L'importance d'une mobilisation collective
Retour sur la journée d’échanges organisée par la FDSEA et les JA de la Corrèze ce vendredi 22 novembre chez Michel Cueille, à Hautefage en Corrèze. Éleveur avec sa femme, il gère un cheptel de 110 mères – 70 veaux de lait et 40 génisses – sur une exploitation de 130 ha. La mobilisation était au rendez-vous.
Retour sur la journée d’échanges organisée par la FDSEA et les JA de la Corrèze ce vendredi 22 novembre chez Michel Cueille, à Hautefage en Corrèze. Éleveur avec sa femme, il gère un cheptel de 110 mères – 70 veaux de lait et 40 génisses – sur une exploitation de 130 ha. La mobilisation était au rendez-vous.
C’est Emmanuel Lissajoux, Président de la FDSEA de la Corrèze, qui ouvre la rencontre, accompagné de Dominique Fayel, membre du Copa-Cogeca et syndicaliste aveyronnais engagé.
Des avancées grâce à la mobilisation
Emmanuel Lissajoux a débuté en revenant sur les manifestations récentes menées par les réseaux FNSEA et JA dans toute la France. Ces actions pacifiques ont permis d'ouvrir la communication et d'établir un dialogue avec les autorités, aboutissant à l’engagement du Premier ministre de faire voter à l’Assemblée nationale, contre le traité de libre-échange. Il a ensuite insisté sur la nécessité de maintenir la pression afin que d’autres pays européens rejoignent la France dans sa lutte contre le Mercosur. La mobilisation doit également se poursuivre pour obtenir un revenu décent pour les agriculteurs, notamment les éleveurs bovins, et faire respecter la loi EGAlim. Un travail de concert avec les politiques et les services de contrôle des fraudes pourrait aboutir à des propositions visant à améliorer cette loi en prenant mieux en compte les coûts de production.
Des mesures en faveur des jeunes agriculteurs
Bastien Cappuyns, Vice-président des JA de la Corrèze, a souligné des avancées significatives, comme l’augmentation des plafonds d'investissement pour les jeunes agriculteurs, qui passent de 100 000 à 140 000 euros. Cette mesure est d'une importance capitale pour soutenir l'installation des jeunes dans un secteur où les investissements de départ sont particulièrement élevés.
L’historique de l’accord Mercosur
Dominique Fayel a rappelé que l’accord Mercosur, signé en 2018, n’a toujours pas été ratifié. Il a exposé les défis que l’agriculture française doit affronter face à un accord qui semble particulièrement défavorable pour ce secteur. Les manifestations récentes ont permis de faire entendre la voix des agriculteurs et de sensibiliser les décideurs politiques. Fayel a rappelé que le monde a beaucoup évolué depuis les années 90. À l'époque, le commerce international était en plein essor, et la place de l’Europe était différente. Aujourd’hui, la Chine et les États-Unis protègent leur marché intérieur, et l’Europe reste en décalage, croyant encore que des accords ouverts profiteront à tous. Mais, selon lui, le Mercosur reste avant tout un accord global dont l’agriculture est la seule partie véritablement offensive. L’accord est bénéfique pour tous les autres secteurs, sauf pour l’agriculture qui reste une monnaie d’échange. Et depuis 25 ans, l’agriculture française s’oppose à cet accord.
Avancée des débats politiques
Les actions syndicales des derniers jours ont été plus déterminantes que jamais pour exercer une pression sur les politiques " dit Dominique Fayel.
La semaine dernière, lors du G20, la ratification de l’accord semblait imminente. Cependant, les manifestations ont permis de médiatiser le sujet et de contraindre les responsables politiques à prendre position. Emmanuel Macron a exprimé des propos fermes, tandis que Michel Barnier a promis qu’un débat et un vote auraient lieu à l’Assemblée nationale.
Désormais, la présidente de l'Union européenne devra trancher. Passera-t-elle outre les principes démocratiques ? Pour Dominique Fayel, les actions syndicales des derniers jours ont été plus déterminantes que jamais pour exercer une pression sur les politiques. Il estime difficilement concevable que la présidente de l'Union européenne ignore la position de la France, en tant qu'État fondateur de l'UE et première puissance agricole du continent.
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De nouvelles perspectives pour l’agriculture
Les nouveaux commissaires européens qui prendront leurs fonctions en décembre auront à affronter des défis importants. Historiquement, l’agriculture, et particulièrement l’élevage bovin, a été accusée d’être un pollueur majeur. Pourtant, cette vision n’a jamais été fondée sur des preuves scientifiques solides. Il est désormais crucial de soutenir des arguments en faveur de l’intégration des produits animaux dans un régime alimentaire équilibré et de reconnaître les efforts déjà réalisés par l’élevage pour une transition environnementale. L’élevage demeure un pilier du développement durable, de la sécurité alimentaire et de la croissance économique. L’adoption des meilleures pratiques permet au secteur de réduire son empreinte environnementale et d’améliorer son efficacité dans l’utilisation des ressources. Il est essentiel de préserver la diversité des systèmes agricoles à travers toute l’Europe. Ces idées commencent à faire leur chemin dans les esprits des députés européens, et c’est le moment de mettre la pression pour que les actes suivent. L'année prochaine, des débats vont émerger autour du budget et de la PAC.
Les enjeux de la production internationale
Si la consommation de viande baisse, c’est toutefois moins que la production, et c’est l’exportation qui compense. Le brésil exporte déjà 200 000 tonnes de viande à bas prix, échappant souvent à un contrôle rigoureux de la qualité. L’Europe, bien qu’en excédent dans certains secteurs agricoles, reste vulnérable sur d’autres, ce qui rend le Mercosur particulièrement dangereux. Le concept de souveraineté alimentaire diffère selon les pays : en France, on pense à l’autosuffisance, tandis que d’autres pays cherchent à diversifier leurs sources d’approvisionnement. La situation géopolitique actuelle, notamment les conflits en cours, a mis en évidence les limites de la production internationale. La prise de conscience européenne est réelle, mais reste encore à traduire en actes politiques.
Une présence constante sur le terrain
Daniel Couderc, Président de la Chambre d’agriculture de Corrèze, a insisté sur le rôle essentiel de la FNSEA, qui, grâce à son engagement quotidien sur le terrain, parvient à influencer les décisions politiques. Il a également rappelé l'importance de renouveler les générations en agriculture pour assurer la pérennité du secteur.
Cette journée d’échanges a été riche en discussions et en réflexions sur l’avenir de l’agriculture, tant en France qu’en Europe. Elle a mis en lumière l’importance d’une mobilisation collective pour défendre les intérêts des agriculteurs et promouvoir des politiques agricoles justes et durables.