Perrine Vandenbroucke : « Tout le monde peut tirer bénéfice des projets de territoire »
Circuits courts, gestion de l’eau, énergies renouvelables… De nombreux projets fleurissent aujourd’hui dans les territoires. Qui en est à l’initiative ? Pour quels bénéfices ? Le point avec Perrine Vandenbroucke, enseignante-chercheuse à l’Isara Lyon.
En quoi l’agriculture est-elle au centre des projets de territoire menés aujourd’hui ?
À la fin des années 1990 - début des années 2000, on parlait beaucoup de la multifonctionnalité de l’agriculture et des relations entre agriculteurs et habitants dans les territoires périurbains. Aujourd’hui, on parle davantage des enjeux conditionnant la transition des territoires plutôt que des enjeux liés au développement de ces territoires. La différence entre les termes « développement » et « transition », c’est la perspective nouvelle qui apparaît par rapport à un élément externe majeur du xxie siècle : le changement climatique. Ce défi de durabilité a un impact direct sur la nature des projets de territoire qui sont menés aujourd’hui, que l’on parle de projets alimentaires territoriaux ou de plans climat-air-énergie. L’agriculture est directement concernée par l’adaptation de ces territoires au changement climatique et est donc au centre de ces nouveaux projets de territoire.
Qui se trouve à l’initiative de ces projets de territoire ?
Ils émergent à l’initiative de collectifs agricoles et citoyens ou de collectivités territoriales. Certaines démarches comme les projets alimentaires territoriaux sont à l’initiative des collectivités territoriales dans le cadre d’orientations nationales mais la mise en œuvre s’appuie bien sur des projets portés par les agriculteurs, entrepreneurs et habitants de ces territoires. Prenons l’exemple de la relance d’un marché de producteurs sur une commune, projet qui peut sembler anodin, mais qui renvoie à de nombreux enjeux de redynamisation des bourgs, de liens sociaux et d’approvisionnement alimentaire de proximité dans les territoires ruraux. Relancer ce marché nécessite de mettre autour de la table des élus, des habitants et des producteurs locaux. Ce qui est en jeu, c’est l’envie et la capacité à développer des projets ensemble et c’est là que l’on remarque des différences de dynamiques collectives entre les territoires.