Paroles de femmes : un siècle de combat
Rencontre Mme Salima Saa, Secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, était en déplacement en Corrèze, vendredi 25 octobre 2024 pour échanger sur le thème des femmes en ruralité. C’est à Chameyrat au Gaec des Charraux que les agricultrices ont pu partager leurs expériences et leurs défis dans le secteur agricole.
Rencontre Mme Salima Saa, Secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, était en déplacement en Corrèze, vendredi 25 octobre 2024 pour échanger sur le thème des femmes en ruralité. C’est à Chameyrat au Gaec des Charraux que les agricultrices ont pu partager leurs expériences et leurs défis dans le secteur agricole.
La Corrèze est le département de Nouvelle-Aquitaine qui compte la plus forte proportion de femmes exploitantes ou co-exploitantes : sur 3 998 exploitations, 1 200 sont dirigées ou co-dirigées par des femmes. Chaque année, cinq nouvelles exploitantes s’installent dans le département.
Le combat des femmes en agriculture a débuté depuis longtemps. Marie-France Forest, Présidente de la commission des agricultrices de la Corrèze et Vice-présidente de la Commission nationale a rappelé les acquis syndicaux et sociaux obtenus pour les femmes en agriculture au cours du siècle dernier. Elle a souligné trois étapes marquantes :
- En 1999 : création du statut social du conjoint collaborateur.
- En 2010 : possibilité de constituer un Gaec entre époux seuls.
- En 2019 : vote d’un amendement offrant une plus grande protection au conjoint travaillant sur l’exploitation, notamment pour le congé maternité et l'accès gratuit aux services de remplacement. En 2022, 67 % des exploitantes ayant accouché ont ainsi bénéficié de ces services ou d’une indemnité de remplacement.
Marie-France Forest a également rappelé la difficulté de mener de front son engagement, sa vie de famille et son exploitation. Il est essentiel pour les femmes de pouvoir s’engager et pour cela, d’être en mesure de dégager du temps. La commission travaille actuellement sur l’articulation entre vie privée et vie professionnelle et plaide pour une augmentation du crédit d’impôt à hauteur de 80 % pour les aides à domicile.
Témoignages d’agricultrices
Anne Chambaret, membre de la commission permanente Emploi de la FNSEA, a encouragé les femmes à oser prendre des responsabilités dans les institutions où il y a de la place pour les femmes. « Il faut beaucoup d’investissement et de ténacité, savoir s’organiser pour tout gérer, et je suis très fière de mon métier et de vivre dans le milieu rural ».
Séverine Herluison, Secrétaire générale adjointe de la FDSEA et déléguée cantonale de Saint-Privat, a souligné la difficulté d'accéder aux soins en milieu rural. Trop souvent, la distance, le coût et le manque de temps limitent le suivi médical des agricultrices. Un projet avec la MSA prévoit la diffusion d'un film dans les lycées pour sensibiliser sur les conditions de vie des femmes en agriculture. La MSA propose également des formations sur la gestion d'exploitation, la santé et la sécurité au travail, ainsi que des ateliers pour l'équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, spécifiquement destinés aux agricultrices. De plus, certaines coopératives, comme la Coopérative Agricole de Corrèze, mettent en place des programmes spécifiques pour encourager l'implication des femmes dans la gestion et la direction des exploitations et leur offrent des formations adaptées à leurs besoins.
Les défis spécifiques des femmes dans l’agriculture
Camille, éleveuse de bovins avec ses parents, a évoqué les obstacles auxquels les femmes se heurtent dans un milieu encore largement dominé par les hommes : « Il faut s’imposer auprès des autres agriculteurs, des administrations, des banques, … Si vous n’êtes pas accompagnée d’un homme, c’est plus compliqué ! Souvent, on demande encore « le patron » quand une femme exploitante se présente seule. »
La Chambre d’agriculture accompagne « les jeunes talents », homme ou femme mais réclame l’aide des institutions et de l’État. Des projets comme « Femmes et Agriculture » visent à sensibiliser le grand public et les décideurs aux enjeux spécifiques rencontrés par les femmes dans le secteur agricole, tout en proposant des solutions concrètes.
Face aux difficultés d’accès aux stages pour les jeunes filles, Mme Saa a proposé la réalisation d’une étude nationale pour faire avancer les choses et chercher des solutions, comme de faire passer le message que les exploitants sont prêts à recevoir des stagiaires, peut-être dès la troisième.
Les agricultrices déplorent également que les machines agricoles ne soient pas toujours adaptées à leur morphologie. Elles appellent à une plus grande participation féminine dans les secteurs économiques et industriels liés à l’agriculture pour remédier à ce type de problèmes.
Vers une égalité accrue en agriculture
Ensemble, elles cherchent à renforcer leur place dans le secteur agricole, à trouver des outils et des ressources pour réussir, à créer un réseau de soutien, essentiel pour surmonter leurs défis spécifiques. Elles aspirent à une égalité de représentativité avec les hommes.
Un engagement à suivre…
Mme Salima Saa a exprimé sa gratitude pour ces témoignages, qui l’ont touchée en tant que femme. Elle s’est engagée à faire avancer leurs revendications et à œuvrer au sein du gouvernement pour une meilleure prise en compte des défis propres aux femmes en ruralité. « Nous devons encourager les femmes à devenir agricultrices, un métier essentiel. Pour cela, il faut prendre en compte leurs besoins spécifiques et y répondre. Je m’y engage ! » a-t-elle déclaré sur le réseau social X après sa visite.
La rencontre s’est conclue par une photo de groupe, avant que Mme Saa ne reparte, symboliquement équipée d’un tee-shirt personnalisé et de bottes pour sa prochaine visite en Corrèze.