Point de rentrée pour la FDSEA de la Creuse
Christian Arvis, président de la FDSEA de la Creuse fait un point de rentrée sur les dossiers en cours dans le département.
À l'approche de la rentrée syndicale, où en sommes-nous ?
La mobilisation a débuté à l'automne dernier avec l'opération "On marche sur la tête", où nous avons symboliquement retourné les panneaux des communes et des villages. Je tiens à remercier tous les élus qui maintiennent encore ces panneaux à l'envers, pour montrer que nous continuons à dénoncer la situation actuelle. Je salue également les agricultrices et agriculteurs qui ont contribué à ces actions, qui ont conduit à une intensification des manifestations cet hiver, avec plusieurs avancées syndicales. Certes, ce n'est pas une révolution, mais nous avons tout de même obtenu des avancées, notamment l'annulation de l'augmentation de la taxe sur le GNR et la détaxation appliquée directement sur la facture. Cela représente une économie de 23 centimes par litre de GNR pour les agriculteurs, qui n'ont plus à avancer cette taxe, grâce à une simple attestation. Je signale à tous les agriculteurs que les services de la FDSEA de la Creuse et les antennes de la Chambre d’agriculture peuvent réaliser ces attestations gratuitement pour leur compte.
Nous avons fait plusieurs propositions au Gouvernement afin de sortir les agriculteurs de l'ornière. Certaines solutions doivent transiter par la loi d'orientation, mais malheureusement, en raison de la situation politique actuelle en France, tout est au point mort. Les négociations continuent, nous mettons la pression sur nos interlocuteurs, mais nous attendons beaucoup de la formation d'un nouveau gouvernement pour reprendre les discussions et finaliser les travaux engagés.
Malgré ce contexte compliqué, nous arrivons tout de même à réintroduire du bon sens paysan. Ainsi, concernant la gestion de l’eau, un nouveau décret autorisant des retenues de moins d’un hectare dans les zones humides représente une avancée syndicale importante. Cela démontre que, grâce aux discussions et négociations, nous avons réussi à changer les mentalités, y compris parmi les associations environnementales qui commencent à reconnaître l'importance des enjeux liés à l'eau en agriculture. La méthode et la manière dont nous traitons ce sujet nous permettent d'avancer.
Ceci étant, beaucoup de sujets restent en attente et si nous n'obtenons pas de réponses concrètes et rapides de la part de l'État, nous n'hésiterons pas à redescendre dans la rue.
Lors de votre discours à Terre en Fête, vous avez mentionné un "tsunami sanitaire" imminent pour l'élevage. Pouvez-vous en dire plus ?
La situation sanitaire actuelle est extrêmement préoccupante. Nous faisons face à l'arrivée de la FCO-3 qui progresse depuis le nord de la France, sans oublier les autres sérotypes déjà présent, et à la MHE qui remonte du Sud-Ouest. De plus, la tuberculose est un problème grandissant dans les départements voisins de la Creuse. Ce contexte crée une forte tension sanitaire et la mise en place de zones réglementées pourrait compliquer les échanges commerciaux. La priorité reste la protection de nos troupeaux. Nous insistons sur la nécessité d'une vaccination préventive massive. Pour cela, il faut donner aux éleveurs les moyens de vacciner. Nous avons besoin de doses de vaccins en quantité suffisante, et que cette vaccination soit entièrement prise en charge par l'État.
Nous appelons le ministère de l'Agriculture, et en particulier le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, à allouer les ressources nécessaires au bon endroit et au bon moment. De mettre les moyens et de ne pas faire comme pour la grippe aviaire, où la prise en charge par l'État de la vaccination vient d'être réduite.
Quel bilan faites-vous de la mise en place de la nouvelle PAC ?
Il reste encore des dossiers en agriculture biologique pour 2023 qui n'ont pas été soldés, alors que nous sommes à seulement 45 jours des premiers versements des acomptes de la PAC 2024, c’est inadmissible. Les zones d'élevage comme la nôtre sont fortement pénalisées puisqu'il nous manque plusieurs millions d'euros sur le département.
Parallèlement, nous apprenons que de nouvelles réglementations sont en cours, notamment concernant la BCAE 2, qui concerne les zones humides et les tourbières. Nous avions demandé à Madame la Préfète qu’il n’y ait pas de cartographie en Creuse. Mais aujourd’hui, la haute administration vient de faire tout le contraire en proposant une carte.
Cette initiative est inacceptable, car nous avions clairement exprimé notre refus. Nous savons que cette carte évoluera, et pas spécialement dans un sens favorable à l’agriculture. Nous ne resterons pas passifs face à cette situation, car nous avons déjà constaté les effets néfastes des cartographies, notamment avec les zones vulnérables et leurs évolutions.
La météo a été particulière cette année. Quel impact a-t-elle eu sur les productions ?
Un hiver et un printemps très pluvieux ont eu des conséquences importantes : de nombreuses cultures n'ont pas pu être mises en place ou, si elles l'ont été, ont été fortement impactées, ce qui a conduit à des rendements céréaliers décevants, tant en quantité qu'en qualité.
Quant à l'herbe, la situation a été variable. On a vu de grandes quantités d'herbe de bonne qualité, mais aussi de mauvaises récoltes, voire très mauvaises, nécessitant une prudence particulière à prendre en compte dans l'alimentation des troupeaux cet hiver.
L'indice du fermage augmente fortement, qu'en pensez-vous ?
Pour la deuxième année consécutive, cet indice augmente de plus de 5 %, entraînant une hausse de quasiment 11 % en deux ans. Cette évolution est une charge directe qui vient aggraver la situation financière des exploitations, d'autant plus que la part des terres en fermage dans la SAU devient très conséquente. Malheureusement, cet indice est calculé au niveau national, ce qui nous empêche d'ajuster son application à la conjoncture spécifique de notre département.
C'est une situation complexe, car on ne peut pas se plaindre de cette augmentation pour nos propriétaires, souvent retraités agricoles avec de faibles revenus.
Les charges sur les exploitations agricoles restent très élevées, même si les cours se sont maintenus ou se maintenaient jusqu'à présent, il persiste un écart de 80 centimes par kilo de carcasse entre le coût de production et le prix de vente.
La contractualisation que nous réclamons avec l'application de la loi Egalim a bien du mal à se mettre en place, ce qui est dommageable car c'est le seul outil dont nous disposons pour compenser les augmentations de charges par la prise en compte du coût de production dans l'élaboration de nos prix de vente.