Mairies : d’anciennes équipes aux commandes et de nouvelles dans les starting-blocks
D imanche 15 mars en début de soirée, le résultat tombe : avec 56,11 % des voix, la liste “Ensemble réveillons Maurs”, conduite par l’élu d’opposition Florian Morelle, recueille un score lui assurant une confortable majorité. En face, celle de l’adjoint Jean-François Cabezon, “Agissons pour l’avenir de Maurs” soutenue par le maire sortant Christian Rouzières (qui ne se représentait pas), s’incline avec 43,88 % des voix. Pourtant, deux mois plus tard, c’est toujours l’ancienne équipe qui est aux commandes. Au lendemain du scrutin, le gouvernement a interdit les réunions privant le conseil municipal d’élire un nouveau maire. Dans une interview croisée, l’ancien et le futur maire livrent leur sentiment sur la période et leur manière de travailler en bonne intelligence.
Interview croisée
D’abord, pensiez-vous que le premier tour devait se tenir ?
Christian Rouzières : “Non. Malgré les aménagements pour le respect des gestes barrières, beaucoup ont eu peur et ne sont pas venus, au détriment de la participation. Ce qui a certainement faussé le résultat. Les personnes âgées notamment n’ont pas compris qu’on leur demande d’abord de rester chez elles, puis de venir voter. Sans compter que c’était difficile pour la collectivité d’empêcher dehors des attroupements alors qu’il faisait beau et de gérer le dépouillement, un moment où les gens aiment venir et qui s’est avéré relativement tendu.”
Florian Morelle : “Avec les éléments dont on disposait, j’avais du mal à imaginer qu’il fallait décaler. On parlait de “grippette” et trois jours avant le premier tour, on serrait encore des mains. Nous étions encore dans la dynamique de campagne, lancée depuis plusieurs mois. Bref, tout semblait faisable, jusqu’à la fermeture des bars, la veille. Alors on a compris qu’on s’était mis en danger.”
Quelle réaction quand vous avez su que la désignation du maire serait reportée ?
C. R. : “Une grande confusion. Nous avions calé la date du samedi suivant pour réunir le conseil municipal, avec une salle spécialement préparée, prenant en compte la distanciation sociale et une vidéo-transmission pour permettre au public de la suivre en toute sécurité. Cette interdiction a gâché la dynamique et mis les élus, de part et d’autres, dans une situation très inconfortable.”
F. M. : “Oui, je confirme cette dynamique d’équipe stoppée nette, brutalement. Ce report est difficile à vivre, avec une installation espérée début juin mais toujours sans public, avec la frustration d’une victoire qu’on n’a pas pu célébrer, ni pu remercier ceux qui nous ont donné des ailes.”
En commun
Quels rapports entretiennent les équipes sortantes et entrantes ?
C. R. : “Ce sont ceux qui prévalent à une transition, avec des rencontres plusieurs fois par semaine avec Florian Morelle. Accompagné d’un de ses colistiers, nous les avons associés à nos réflexions sur des problématiques urgentes comme celles du marché ou de l’ouverture de l’école. Ce sont également les deux équipes qui ont pris en charge la distribution de masques à la population.”
F. M. : “Après une période de flottement nous avons su trouver nos marques et pu, grâce à Christian Rouzières, nous rapprocher du conseil en place. J’aurais aimé que cela arrive encore plus tôt : le temps qu’on a eu aurait permis de faire un tuilage plus approfondi, de prendre le temps de s’imprégner des projets en cours en associant davantage de mes colistiers, tout en véhiculant une image positive à l’heure où la situation demande de prendre de la hauteur et de se rassembler. Mais on l’a fait ! Des séquences comme celle de la distribution des masques font du bien.”
Quel est votre souhait en termes de calendrier ?
C. R. : “La situation est si inconfortable que j’espère que l’on pourra régler cette nouvelle échéance le plus rapidement possible. J’attends avec impatience le rapport que doit transmettre à ce sujet le Premier ministre. Je pense que si le déconfinement se passe bien, les maires pourront être installés d’ici la fin du mois ou dans la première quinzaine de juin. Il y aura vite besoin de trouver des solutions de soutien au commerce et des idées pour palier l’annulation des animations et certainement de la piscine”
F. M. : “Les électeurs sont en attente. Ils ne savent plus trop vers qui se tourner. “Quand prenez-vous vos fonctions ?” est une question récurrente à laquelle je n’ai pas encore de réponse. Mais déjà certains nous sollicitent. De quoi nous inciter à se projeter avec mes colistiers.”
Et demain...
Une fois cette nouvelle échéance arrivée, que ferez-vous ?
C. R. : “Je ne me représentais pas mais, après 29 ans passé au conseil municipal, je ne peux que rester à l’écoute de ma commune. Je vais cependant pouvoir consacrer davantage de temps à ma famille, à mes parents âgés notamment. Et comme je peux faire valoir mes droits à la retraite au 31 décembre, je vais avoir besoin de temps pour réussir la transmission de mon exploitation à un jeune. La fin de l’année, ainsi que 2021 y seront consacrés.”
F. M. : “L’été sera dur, à Maurs, peut-être plus qu’ailleurs. Car le moment des festivités est traditionnellement celui du retour des anciens Maursois et permet aussi à des Maursois de cœur de se retrouver. Il nous appartiendra, en fonction des conditions qui nous seront autorisées, d’imaginer des petits évènements à même de recréer du lien pour des gens en souffrance d’avoir été coupés les uns des autres et qui soient favorables à une reprise économique. En ce sens, la motivation de notre équipe demeure intacte !”