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« Produire toujours plus et toujours mieux »

Président de l’Association générale des producteurs de maïs (AGPM)

© AGPM

L’invasion de l’Ukraine a fait prendre conscience de l’importance de la production et du rôle vital de l’agriculture. Le maïs s’est invité à la « Une » d’un JT et a même été mentionné par le président Macron, au sortir du Sommet de Versailles, au titre de culture stratégique : une première. Alors que les semis de maïs se préparent activement Daniel Peyraube, président de l’AGPM, revient sur le contexte inédit de cette campagne de production.

Parallèlement au drame humain quotidien qui se joue en Ukraine, cette guerre est source d’inquiétudes économiques majeures qui se répercutent sur les marchés des matières première agricoles, des engrais et de l’énergie. Qu’en est-il du maïs et quelles seront les conséquences pour les producteurs ?
Daniel Peyraube : Tout d’abord, je souhaite témoigner de notre complète solidarité envers le peuple ukrainien, alors que des familles subissent l’atrocité de la guerre et que tout le pays mobilise les moyens de sa survie. Dans ce contexte la question agricole pour le pays d’abord, et le reste du monde, est cruciale. La première conséquence immédiate pour le maïs, c’est que les besoins mondiaux ne seront pas couverts. L’Ukraine, 4e exportateur mondial, se retrouve aujourd’hui dans l’incapacité de livrer son maïs en raison du blocage des ports de la mer Noire et d’infrastructures logistiques fortement perturbées. Cette situation impacte les cours qui explosent et affichent une forte volatilité. Et parmi ceux qui vont devoir se passer du maïs ukrainien, il y a l’Union européenne (UE), premier importateur mondial de maïs et dont 55 % des importations proviennent d’Ukraine en temps normal. Rappelons que la maïsiculture française est une force de production au service de l’UE et les agriculteurs français sont capables de relever le défi : produire plus et toujours mieux. Nous avons les conditions pédoclimatiques et les compétences pour produire les maïs de qualité attendus par les consommateurs européens. Mais les incertitudes sont réelles et en premier lieu celles liées à la fertilisation et à l’énergie.

En tant que responsable professionnel, avez-vous pu anticiper ces obstacles et solliciter les pouvoirs publics ? Quels sont les solutions aujourd’hui envisagées ?
D.P : C’est notre quotidien depuis le Salon international de l’agriculture à Paris qui a ouvert ses portes au moment même de l’invasion russe. Aux côtés de mes collègues des autres associations des grandes cultures, J’ai pu m’entretenir avec de nombreux ministres et en particulier le Premier Ministre, les ministres de l’Agriculture, de l’Économie, de l’Industrie… et avec des parlementaires français et européens.  
J’ai souligné l’inquiétude des producteurs concernant l’approvisionnement en engrais azotés à court terme et phosphatés, à moyen terme, sachant que nous sommes dépendants de l’Ukraine, de la Biélorussie et de la Russie, pour les engrais phosphatés, ou de gaz pour la production d’engrais azotés.
J’ai aussi sollicité l’accès aux divers moyens de production dans le domaine de la protection des cultures, de la génétique ou de l’accès à l’eau, afin de maintenir un niveau de production suffisant. Je salue les engagements de l’État pris à l’issue du Varenne de l’eau mais ils doivent rapidement se traduire dans les territoires où les difficultés perdurent avec l’administration et plus encore, avec les activistes comme encore tout récemment dans les Deux-Sèvres où d’insupportables destructions se sont encore produites.
Avec mes collègues des autres grandes cultures, nous avons demandé la révision de la stratégie européenne « Farm to Fork » afin de libérer pleinement les capacités productives de l’UE, et dénoncé son approche décroissante. Nos interlocuteurs se sont montrés attentifs et soucieux d’aider la production française et ont compris que notre ambition est de produire plus, sans renoncer à produire mieux. Cette forte mobilisation de tous, et à tous les niveaux, s’est traduite par les annonces de la Commission européenne du 23 mars avec des mesures ambitieuses pour assurer la sécurité alimentaire et énergétique du continent comprenant des actions de court terme afin de limiter la hausse des prix et d’autres à plus long terme, notamment pour réduire la dépendance du secteur agricole vis-à-vis des engrais. Je retiens notamment la possibilité de cultiver les jachères ce printemps, y compris avec du maïs, des avances sur les paiements de la PAC, mais il y a aussi dans le cadre du plan de résilience français, 500 millions d’euros d’aides qui seront bienvenues pour faire face aux augmentations des facteurs de production.

Comment abordez-vous la prochaine campagne de production ? Est-elle favorable au maïs ?
D.P : J’aborde cette campagne avec sérénité et vigilance. Il y a bien sûr des défis à relever pour lesquels nous comptons sur les engagements de l’État et de l’UE pour que les agriculteurs puissent, par exemple accéder à l’eau, à l’énergie (pendant la campagne d’Irrigation et au moment du séchage) et aux engrais. En ces périodes difficiles, tous les acteurs doivent être solidaires. Nous attendons par exemple des efforts de nos partenaires des engrais installés sur le territoire national et nous devons, de notre côté être solidaires des filières animales fragilisées par la montée de cours. Produire une telle culture géostratégique nous oblige :
le maïs est la première céréale produite dans le monde et en passe de devenir la céréale la plus échangée dès 2025. Soyons fiers d’être agriculteurs, soyons fiers de produire du maïs !

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