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« L’herbe est la première culture de mon élevage ! »

Éleveur de 110 vaches charolaises, Thierry Préaud s’est converti au pâturage tournant qui lui offre des animaux plus vite engraissés et davantage de stocks pour l’hiver. La culture du méteil l’a aussi convaincu.

En 2014 après un essai de mise en place de pâturage tournant, Thierry Préaud a réellement pris conscience que l’herbe était la première culture de son exploitation de Saône-et-Loire. De là est partie toute une remise en question pour permettre à ses 110 vaches charolaises de profiter d’une herbe de qualité et d’augmenter ses stocks fourragers en évitant le gaspillage printanier. « Je cherche à avoir de la bonne herbe, sans être débordé, pour rentabiliser au mieux mon fermage », explique l’éleveur.

Aujourd’hui, le pâturage tournant compte six à huit paddocks. Il permet de mieux gérer l’herbe et de récupérer au printemps des stocks fourragers en enrubannage ou foin qui étaient perdus auparavant. Entre 150 et 250 bottes supplémentaires sont ainsi récupérées sur les paddocks débrayés dès le début et entre 50 à 100 bottes sur du nettoyage de paddocks. Les animaux grossissent aussi plus vite et il a gagné 20 kg de poids à sept mois sur les femelles non complémentées et 33 kg sur les mâles tout en diminuant la complémentation. Les femelles sont plus homogènes et plus développées grâce à une herbe plus riche en matière azotée totale. Les lots sont aussi plus dociles.

Du méteil grain pour remplacer le maïs ensilage

Dans la continuité de rechercher l’autonomie protéique et de diminuer les coûts de complémentation et de fertilisation, l’implantation de méteil grain s’est imposée comme la solution appropriée. Cette culture d’association est venue remplacer le maïs ensilage qui ne satisfaisait plus Thierry et qui posait des problèmes pour la gestion des sangliers. L’objectif est de récolter un méteil aux alentours de 15 à 16 % de MAT. De quatre hectares en 2019, l’exploitation compte maintenant 17 ha de méteil grain dont les composants principaux sont l’avoine, l’orge, le triticale, le blé, la vesce, le pois et la féverole. « J’introduis plusieurs céréales et protéagineux pour qu’ils se protègent mutuellement et pallient les aléas climatiques éventuels ». Les rendements moyens sont de 48 quintaux par hectare.

Cap Protéines dans l’Allier aussi

L’œil de l’expert :

Le pâturage tournant : on a tous à y gagner !

Amélie Bouchant, Conseillère fourrage et alimentation, Service Élevage Chambre agriculture de l’Allier apporte son regard sur le pâturage tournant :

Le pâturage tournant, c’est quoi ?
« Ce mode de pâturage consiste comme son nom l’indique à faire tourner les animaux sur différents paddocks. Ainsi, on redécoupe un ilot en 5 parcelles le plus souvent. Les animaux séjournent en moyenne 4 jours sur le paddock et passent au suivant. Le chargement instantané est assez élevé 10-12 ares /EVV (Equivalent Vache Veau). Le chargement global doit être compris entre 35 et 50 ares / EVV selon son potentiel et son chargement. L’avantage est de toujours avoir des repousses feuillues et une herbe de grande qualité. Cela permet également de gagner des ha de fauches sur l’exploitation : on nourrit davantage d’animaux avec la même surface. La principale difficulté du pâturage tournant, est l’accès à l’eau. Bien penser la découpe des parcelles est important car c’est elle qui dicte la réussite de ce mode de pâturage. Il faut donc connaître le potentiel de ses prairies, et jouer avec les atouts et les contraintes naturelles pour penser son découpage. Lâcher tôt : la réussite du pâturage tournant est également dictée par la date du lâcher. En effet, lâcher à 300 °C est primordial pour faire le premier tour de pâturage dans de bonnes conditions, avant la montée de l’épi dans la gaine, ce qui impliquerait que l’épi ne soit pas consommé. Les repousses ne seraient donc pas feuillues.

Les avantages ?

La facilité pour manipuler les animaux, la diminution du gaspillage d’herbe au printemps, la diminution de complémentation des veaux mâles, le gain de surface récoltée… sont les nombreux avantages de la méthode. De plus, les années « poussantes », une parcelle est souvent débrayée du pâturage, cela permet de gagner quelques bottes !  »

 

Les conseillers de l’unité élevage sont à votre disposition pour vous accompagner dans la mise en place du pâturage tournant.

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