Pourquoi les cloches de Siran ont fait un si long voyage ?
Les cloches de Siran n’ont pas attendu Pâques pour revenir. Pimpantes, elle viennent de reprendre du service, et toute la commune était au rendez-vous. Un beau - et lourd ! - cadeau de Noël. Cette fois, plus rien ne cloche !
Les cloches de Siran n’ont pas attendu Pâques pour revenir. Pimpantes, elle viennent de reprendre du service, et toute la commune était au rendez-vous. Un beau - et lourd ! - cadeau de Noël. Cette fois, plus rien ne cloche !
Sous le ciel d’hiver, les églises de Siran(1), nichées au cœur de la Châtaigneraie cantalienne, ont retrouvé leur éclat d’antan. Grâce à une restauration minutieuse, leurs cloches résonnent à nouveau, prêtes à marquer le temps et les célébrations.
À l’approche de Noël, ce chantier au résultat “garanti à vie”, est bien plus qu’une simple remise en état : c’est un symbole de la préservation du patrimoine et de la mobilisation d’une communauté unie. La star de l’opération, c’est une cloche imposante de 313 kg, retrouvant son trône dans le peigne du clocher de l’église Saint-Martin, datée de 1752, d’où elle surplombe fièrement le bourg de Siran. Une autre, plus petite, de 85 kg, a repris place dans le beffroi de l’église Saint-Joseph, construite en 1748 au lieu-dit La Balbarie.
55 000 euros pour les cloches
Ces joyaux de bronze, éraillés par le temps, ont bénéficié des soins experts de l’entreprise Bodet-campanaire de Cholet (49). Fin de l’opération le 19 décembre, couronnant des mois de labeur. Laurent Bresson, responsable régional, et Richard Bonnet, campaniste chevronné, ont mené les travaux de remise en place, aidés par l’imposante grue de Dartus-levage. Au total, ces travaux ont mobilisé 55 000 €, répartis entre l’église Saint-Martin (26 000 €) et l’église Saint-Joseph (22 600 €) qui, pour des raisons évidentes de sécurité, nécessitait des consolidations urgentes au niveau des jougs.
Mais l’examen en atelier a réservé des surprises : deux fêlures sur les cloches en airain (un bronze noble choisi pour sa sonorité), ont nécessité 3 900 € supplémentaires. Outre ces réparations, toutes les cloches ont été soigneusement brossées, et un battant remplacé. Pour financer ce projet, le maire, Guy Mespoulhès, mise sur 40 % de subventions de la Drac, un dossier instruit par le Département. La Fondation du patrimoine, représenté par Alain Rouquier-Perret, a lancé une souscription pour récolter 12 000 €.
Les cloches sont bénies
Ce n’est pas tous les jours qu’une telle occasion se présente, et tout au long de leur vie, les enfants qui ont assisté à la remontée des cloches pourront dire : “J’y étais” (Guy Mespoulhès, maire de Siran)
Elle a offert une plaque commémorative, qui sera apposée pour immortaliser ce moment. Car bien plus que de simples travaux sécuritaires, l’initiative symbolise l’attachement au patrimoine siranais. Le retour des cloches rappelle l’importance de préserver et de valoriser un héritage collectif. Ce qui justifie que les enfants des écoles, accompagnés de leurs enseignants, et la population étaient conviés à la remontée de celles-ci.
Les cloches ? Le chant de l'église
En l’absence de l’abbé Roze, c’est le diacre Régis Lefebvre qui a béni la cloche sur le parvis de l’église, avant qu’elle soit hissée et refixée à sa place. “Une cloche, c’est le chant de l’église”, a souligné le représentant du clergé. Au-delà de son rôle de marquer les heures, la cloche rythme également les temps liturgiques et les moments importants de la vie des chrétiens, tels que les baptêmes, les mariages... ou les adieux aux défunts, lors des obsèques. Mais aussi des temps laïques, du tocsin aux victoires.
Jeudi 19 décembre, ce moment solennel a offert l’opportunité unique aux enfants des écoles primaire et maternelle de toucher la cloche ; une expérience mémorable qui restera gravée dans leurs souvenirs. “Elle est grosse !” ; “Elle est froide !”, s’exclamaient-ils, émerveillés par cette rencontre tactile avec ce qui est habituellement inaccessible et qui est, comme dans tous les villages, un emblème identitaire. “Cet événement permet aux enfants de devenir acteurs de la mémoire collective de Siran”, s’attache à préciser le maire.
Un bel exemple de mobilisation collective pour un projet qui résonne... bien au-delà des clochers de Siran.
(1) En plus de l’église Saint-Martin, sise au bourg de Siran, une modeste petite église située sur la même commune fut autrefois le siège d’une paroisse indépendante : Saint-Joseph, au village de la Balbarie.