Commercialisation
L’innovation commerciale s’immisce en Combrailles
A la demande d’éleveurs et d’élus des Combrailles, le SMAD a mené une étude de faisabilité d’un marché au cadran. Les résultats ont été présentés en réunion publique.
L e 5 mars dernier, l’heure était à la réflexion à Saint-Gervais-d’Auvergne. De nombreux éleveurs de la zone ainsi que des élus ont émis la volonté d’installer un marché au cadran pour commercialiser des bovins. Le SMAD(1) des Combrailles a été mandaté pour réaliser une étude de faisabilité du projet. Les résultats exposés lors de la réunion publique permettent d’appréhender les marges de manœuvre possibles.
Faisabilité fragile
D’après le SMAD, 1,5 à 2 millions d’euros seront nécessaires pour la mise en place d’un marché au cadran dans les Combrailles. Une «petite somme» qui s’explique par l’absence de structures adaptées, susceptibles d’accueillir ce marché. Dès lors, l’étude révèle que la faisabilité économique est fragile du fait de cet investissement et du peu d’offres animales sur le secteur. Le SMAD émet alors l’hypothèse d’ouvrir le futur marché au cadran aux autres races et pas uniquement aux Charolaises. Malgré les difficultés de mise en place, cette nouvelle concurrence, affirme le SMAD, tirerait les prix vers le haut et redonnerait de l’oxygène à un marché local en difficulté. Le marché au cadran de Chateaumeillant, après plusieurs années de recul, va également dans ce sens. Les responsables de ce dernier ont d’ailleurs été invités à la réunion. Ce rapprochement est à l’initiative du Syndicat des Eleveurs charolais du Puy-de-Dôme qui croit beaucoup en ce futur marché.
Espoir dans le marché
Rolland Garde, porte-parole du syndicat Charolais pour ce projet explique qu’aujourd’hui une solution doit être trouvée pour augmenter les prix de vente. «Dans notre département, les coopératives ont acquis le monopole de la commercialisation. Malgré tous les bienfaits qu’elles nous apportent, elles ne travaillent pas suffisamment à la valorisation de nos animaux. Elles sont devenues de très grands groupes où les éleveurs peuvent difficilement discuter les prix. Nous sommes conscients qu’ouvrir un marché au cadran leur causera du tord mais cette concurrence tirera les prix vers le haut. C’est l’unique façon pour les éleveurs de valoriser au mieux leurs meilleurs animaux.» Le syndicat des Eleveurs Charolais du Puy-de-Dôme appuie donc fortement ce projet de marché au cadran. Cependant, les producteurs sont conscients des difficultés financières que cela impose. C’est pourquoi, ils se sont rapprochés des responsables du marché de Chateaumeillant pour tenter de mettre en place un système innovant. «Nous allons emmener des broutards au marché de Chateaumeillant dès cet été. Cette première expérience nous permettra d’être confrontés à la réalité des choses. A terme, si cette piste s’avère viable, nous espérons pouvoir mettre en place dans les Combrailles des ventes délocalisées. Nous établirons dans un lieu couvert une vidéotransmission avec la salle de vente de Chateaumeillant. Les acheteurs visionneront alors les animaux en direct. Ce système nous permettrait de réduire considérablement les frais puisque le bâtiment doit seulement être couvert et ne demande aucun aménagement particulier. A terme, il pourrait être élargi sur l’ensemble du Puy-de-Dôme.» Cette méthode n’a encore jamais été utilisée sur les bovins et pourrait donc bien voir le jour dans les Combrailles.
(1) Syndicat Mixte pour l’Aménagement et le Développement
Réactions de Christian peyronny, président de l’udsea 63
Marché au cadran des Combrailles : un projet ambitieux ou risqué ?
De 1,5 à 2 millions d’euro en fonction des scénarii, c’est le coût que devrait représenter le marché au cadran. Une localisation toujours pas fixée, un financement incertain, de 40 à 80 % de subventions, le marché est sans doute loin de voir le jour. Certes il permettrait aux éleveurs de gagner quelques centimes sur les broutards et jusqu’à 200 € en maigre sur de très bonnes bêtes mais que fait-on des plus mauvaises ?
Dans la halle de Saint-Gervais, les avis étaient partagés et ce n’est pas les 120 réponses sur les 2000 enquêtes envoyées qui vont peser lourd dans la faisabilité du projet. Les éleveurs sont-ils prêts à perdre une demi-journée sur les routes des Combrailles, à négliger des vêlages, à décaler l’affourragement en période estivale, à risquer un problème sanitaire sur leur exploitation en cas de retour d’animaux invendus ?
Je ne me permettrais pas d’influencer quiconque dans ce projet. Je souhaite simplement que les acteurs en amont et en aval du projet, se posent les bonnes questions. Aujourd’hui, les indicateurs montrent que l’élevage extensif des Combrailles est pénalisé par son manque de compétitivité. Il serait, à mon sens, plus judicieux d’aider les éleveurs en investissant dans un vrai plan bâtiment, en stand-by depuis 2 ans, plutôt que d’investir dans un marché à l’avenir bien incertain.
Des marchés au cadran sont reconnus au niveau national par France Agrimer. Il me semble qu’il serait tout aussi efficace et moins coûteux de travailler avec les acheteurs actuels afin que les cours de ces marchés soient mieux pris en compte et appliqués dans nos fermes, et deviennent une référence. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai demandé à ce que les cours du marché de Châteaumeillant soient publiés dans les colonnes du journal. Ce sera chose faite dès le mois prochain.