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Comment des maîtres exploitants rendent possibles les installations ?

Des agriculteurs ouvrent leur ferme à des jeunes - ou moins jeunes - prêts à s’installer et tenus à quelques mois de stage pour toucher du doigt la réalité du métier.

En élevage bovins viande, en maraîchage bio, en apiculture... comme dans toutes les productions, un maître exploitant favorise l’installation. 
En élevage bovins viande, en maraîchage bio, en apiculture... comme dans toutes les productions, un maître exploitant favorise l’installation. 
© R. S.-A.

David Pigeon est apiculteur à Naucelles ; Martin Chwalek, maraîcher à Vézac ; David Grange élève un troupeau salers à Arpajon-sur-Cère. Si leurs productions respectives n’ont pas grand chose à voir les unes avec les autres, en revanche un point commun les unit : ces trois agriculteurs reçoivent régulièrement chez eux un stagiaire dans le cadre de son parcours à l’installation. Ils sont maîtres exploitants agréés et, à ce titre, peuvent se prévaloir d’avoir permis l’installation aidée de bon nombre de jeunes agriculteurs ou de reconversions professionnelles. Tous témoignent d’échanges fructueux, constructifs pour le stagiaire, comme pour son formateur.

Échanges bilatéraux
“Nous sommes dans une relation humaine, basée sur la tolérance, la confiance et le respect mutuel”, témoigne David Grange. Il relève la forte motivation de ces stagiaires qui sont à la veille de s’installer. Depuis une vingtaine d’années qu’il est chef d’exploitation, il a toujours eu des jeunes en stage. Au départ, des connaissances, puis de fil en aiguille, des garçons et des filles venus de tout le département, de Chaudes-Aigues ou d’ailleurs, et même au-delà, depuis le sud du Lot. “Comme je travaille seul, c’est toujours agréable d’avoir une compagnie pour échanger avec eux et d’avoir une vision extérieure. Tout en bénéficiant de main d’œuvre, on s’enrichit aussi de leur vécu”, résume David Grange. 
“Leurs questionnements nous font aussi avancer dans notre façon de travailler”, confirme Martin Chwalek qui constate aussi cette forte motivation : “On sent qu’ils n’attendent que ça : mettre les mains dans la terre”, sourit le maraîcher. “Notre rôle, c’est de transmettre un métier et des compétences, tout en leur évitant des erreurs qu’on a pu nous-même commettre”, relève-t-il. C’est aussi leur faire toucher du doigt une réalité parfois un peu idéalisée, mais qui n’en a découragé aucun. “Au début, on travaille avec, puis lorsqu’on voit que c’est acquis, on laisse davantage de missions en autonomie sur différents postes, techniques ou sur un plan commercial”, détaille-t-il. C’est en fin de journée - et plus encore en fin de stage - que les questions fusent. David Pigeon se plaît à leur démontrer que l’on peut vivre dans le Cantal d’une production moins courante que l’élevage de bovins. “Le prérequis pour faire du miel, c’est de ne pas être allergique aux piqûres d’abeilles”, formule l’apiculteur sous forme de clin d’œil. Comme les deux autres maîtres d’exploitation, il souligne la chance de côtoyer des jeunes - ou adultes en reconversion - passionnés par le partage d’expérience. “Sans perdre sa liberté”, ajoute celui qui se satisfait de l’alternance des périodes où il accompagne et de celles où il reste seul sur son exploitation.

La récompense
Une fois les stagiaires installés, la fierté que peuvent éprouver les maîtres exploitants est légitime. Ils auront été une étape importante dans ce parcours. Souvent, des liens pérennes se créent. Chez David Grange, on n’oublie pas que durant les un à trois mois passés sur la ferme, “on partage plus que le travail ; on vit ensemble”. Les stagiaires sont en effet hébergés et nourris sous le même toit que la famille toute entière. Martin Chwalek atteste que l’accueil et la cohabitation se sont toujours bien passés. Lui qui distribue sa production localement, à la biocoop, au drive fermier, au marché d’Aurillac et aux Fermiers du Cantal (structure qu’il préside) compte sur ces nouveaux installés pour créer une dynamique encore plus forte sur les légumes de saison servis en circuits courts. Chez David Pigeon, le maître exploitant et ses anciens stagiaires devenus chefs d’exploitation à leur tour (à Lafeuillade, Parlan, Saint-Poncy, au Falgoux...), ont même créé un groupement informel qui permet d’échanger du matériel, d’obtenir des prix sur des achats groupés, de s’entraider au moment des récoltes... “Sans se marcher les uns sur les autres sur le plan commercial”, précise le producteur de miel. De belles rencontres, une expérience valorisante... Pourtant, le Cantal manque encore de ces volontaires, acteurs indispensables au renouvellement des générations. De ceux qui “font tourner la roue”, pour reprendre l’expression des maîtres exploitants. Bientôt, de nouveaux candidats à l’installation passeront chez eux.

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