«L’installation, c’est l’affaire de tous… il faut conforter les jeunes dans leurs choix»
Laurine Rousset, présidente de Jeunes Agriculteurs de Haute-Loire, fait le point sur les installations sur le département, une des priorités du syndicat.
Pouvez-vous nous faire un point sur l’installation en Haute-Loire ?
En 2019, on a connu une baisse du nombre d’installations de moitié par rapport à 2018 (39 en 2019 contre 77 en 2018) alors que ce nombre allait croissant depuis 2015. Néanmoins, la courbe repart à la hausse cette année -fin juin on comptait déjà 38 installations- avec la nouvelle DJA (Dotation Jeune Agriculteur) qui a donné un nouvel élan.
Quant au profil des jeunes installés, on en note 3 types : le jeune “mordu“, qui dès la sortie de l’école reprend la ferme familiale, souvent en Gaec avec ses parents ou l’un d’eux, celui ou celle qui se découvre une passion pour ce métier et se reconvertit, et celui(celle) qui s’installe à la trentaine ayant réfléchi et mûri son projet, après une expérience à l’extérieur. En moyenne sur le département, on s’installe à 28-29 ans ; c’était plus tôt avant.
Les jeunes s’installent en lait majoritairement, puis en vaches allaitantes, et souvent en Gaec. Mais, en Haute-Loire, on rencontre tous les profils et toutes les productions. L’an dernier, on a eu plusieurs projets en apiculture, par exemple. L’agriculture en Haute-Loire se diversifie.
Que pensez-vous du nombre d’installation sur notre département en regard au nombre de départ en retraite ou arrêt ?
Notre objectif chez JA serait de compter une installation pour un départ. On en est loin !
On se heurte en effet à des freins, comme le montant du capital à investir ou les nombreuses contraintes du métier…
Sur ce dernier point, depuis un an et demi, on communique beaucoup pour gommer la mauvaise image véhiculée autour de l’agriculture : on ouvre nos fermes, on explique nos techniques de production, on se bat pour montrer qu’on se préoccupe du bien-être de nos animaux… Et on espère convaincre les parents de l’évolution de notre métier. On entend trop souvent des parents, dire à leurs enfants intéressés pour s’installer qu’ils auraient une autre vie, qu’ils gagneraient plus et travailleraient moins… s’ils se tournaient vers un autre secteur d’activités. Mais ce n’est pas bien de braquer les jeunes qui sont motivés et qui ont baigné dans l’agriculture depuis toujours. Au contraire, j’invite les parents à encourager leurs enfants, à les aider et les conforter dans leurs choix. L’installation, c’est l’affaire de tous…
Durant la phase de préparation à l’installation, avec le dispositif en place, selon vous, les jeunes sont-ils bien accompagnés ?
Oui. Ils ont toutes les clés nécessaires, mais c’est à eux de se prendre en mains pour aller chercher les informations, et frapper aux portes pour trouver les réponses à leurs questions. Nous, JA, proposons un service d’accompagnement de tous les jeunes, pour les orienter vers les bons interlocuteurs et répondre à toutes leurs questions, à travers le dispositif “J’Agis pour mon installation“.
Avec le 3P collectif, les jeunes en phase d’installation bénéficient d’un appui solide pour monter leur projet. ils peuvent aussi échanger avec d’autres jeunes. Ils ne sont pas seuls dans leur parcours ; toutes les organisations professionnelles du département sont aux côtés des jeunes pour les aider dans leur installation. Le plus dur, c’est après… on peut alors se sentir seul(e). Mais, là encore les OPA sont présentes avec des services post-installation, comme la Chambre d’agriculture et son suivi individuel des exploitations à travers lequel s’instaure une relation de confiance entre le technicien et le jeune.
Chez JA, on travaille actuellement sur la Charte à l’installation qui liste tous les avantages, tous les services dont peut bénéficier un jeune pour son installation.
Un conseil aux futur(e)s jeunes agriculteurs(trices) ?
Une installation, ça se réfléchit, un projet se mûrit… C’est un vrai métier, à partir duquel il faut sortir un ou plusieurs salaires pour en vivre. Il faut donc prendre le temps de la réflexion, faire des études préalables, bien préparer son dossier et construire un projet réaliste et viable, car une fois patron, on a des comptes à rendre… J’ajoute qu’il faut être bon techniquement mais aussi savoir faire les bons choix.