Dossier Pneus
Pneumatiques adaptés au gabarit et à la puissance des tracteurs
Liaison essentielle entre la machine et le terrain, le pneu agraire n’en finit pas de se perfectionner pour offrir efficacité et économie à ses utilisateurs.
Retrouvez le dossier complet dans notre édition du 19 avril 2014.
L’augmentation de la puissance des tracteurs va de pair avec leur alourdissement. Pour des travaux de traction, les tracteurs de 400 chevaux sont censés atteindre les 20 tonnes. Face aux risques de compaction de plus en plus sensibles, le choix des pneumatiques et la manière de les utiliser sont devenus des points cruciaux encore trop souvent négligés. La seule façon de réduire la compaction est d’augmenter la surface de contact des pneus et de réduire leur pression en augmentant leur volume. Solution largement répandue, le pneu large basse pression convient aux travaux légers de surface et aux automoteurs. Mais dès lors qu’il est nécessaire de passer la puissance au sol en travaux profonds, il ne suffit plus d’élargir le pneu et d’accroître son volume.
L’augmentation de la surface au sol passe par une évolution du diamètre des roues afin de gagner en vélocité. Sont ainsi apparus ces dernières années des pneus de 2,15 mètres de diamètre et même 2,30 m tout récemment. Cet accroissement du diamètre du pneu va de pair avec une augmentation du diamètre de la jante, tout en conservant un volume d’air conséquent. Les pneus de 2,15 mètres sont montés sur des jantes de 38 ou 42 pouces, tandis que le 2,30 m de Trelleborg est monté sur du 42 et du 46 pouces.
Plus de souplesse des flancs
Concernant la largeur des pneus de grand diamètre, le 710 mm est le plus utilisé pour les travaux lourds et le transport. Mais le 900 mm est également plébiscité pour un compromis entre respect des sols et passage de puissance. Quant aux tracteurs concernés, en dessous de 300 chevaux, un pneu de 2,15 mètres, de par sa résistance au roulement, risque de brider la puissance du tracteur.
Une fois le bon pneumatique choisi, reste à bien l’utiliser. Faut-il encore le rappeler, la performance du pneu est directement dépendante de sa pression. En fonction de la charge et de la vitesse qui lui sont appliquées, le pneu a une pression optimale d’utilisation. Tenant compte de cette contrainte, les manufacturiers ont développé des pneus polyvalents capables de supporter des charges et des vitesses élevées à pression réduite. Ces pneus dits IF et VF (improved flexion et very improved flexion) ont la particularité d’offrir une plus grande souplesse des flancs (meilleure déflexion ou capacité d’écrasement). S’écrasant plus, ils augmentent leur surface au sol et permettent de maintenir des largeurs de pneus raisonnables. « Le pneu IF est très bien adapté aux exploitations qui font peu de route. En revanche, dès lors que les trajets routiers s’allongent, la polyvalence montre ses limites. Pour limiter l’usure et la consommation et garantir une bonne stabilité, les utilisateurs augmentent les pressions », assure un manufacturier.
Deux solutions connues mais peu répandues permettent d’aller plus loin dans la performance des pneumatiques. D’un point de vue agronomique, le jumelage est sûrement la meilleure solution pour éviter le tassement et passer la puissance au sol. La principale limite à son développement est le gabarit du tracteur. Deuxième solution, la plus aboutie mais aussi la plus marginale, le télégonflage garantit une pression adaptée à toutes les applications. Son prix et l’absence de montage de série par les tractoristes ont limité son développement.
Michel Portier