Agriculture
Pour que redressement ne sonne pas avec liquidation
Des élèves de l’IUT d’Aurillac veulent dédiaboliser les procédures judiciaires auprès des exploitants en difficultés.
![Benoît Serre, Adrien Alet et Bérénice Schouwey : “Les agriculteurs en difficultés sont prêts à tout sacrifier pour continuer d’exploiter”.](https://medias.reussir.fr/pamac/styles/normal_size/azblob/2023-12/union-cantal_UBM2Y5662_web.jpg.webp?itok=MJlQWcM2)
Une seconde chance
Une fois le redressement engagé, “tout est bloqué”, précisent les étudiants : poursuites antérieures des créanciers, des bailleurs... Le passif, lui-même bloqué, doit être déclaré par les créanciers. Souvent à cette étape, “on perd déjà 10 % des dettes”, constate M. Forces. Après la vérification du passif de l’exploitation, suit une période d’observation - de quatre à six mois - durant laquelle l’exploitation peut continuer son activité. Un administrateur est désigné dont le rôle est de surveiller le fonctionnement de l’entreprise, sachant que l’agriculteur reste maître à bord mais qu’il lui est interdit de vendre des actifs dont l’inventaire a été réalisé au préalable. Cette phase d’observation peut être prolongée afin de permettre à l’agriculteur de se consacrer pleinement à sa production sans charges financières supplémentaires. L’administrateur établit en parallèle un plan de redressement - avec étalement des dettes, abandon des intérêts... - soumis au tribunal puis aux créanciers. Un plan qui, selon les cas, peut aussi orienter l’agriculteur vers un accompagnement technique de la Chambre d’agriculture. Selon M. Forces, près de 80 % des agriculteurs en redressement vont au bout de la procédure et du plan. “S’ils ne le suivent pas, n’importe quel créancier peut ressaisir le tribunal pour liquidation”, complète-t-il. Une démarche judiciaire complémentaire de la procédure “Agriculteurs en difficulté” qui associe la Chambre d’agriculture, la MSA, les banques... “Dans la procédure Agriculteurs en difficultés, on arrive à voir des personnes en amont de grosses difficultés mais c’est de plus en plus rare, relève Patrick Chazal, responsable du pôle développement économique de la Chambre d’agriculture. Quand ils entrent dans la procédure AED, beaucoup sont déjà dans des situations très difficiles, certains avec des dizaines de milliers d’euros de dettes. Les conseillers d’entreprise orientent alors vers une procédure judiciaire mais il y a souvent un blocage net et franc.” Quant à savoir si des pratiques durables sont compatibles avec un redressement judiciaire, Bérénice, Adrien et Benoît n’ont pas encore la réponse. Ils prévoient pour cela de s’appuyer sur un cas concret, mais une chose est sûre pour eux : “Les agriculteurs en difficultés sont prêts à tout sacrifier pour continuer d’exploiter, à vivre avec le minimum pendant dix ans pour pouvoir encore traire.”
Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.
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