Bilan de santé de la PAC
Quelles perspectives pour les éleveurs bovins ?
À l'heure où les négociations se finalisent sur le bilan de santé de la PAC, et que les derniers arbitrages tardent à être rendus, la FDSEA, la chambre d'agriculture, le GDAR des Combrailles et les Jeunes Agriculteurs ont organisé le 25 mai dernier à Chambon sur Voueize, une réunion d'information sur l'impact qu'induirait cette réforme sur les élevages creusois.
Répondant à l'invitation des organisations professionnelles agricoles creusoises, Thierry Boulleau, ingénieur à la COPAMAC SIDAM, a présenté les orientations de ce bilan et les perspectives pour les productions de viande bovine. Tout en rappelant dans son introduction que le Massif Central demeure la plus grande zone européenne en matière de cheptel allaitant, d'ovins, de prairies et d'installations, la mise en œuvre de ce bilan de santé ne sera pas sans conséquences essentiellement positives sur les élevages extensifs, mais aussi parfois négatives pour les systèmes plus intensifs chez les naisseurs engraisseurs selon les situations de chacun. Alors que les négociations de cette réforme de la PAC se déroulent sur un budget constant, les orientations fixées par la commission européenne visent essentiellement à répondre aux nouveaux enjeux mondiaux comme le défi alimentaire et climatique, la préservation des ressources naturelles. Mais pour ce faire, elle entend aussi aller vers davantage de découplage des soutiens et restreindre ses outils de gestion des marchés, et tenter dans la mesure du possible d'uniformiser les aides afin de se conformer aux règles de l'OMC. Si l'abandon des quotas laitiers et de la jachère ainsi que l'affaiblissement des mécanismes d'intervention en sont la parfaite illustration qui vont à l'encontre des intérêts des agriculteurs français et européens, les propositions émises par la profession agricole vont au contraire dans la sécurisation de l'approvisionnement des consommateurs et des revenus des producteurs, le soutien des territoires et des filières fragiles tout en favorisant la recherche et l’innovation. Avec l'obtention pour la France de la fameuse boîte à outils lors des négociations de février dernier, le ministre de l'agriculture dispose actuellement d'un arsenal permettant de réorienter les soutiens en faveur des territoires et des productions les plus fragiles. L'essentiel de ce dispositif, pour nos régions d'élevage, permet l'instauration d'une prime à l'herbe à vocation économique. Alimenté financièrement par des prélèvements partiels issus des aides SCOP et de la PMTVA, le montant et les conditions d'attribution de cette mesure « herbe » restent pour l'heure à être finalisés très prochainement.
L'impact sur les exploitations
Ainsi, selon les hypothèses émises par Thierry Boulleau, le Massif central et la Creuse en l'occurrence verraient une augmentation de ses soutiens de l'ordre de 5 % pour les systèmes bovins viande herbagers, 20 % pour les systèmes laitiers herbagers de montagne, 30 % pour les systèmes ovins viande herbagers de montagne et des zones défavorisées et en contrepartie, les systèmes céréaliers restent très largement contributeurs. Toujours selon les simulations, le montant des prélèvements en Creuse s'élèverait de l'ordre de 13 millions d'euros pour un retour de 20 millions d'euros soit un solde positif de 7 millions d'euros, ce qui représente une évolution du montant des soutiens de 6,5 %. Si les systèmes naisseurs-engraisseurs restent très variables selon les situations individuelles, la profession agricole travaille actuellement sur l'élaboration d'un « plan d'engraissement » afin de sécuriser d'une part l'activité et d'autre part améliorer durablement sa rentabilité. Ainsi la sécurisation de la marge de l'éleveur s'effectuerait dans un cadre contractuel, à l'aide d'un fonds spécifique d'accompagnement et d'un contrat conclu entre l'éleveur, les organisations de production, et les abatteurs. Si les mécanismes de ce plan sont toujours à l'étude, son application s'effectuerait sur les bases de cotation maigre et de viande finie et d'un indicateur de coûts de production qui se déclencherait si l'écart par rapport à la marge standard est supérieur à 0,20 cts par kilo. Cette compensation proviendrait à 50 % du fonds de péréquation et à 50 % des entreprises permettant ainsi d'intervenir en cas de déséquilibre des marchés. A l'inverse, ce fonds de péréquation serait abondé par les éleveurs lorsque la marge standard serait au-dessus d'un seuil de rentabilité prédéfinie. La seconde disposition de ce plan, viserait un appui financier sur des bâtiments, d'engraissement afin d'accroitre le nombre de places. Pour l'heure, si les soutiens de la PAC sont d'ores et déjà établis pour amorcer les discussions sur le budget de l'Union Européenne et de la PAC de l'après 2013, « la profession a tout intérêt à se battre pour avoir des mécanismes de régulation des marchés et obtenir davantage de flexibilité dans les soutiens de la PAC, mais elle doit aussi s'investir dans les filières pour développer davantage de valeur ajoutée et contractualiser sa production sur les marchés, qu'ils soient nationaux, européens ou internationaux » a conclu Thierry Boulleau.