Action syndicale
PAC : 9 000 paysans otages de la conditionnalité
Depuis la réforme de la PAC de 2003 le versement des aides est conditionné au respect d’un ensemble de textes réglementaires nationaux et européens. La lourdeur de ce nouveau dispositif suscite incompréhension et colère des agriculteurs du Puy-de-Dôme.



Jeudi dernier, près de 300 agriculteurs sont venus manifester devant la DDAF à Lempdes. Patrick Trillon, président de l’UDSEA s’est félicité de la mobilisation :
«Nous sommes tous rassemblés aujourd’hui pour défendre notre métier, il est temps de prendre nos responsabilités dans un système qui n’est plus cohérent. La conditionnalité est stressante pour les agriculteurs, il faut retrouver la vitalité et l’élan pour exercer notre métier». Il a insisté sur le sentiment de culpabilité des exploitants: «Nous sommes devenus les boucs émissaires de la société ! En 1992 ils nous ont mis une boucle au nez, aujourd’hui ils nous mettent la longe!»
De nombreux jeunes agriculteurs se sont associés au mouvement. Ils sont d’autant plus inquiets que leur avenir est en jeu. « On en a marre, il faut qu’on nous laisse tranquille ! Les contrôles sont excessifs au vu de nos pratiques. Les aides sont là pour pallier à la diminution des prix mais aujourd’hui c’est la carotte qui fait avancer l’âne ! s’exaspérait Sébastien Vidal, président de JA 63.
C’est dans le calme que les 300 manifestants se sont dispersés aux alentours de 13 heures.
Ils resteront vigilants sur l’évolution de ce dossier, notamment aux côtés de la FNSEA et des JA qui ont appelé à des actions syndicales le 25 mai prochain.
Suite à notre action, la FNSEA et les JA réagissent
Extrait du message national des Secrétaires généraux Dominique Barrau et William Villeneuve.
«De nombreux départements mènent depuis quelques semaines des actions syndicales pour dénoncer les nouvelles grilles de la conditionnalité des aides PAC. Il faut continuer de faire pression sur les instances départementales de l’administration. Les agriculteurs rejettent de nombreux points de contrôle et en particulier sur le volet bien-être animal. Alors que le ministre de l’Agriculture a répondu défavorablement à nos dernières revendications, nous demandons la remise à plat de tous les volets de ce dossier. Il est indispensable que le nouveau ministre prenne conscience de la priorité donnée à ce sujet. Nous appelons à une manifestation dans tous les départements le 25 mai 2007».
Extrait du courrier adressé au Préfet du Puy-de-Dôme et au Directeur de la DDAF (par l’Udsea et JA 63)
« Nous dénonçons les abus réglementaires et l’augmentation du nombre des contrôles depuis la mise en place de la conditionnalité des aides PAC. L’UDSEA et les JA ont déclaré la grève des contrôles depuis le 19 avril 2007. Aujourd’hui nous mettons fin à cette grève par un rassemblement de nos adhérents devant les locaux de la Direction Départementale de l’Agriculture. Nous vous présentons ici nos revendications en sept points et nous vous demandons de les faire remonter aux niveaux national et européen :
1/ Nous affirmons qu'il faut mettre un terme au principe de la conditionnalité (…)
2/ Les contraintes imposées aux exploitations agricoles ne doivent pas être source de distorsion de concurrence entre [les] pays (…)
3/ La conditionnalité ne doit pas devenir un système déguisé de réduction des indemnités européennes versées aux agriculteurs. Nous refusons la logique de "permis de produire à points"
4/ Il est inacceptable que le principe de la conditionnalité des aides jette le doute sur la compétence et le sens des responsabilités des agriculteurs. (…)
5/ Les directives européennes ne doivent pas être durcies par une législation française qui ajoute sa part spécifique de lourdeur administrative alors que rien ne l'y oblige.
6/ (…) Aujourd'hui, la réglementation ne prend pas en compte la réalité de la pratique du métier d'agriculteur. Or les agriculteurs n’ont pas attendu les directives européennes pour apprendre leur métier!
7/ Modération et respect mutuel doivent prévaloir à l'occasion des contrôles en exploitation agricole».