienne : mais deux ans plus tard, la revoilà sur une piste, cette fois de VTT cross-country aux JO de Sydney. Du jamais vu pour une athlète française. Après Sydney, où les résultats ne sont pas à la hauteur de ses espérances, Sophie Villeneuve raccroche : “J’en avais marre des entraînements, de partir de chez moi, du sport de haut niveau qui use au bout d’un moment, et puis j’avais 32 ans et le souhait de fonder une famille...”, explique-t-elle tout en évoquant les méandres difficiles de la reconversion. Salariée à la SNCF, Sophie Villeneuve vit aujourd’hui au-dessus d’Aix-les-Bains (73) où elle peut donner libre cours à sa passion pour le sport et les animaux.

Lire aussi https://www.reussir.fr/agriculture-massif-central/les-pavia-une-famille-en-or
(1) Tout l’été avant de rejoindre le forum des associations et le complexe sportif de Saint-Flour en septembre, puis la maison du col de Prat-de-Bouc cet hiver.

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