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Pierre Picard, la fougue de la jeunesse au service d’une profession en mutation

À 33 ans, Pierre Picard, éleveur dans l’Allier vient d’être élu président de JAAura, un réseau qu’il a rejoint par envie de faire bouger les lignes, convaincu que la jeune génération porte un discours singulier dénué de considérations partisanes.

Pierre Picard est installé en Gaec, avec sa compagne et son frère à l’est de l’Allier.
Pierre Picard est installé en Gaec, avec sa compagne et son frère à l’est de l’Allier.
© S.C.

À l’est du département de l’Allier, à deux pas de la Saône-et-Loire, la famille Picard exploite depuis au moins quatre générations des terres sur la commune de Liernolles. Un territoire où l’hyper-ruralité n’est pas un vain mot. Ici, l’agriculture est encore très présente. «Elle reste un socle solide auquel continue de croire bon nombre d’acteurs du monde rural», soutient Pierre Picard. À 33 ans, il est avec son frère, Nicolas, son aîné de sept ans, la quatrième génération à embrasser le métier de paysan. Mais n’allez pas lui servir le couplet de la succession naturelle ou de l’héritage facile. «Quand nous étions gamins, avec mon frère nous allions à la ferme, nous participions aux travaux par envie et non par devoir. Nos parents ne nous ont jamais poussé, bien au contraire, ma mère me disait souvent qu’il fallait aller voir ailleurs et faire autre chose avant d’envisager de revenir sur l’exploitation».
Expérimenter avant de s’installer
Un message reçu cinq sur cinq par le jeune Pierre, qui, avouons-le en pinçait déjà pour l’agriculture, mais a multiplé les CDD «pour se frotter à pleins d’expériences». Diplômé d’un double BTS “Productions animales“ et “Technologie Végétale“, il passe par la DDT du Doubs, par Syntech Research France, une société d’essais de produits phytosanitaires basée à Mâcon, par la chambre d’agriculture de Côte d’Or, puis par CERFrance 71.
À cette époque, Pierre cumule deux emplois en devenant salarié de l’exploitation de ses parents. Il s’installe en 2013 à leurs côtés. En 2015, son frère quitte la fonction publique pour le rejoindre sur l’exploitation. En octobre 2019, au moment du départ à la retraite de son père, c’est sa compagne Lucie qui reprend le flambeau. Aujourd’hui, les trois associés et leur salarié à temps plein exploitent 284 hectares (30 ha de céréales auto-consommées et le reste en prairies temporaires et naturelles), élèvent 170 mères limousines (après avoir eu un troupeau de charolaises), conduisent six poulaillers label rouge d’Auvergne et disposent d’un poulailler de 60 m² dédié à la vente directe¹.
Comme dans beaucoup de Gaec, chacun est mobilisé sur un secteur plus particulier, «mais nous faisons en sorte d’être tous interchangeables, de manière à se ménager des temps de respiration». Des tours de garde sont planifiés durant les week-ends et pendant les vacances… Cette organisation et ce partage des responsabilités, Pierre y tient et il compte bien les déployer dans le cadre de son nouveau mandat de président de JA Auvergne-Rhône-Alpes. «L’aspect géographique de la région nous a conduit à imaginer une direction collective avec Jordan et Jérémy» (voir encadré).
Comme son prédécesseur Nicolas Merle, Pierre a plongé dans l’univers syndical à la faveur d’une formation baptisée “Acteurs Demain“. Pendant deux ans, durant les six mois d’hiver au rythme de deux jours par mois, avec d’autres jeunes, il a appréhendé à travers des formations, des visites de terrains, des rencontres… les enjeux agricoles du canton au département, de la région au pays jusqu’à l’Europe. «C’est le type de choses que je n’aurais jamais pu faire en tant que simple agriculteur. JA m’a ouvert des portes et aiguisé mes connaissances pour être en capacité de comprendre les tenants et les aboutissants qui permettent de défendre des dossiers stratégiques».
Communiquer auprès du grand public
Rentré au bureau des JA régionaux en 2018, Pierre s’est investi sur les dossiers transversaux, sur la communication et dans le groupe viande. Aujourd’hui, à l’heure de prendre un nouveau virage, le jeune homme veut tenir le cap : «JA c’est l’indépendance, la fougue de la jeunesse. On peut lancer des idées, bousculer l’ordre établi et proposer de faire un pas de côté». Sur la communication auprès du grand public, il défend ainsi la théorie de la pédagogie en lieu et place de l’affrontement stérile : «Il faut dire et redire et montrer que nous faisons des produits d’excellente qualité. Le consommateur parfois ignore tout des contraintes et des progrès technologiques accomplis. À nous de lui rappeler». L’installation et le renouvellement des générations indissociables de la bataille pour le revenu seront évidemment au cœur des revendications, tout comme la PAC. «Nous allons poursuivre les travaux engagés sur tous ces sujets, et remonter au front s’il le faut en jouant collectif. Notre réseau JA a toute légitimité pour le faire».

¹ Les associés projettent de mettre en place deux poulaillers Bourbonnais dans le cadre de la démarche AOP, et de cultiver des légumes en plein champ. L’an dernier, Lucie a expérimenté la culture de carottes.

Les nouveaux responsables régionaux JA

Président : Pierre Picard (Allier)

Secrétaire général : Jordan Magnet (Drôme)

Trésorier : Julien Rambaud (Loire)

Vice-Président installation : Clément Rivoire (Rhône)

Vice-président PAC : Jérémy Jallat (Isère) Vice-président responsable formation : François Chamot (Haute-Savoie)

Vice-président responsable viande : Julien Raveyre (Haute-Loire)

Vice-président responsable lait : Sylvain Bertrand (Ardèche)

Vice-président environnement et représentant CESER : Hugo Danancher (Ain)

Secrétaire général adjoint : Francis Flagel (Cantal)

Responsable communication : Guillaume Chassin (Rhône)

Candidats au CA de JA national : Mathieu Theron (Cantal), Justine Fusi (Haute-Savoie),

Jérémy Giroux (Rhône), Christophe Chatet (Allier).

 

 

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