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Quel avenir pour la production porcine régionale ?

La coopérative porcine Cirhyo a tenu ses assemblées générales de section les 18, 19, 25 et 26 avril dernier. L’occasion de faire le bilan sur la production porcine et son avenir dans les nombreuses régions couvertes par la coopérative.

© CIRHYO

Entre hausse des coûts de production, problématique de renouvellement des élevages, défiance des populations et demande des consommateurs en viande bon marché, les éleveurs tâchent de s’y retrouver.

Un prix du porc à la hausse

La viande de porc n’échappe pas à l’inflation. Les cours du porc ont dépassé le seuil inédit des 2 €/kg de carcasse au mois de septembre 2022. Du jamais vu depuis 1986 ! Ces prix hauts, qui perdurent début 2023, ont apporté un nouveau souffle aux trésoreries des élevages mis à mal par les hausses importantes des coûts des matières premières. L’aliment des porcs, qui représente environ 60 % du coût de production, a connu une augmentation de presque 40 % entre septembre 2021 et septembre 2022. À cela est venu s’ajouter la hausse des coûts de l’énergie et des matériaux de construction, en partie amortie par les aides de l’État.

Une viande de porc « standard » attractive pour les consommateurs

Dans un contexte d’inflation généralisée, les consommateurs se tournent vers les produits les moins chers. Le porc, malgré son augmentation, reste une viande abordable. La consommation en viande porcine et charcuterie reste stable (-0,5 % pour la viande de porc, -0,6 % pour la charcuterie), lorsque les viandes d’autres espèces accusent des diminutions parfois conséquentes (-12 % pour le boeuf, -15 % pour l’agneau, -5 % pour la volaille. (source : MPB d’après FranceAgriMer).

Dans ce contexte, les filières porcines plus qualitatives (et donc plus chères) ont du mal à trouver des débouchés. Elles accusent une baisse de 2 à 3 % de porcs commercialisés au sein de Cirhyo. L’agriculture biologique, en particulier, a vu sa demande drastiquement reculer fin 2022 au point de devoir « déclasser » des porcs en production conventionnelle, faute d’acheteurs. Un plan de restructuration et d’accompagnement de ses éleveurs bio adhérents a été mis en place.

La viande française, identifiable pour le consommateur par le logo « Le Porc Français », est également en concurrence avec les viandes d’importation, souvent moins chères. L’importation de viande de porc a augmenté de 1,2 % en 2022, et provient en majorité (45 %)d’Espagne (source : Marché du Porc Breton).

La production peine à répondre à la demande

Jusqu’alors autonome à 105 % (IFIP - le porc par les Chiffres 2022), la France n’arrive plus à remplir ses abattoirs avec la production nationale en ce début d’année 2023. Cette dernière a subi une diminution de plus de 5 % en un an. La production des éleveurs adhérents à Cirhyo baisse moins fortement, à hauteur de 1,3 % en 2022. Ces chiffres restent pourtant faibles face à ceux de certains pays comme l’Allemagne : auparavant 1er producteur porcin européen, le cheptel porcin allemand diminue de plus de 15 % depuis 2 ans.

En cause notamment en France : un effet générationnel, avec des exploitations qui arrêtent leur activité avant d’avoir trouvé un repreneur. Le Recensement Agricole de 2020 indique que 41 % des exploitations porcines ont au moins un exploitant de plus de 55 ans. Cet effet devrait donc durer dans le temps.

Pour continuer à fournir aux consommateurs une viande de porc français, il est urgent de pouvoir développer la production en région !

Développer la production porcine pour Cirhyo, c’est surtout arriver à combler les arrêts d’élevage. Mais aujourd’hui, monter un projet de création ou d’agrandissement d’élevage porcin relève du marathon administratif, et se heurte à des populations locales souvent réticentes. Les consommateurs veulent plus de produits locaux, mais ont parfois du mal à accepter un élevage porcin à proximité de chez eux.

Les régions couvertes par Cirhyo ont pourtant une faible densité de porcs (par exemple : 27 porcs/km² de surface agricole utile pour la région Aura contre 429 en moyenne en Bretagne). Et de véritables atouts : plaines céréalières pour une alimentation locale des animaux, surfaces d’épandage importantes limitant la pression sur l’environnement, nombreux ateliers de salaisons et IGP locales permettant la valorisation…

À la filière de trouver les clés pour une meilleure acceptation de ses projets !

 

À propos de Cirhyo

- Cirhyo est une coopérative agricole spécialisée dans la production porcine dont le siège est à Montluçon (03).

- Elle regroupe 500 adhérents possédant 59 300 truies et produisant 1 368 900 porcs charcutiers sur une large zone géographique.

- Les élevages adhérents ont une taille moyenne de 266 truies (médiane : 130) et 1 020 places de porcs charcutiers (médiane : 590).

- La coopérative assure la commercialisation et le transport des porcs produits chez ses adhérents. Elle conseille techniquement les éleveurs, leur propose différents services (petit matériel d’élevage, négoce d’aliment, etc.) et les accompagne dans leurs projets de développement ou rénovation.


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